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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Nouvelle étude : ce que signifie une réduction de moitié du nombre d'animaux dans la pratique en Allemagne

30 Juillet 2023 Publié dans #Elevage

Nouvelle étude : ce que signifie une réduction de moitié du nombre d'animaux dans la pratique en Allemagne

 

Imke Harms, AGRARHEUTE*

 

 

© stock.adobe.com/Countrypixel

De nombreuses personnes travaillent dans l'industrie de la viande, en particulier dans les régions où la densité animale est élevée. Que se passerait-il si le nombre d'animaux était réduit de moitié ? Un projet a justement mis l'accent sur cette question. (image symbolique)

 

 

Réduire l'élevage et l'industrie de la viande, voilà ce que l'on demande politiquement. Mais que se passerait-il si le nombre d'animaux était réduit de moitié ? Une étude apporte des éclaircissements.

 

 

Au vu des défis actuels en matière de protection de la nature, du climat et des animaux, il existe des réflexions politiques visant à réglementer davantage l'élevage en particulier. En Basse-Saxe notamment, il y a des districts dans lesquels l'élevage et l'industrie de la viande représentent une part énorme de l'économie. Que se passerait-il si le nombre d'animaux diminuait de moitié chez nous, dans le nord-ouest ? Quel serait l'impact d'un bouleversement des secteurs ? Le Dr Anne Margarian et le Dr Josef Efken du Thünen-Institut für Marktanalyse à Braunschweig ainsi que le Dr Verena Beck, manager scientifique à l'Université de Vechta, ont voulu en savoir plus.

 

 

Les districts à forte densité porcine en Basse-Saxe

 

Ensemble, ils viennent de publier leur étude intitulée « Impact économique régional d'une réduction de l'élevage dans les zones de concentration ». L'abréviation du projet est « ReTiKo » [pour : « Regionalwirtschaftliche Auswirkungen einer Reduzierung der Tierhaltung in Konzentrationsgebieten »]. Le projet a été financé par le ministère fédéral de l'Alimentation et de l'Agriculture (BMEL) et a été porté par l'Institut Fédéral pour l'Agriculture et l'Alimentation (BLE).

 

La région étudiée se compose des neuf districts de Basse-Saxe et de Rhénanie-du-Nord-Westphalie présentant les densités de porcs les plus élevées d'Allemagne. Elles sont les plus élevées dans les deux arrondissements de Cloppenburg et Vechta.

 

 

Quelle est l'importance de l'élevage ?

 

Dans le cadre du projet, l'équipe s'est penchée sur plusieurs questions, notamment sur l'importance de l'élevage pour l'économie agroalimentaire régionale et pour l'environnement économique plus large et son développement. Elle a également cherché à déterminer les capacités de réaction et les stratégies d'adaptation des acteurs de l'élevage et des secteurs situés en amont et en aval. Quelles sont les impulsions de développement positives et négatives qui en découlent pour le développement économique global des régions d'élevage intensif ?

 

 

L'économie de la viande : voici comment elle influence l'évolution conjoncturelle

 

Les auteurs résument les résultats dans leur rapport final. Dans l'arrondissement de Cloppenburg, 19 pour cent de tous les salariés travaillaient dans l'industrie agroalimentaire en 2019. Dans les 16 districts, ce chiffre était de sept pour cent au total et dans les 220 « districts de comparaison » d'Allemagne de l'Ouest, il n'était que de 3,7 pour cent. Une autre particularité de Cloppenburg : ici, outre le secteur des services, l'industrie de transformation, au-delà de l'industrie agroalimentaire, est relativement peu développée. C'est également intéressant : à Vechta et Cloppenburg, les prix d'achat des terres agricoles en 2019 étaient plus de deux fois plus élevés que la moyenne de Basse-Saxe.

 

 

Que faire des personnes employées dans l'agriculture ?

 

Que se passe-t-il si le nombre d'animaux diminue ? Le projet a déterminé les liens entre les différents secteurs et leur évolution en termes d'emploi, pour ensuite simuler l'évolution possible avec et sans une réduction de moitié du nombre d'actifs dans l'agriculture. « Il n'est toutefois pas possible de prédire avec certitude l'évolution régionale », indique le rapport final. C'est pourquoi des entretiens supplémentaires ont été menés avec des experts régionaux et des parties prenantes.

 

Selon la simulation, le nombre d'employés dans un district moyen continue à croître même si l'emploi dans l'agriculture est durablement réduit de moitié, toutes choses étant égales par ailleurs. Cela s'explique par le fait que d'autres secteurs connaissent également une forte croissance dans les districts. Mais comme ces secteurs ne reçoivent plus d'impulsions positives de la croissance de l'élevage, la croissance globale de l'emploi diminue sensiblement plus que dans l'agriculture seule.

 

 

Moins de bétail – d'autres emplois ?

 

Mais il existe aussi des interactions négatives, notamment dans les régions où l'élevage est particulièrement dynamique, comme à Cloppenburg. Selon l'étude, « les conséquences d'une réduction drastique de l'élevage sont d'autant plus graves que l'on se focalise sur un point précis. Une forte réduction de l'économie de transformation entraînerait inévitablement des changements importants au cœur de la chaîne de valeur. » Dans les secteurs clés de l'élevage et de l'abattage, cela signifierait sans aucun doute une réduction du nombre d'entreprises, d'emplois et de valeur ajoutée.

 

 

Compenser la perte d'emplois

 

Cette perte toucherait de plein fouet certaines communes rurales et petites villes – donc notamment les arrondissements de Vechta et Cloppenburg. « Une réduction de l'élevage dans la région pourrait signifier la fermeture de certains de ces sites de grandes entreprises, ce qui entraînerait la perte rapide d'un nombre relativement important d'emplois dans les communes concernées. Cette perte ne pourra pas être facilement compensée localement partout », selon l'une des conclusions. Néanmoins, les auteurs estiment qu'il est possible que la croissance de l'emploi dans des secteurs et des entreprises autres que ceux de l'élevage et de la viande soit suffisamment forte pour compenser les pertes.

 

______________

 

* Source : Neue Studie: Was eine Halbierung der Tierzahlen in der Praxis bedeutet | agrarheute.com

 

Ma note : Ce rapport semble plutôt vague. Une étude similaire – mais meilleure – serait utile pour la France, particulièrement à la lumière du dernier rapport de la Cour des Comptes qui préconise de réduire le cheptel bovin afin d'entrer dans les clous de la promesse de réduction des émissions de méthane.

 

Il y a une excellente analyse générale de M. Aymeric Belaud, de l'IREF, ici.

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