Climat : est-ce l'heure de payer les pots cassés ?
Chuck Dinerstein, ACSH*
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Image : S K de Pixabay
La gestion du changement climatique reste un domaine politique national et international contesté. Qui paiera la facture des changements ? Un groupe de scientifiques a pris le parti de la morale : « D'autres agents portent une responsabilité substantielle dans le coût de la réparation des dommages climatiques : les entreprises qui s'engagent dans l'exploration, la production, le raffinage et la distribution du pétrole, du gaz et du charbon. »
Les scientifiques auteurs ont rédigé un article d'opinion dans One Earth, une revue à comité de lecture. Avant d'en venir à l'essentiel de leur argumentation, il convient de noter qu'ils ont un parti pris évident. Deux passages le montrent clairement (c'est moi qui graisse) :
« Dans le cas de l'industrie des combustibles fossiles, les réparations exigent que les entreprises renoncent à une partie de leur richesse entachée pour fournir aux sujets affectés les moyens financiers de faire face aux dommages climatiques, conformément à la demande centrale du mouvement pour la justice climatique qui veut que les entreprises de combustibles fossiles remboursent leur dette liée aux impacts.
[...]
Nous soutenons que les producteurs de combustibles fossiles ont contribué aux dommages climatiques par leurs émissions opérationnelles et de produits, qu'ils ont une histoire documentée de déni climatique et de discours et pratiques dilatoires, qu'ils ont désinformé le public et leurs actionnaires sur la science climatique et les risques entrepreneuriaux, qu'ils sont complices du ralentissement ou de l'échec de la législation climatique, et qu'ils doivent être tenus responsables des dommages climatiques en versant des réparations. »
Il s'agit d'un article de plaidoyer, il y a donc toujours un parti pris, et je me réjouis qu'il soit apparent plutôt qu'enveloppé dans une déclaration de conflit d'intérêts. Mais si les producteurs de combustibles fossiles doivent être tenus pour responsables des dommages causés au climat, ne devraient-ils pas également être récompensés pour les bienfaits que ces combustibles carboniques apportent ? Les consommateurs de ces combustibles ont-ils une part de responsabilité ? Car nous tenons bien les consommateurs pour responsables avec des taxes sur le tabac, l'alcool et le nouveau choix récréatif qu'est la marijuana.
Ce travail commence par une mise en garde : il ne s'agit que d'un point de départ qui jette les bases d'une enquête plus approfondie et d'une politique pleinement élaborée. Ils ont choisi d'ignorer plusieurs questions épineuses liées à la mise en œuvre :
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L'identification des victimes du climat ;
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Le mécanisme permettant d'exiger le paiement de réparations ;
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La gouvernance et la distribution de ces réparations ;
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« La faisabilité politique de l'approche décrite »
L'élaboration d'une politique nécessite des fondations solides ; cette analyse, à mon avis, s'appuie sur ce que les avocats appellent les « poches profondes » tout en excluant des préoccupations et des contraintes majeures – elle s'appuie, pour l'essentiel, sur des bases éthiques, qui sont intrinsèquement ambiguës.
En prenant 1988 comme date de départ [1], ils plaident pour des réparations fondées sur l'éthique du « do no harm » (ne pas nuire), en demandant des « dégorgements proportionnels à leurs émissions historiques [des entreprises de combustibles fossiles], considérés comme la mesure de leur contribution aux dommages climatiques [...] ». Ces réparations ne sont pas évaluées de manière égale ; le principe de nécessité exige que l'on prenne davantage à ceux qui ont et que l'on donne davantage à ceux qui n'ont pas. À cette fin, les riches paient leur part entière, les moins riches la moitié et les pauvres ne paient rien – le degré de richesse étant déterminé par l'endroit où les entreprises ont leur siège. Voici la répartition :
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Quelques pays se distinguent. La Russie, deuxième producteur mondial, bénéficie d'une réduction de 50 % en raison de la pauvreté du pays ; la Chine, classée sixième, bénéficie également d'une réduction de 50 %. Le fait que 56,8 % de l'énergie chinoise provienne du charbon n'entre donc pas en ligne de compte. Quelqu'un croit-il que nous accepterons cette distinction ?
« Il n'y a pas de base objective pour démêler le poids différent de ces trois groupes et, par souci de simplicité, nous proposons que les producteurs, les émetteurs et les autorités politiques aient des parts égales d'un tiers de responsabilité, et donc un quota égal de dommages climatiques de 23,2 billions [milliers de milliards] de dollars. »
Si je comprends bien, ces réparations par les producteurs seront compensées par ceux d'entre nous qui consomment de l'énergie fossile (les émetteurs) et par nos gouvernements. Cela soulève la question la plus importante : maintenant que nous avons réparti équitablement les réparations, qui va payer ? Vous connaissez la réponse : c'est nous. Le gouvernement imprime de l'argent, mais tout son financement provient des contribuables, de sorte que la contribution de l'État sera soumise aux caprices de nos codes fiscaux. Qui financera les réparations des « revenus entachés » des producteurs ? Les dirigeants ou les actionnaires, ou l'essentiel de ces réparations sera-t-il répercuté sur les émetteurs (consommateurs) ? L'industrie et les transports sont les deux plus grands consommateurs de combustibles fossiles aux États-Unis. Pouvons-nous prévoir qu'ils « absorbent » ces coûts ou qu'ils les répercutent plutôt sur l'utilisateur final, c'est-à-dire vous et moi ?
Je suis tombé sur un article de The Conversation concernant les poursuites engagées par 24 villes et États contre les grandes compagnies pétrolières. « Ne voulant pas que leurs contribuables supportent tout le poids de ces coûts, la ville et le comté ont poursuivi Sunoco LP, Exxon Mobil Corp. et d'autres grandes compagnies pétrolières en 2020. [...] L'enjeu de toutes ces affaires est de savoir qui paiera le coût faramineux du changement climatique. »
Ces affaires feront l'objet de procédures pendant un certain temps, mais après tous les délais juridiques, les appels, le charabia et la médiation, qui paiera l'addition ?
L'économie réelle veut que ce soit les actionnaires, les contribuables ou les investisseurs, mais cela ne tient pas compte du fait que toutes ces personnes, c'est vous et vous seul. En fonction du nombre de « casquettes » que vous portez – contribuable, consommateur de Big Oil, retraité et actionnaire –, c'est vous qui déterminerez en fin de compte le montant que vous paierez.
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[1] 1988 a été choisie comme étant l'année de création du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC) des Nations Unies, et « James Hansen, scientifique de la NASA, a témoigné devant le Sénat américain que le signal humain dans le changement climatique avait été détecté ».
Source : Time to pay the piper: Fossil fuel companies’ reparations for climate damages (il est temps de payer les pots cassés : les réparations pour les dommages climatiques par les entreprises de combustibles fossiles), One Earth, DOI : 10.1016/j.oneear.2023.04.012
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* Directeur de la médecine. Le Dr Charles Dinerstein, M.D., MBA, FACS, est le directeur médical de l'American Council on Science and Health. Il a plus de 25 ans d'expérience en tant que chirurgien vasculaire.
Source : Time to Pay the Piper? | American Council on Science and Health (acsh.org)
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