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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Une étude de l'Association Allemande de Protection de la Nature (NABU) surprend : « bon protecteur de la nature, mauvais agriculteur », vraiment ?

28 Avril 2023 Publié dans #Agriculture régénératrice

Une étude de l'Association Allemande de Protection de la Nature (NABU) surprend : « bon protecteur de la nature, mauvais agriculteur », vraiment ?

 

Peter Laufmann, AGRARHEUTE*

 

 

 

© stock.adobe.com/ Kannapat

L'homme profite d'une bonne gestion du sol.

 

 

Jusqu'à présent, les fronts sont clairs : ici la bonne protection de la nature, là la méchante agriculture. Mais avec une étude, la NABU (Naturschutzbund Deutschland) se rapproche des agriculteurs. Toutes les parties devraient en profiter ! Un commentaire.

 

 

La semaine dernière, une étude de l'Association de Protection de la Nature NABU a fait la une des médias. En substance : l'agriculture régénératrice représente un triple bénéfice, pour les agriculteurs, les consommateurs et la nature. Je trouve que c'est un rapport remarquable. Voilà qu'une ONG qui critique souvent l'agriculture fait un pas vers les agriculteurs. Je trouve cela grandiose, car ce n'est qu'en l'absence de toute idéologie que l'on peut trouver des solutions qui ne laissent personne sur le carreau.

 

 

L'agriculteur est volontiers présenté comme l'homme à abattre

 

Les défenseurs de la nature et de l'environnement, et avec eux certains médias, diffusent souvent une image aussi courante que fausse : l'agriculture serait responsable de la plupart des problèmes de notre époque. Les insectes qui meurent, l'élevage intensif, les nappes phréatiques qui sont polluées – c'est la faute des agriculteurs. Il reste peu de place pour un débat sur les contraintes et les responsabilités. Seulement pour des déclarations et des slogans brefs qui tiennent en quelques lignes.

 

 

L'agriculture biologique n'est pas la seule à faire le bonheur

 

Au final, de débats complexes, de cascades et d'interactions, il reste que seule l'agriculteur biologique préserverait la création. Son mode d'exploitation serait le seul vrai. Le fait que le bio puisse également être synonyme de monoculture, que ses rendements soient plus faibles, qu'il place l'agriculteur devant de grandes tâches et qu'il rencontre finalement des consommateurs qui regardent tout de même à la dépense, passe volontiers inaperçu. Il n'y a pas d'un côté le bon agriculteur bio et de l'autre le méchant agriculteur conventionnel.

 

 

L'agriculture vit du changement

 

J'affirme que la grande majorité des agriculteurs souhaitent agir de manière responsable vis-à-vis de la nature et de l'environnement. Mais ils veulent aussi – qui peut les en blâmer – gagner leur vie. De plus, l'agriculture a toujours été un foyer d'innovation. Même le plus conservateur saisira tôt ou tard les opportunités de changement.

 

C'est là que l'agriculture régénératrice entre en jeu. Dans le milieu, elle n'a rien de nouveau. Les agriculteurs expérimentent depuis longtemps des éléments tels que les biostimulants, les façons culturales respectueuses des sols, etc. Là où cela leur permet d'économiser des produits chimiques et donc des thunes, de garantir des rendements, ils continuent à le faire.

 

 

L'agriculture régénératrice comme troisième voie

 

C'est à la fois une malédiction et une bénédiction que la notion d'agriculture régénératrice soit encore un peu floue. Il existe en effet de nombreuses variantes de l'agriculture régénératrice. Le fait que la NABU reconnaisse dans son étude les grandes opportunités qu'elle recèle devrait être un signe. Après tout, ils approuvent les agriculteurs dans leur recherche de profit. Et ils montrent même comment cela pourrait être payant : l'étude estime qu'une augmentation de 60 pour cent des bénéfices est possible. Je vois cela comme une reconnaissance du fait que l'agriculture doit aussi être rentable.

 

 

Quand l'agriculteur rencontre le protecteur de la nature

 

Il sera intéressant de voir ce qui va se passer maintenant. Les prétendus adversaires vont-ils s'asseoir ensembleà la même table ? Ou bien se retrouveront-ils à nouveau sur des positions connues malgré de telles découvertes ? Les agriculteurs et la nature seraient mieux servis si l'on privilégiait le dialogue plutôt que le conflit. Cela vaut aussi bien pour les défenseurs de la nature que pour les agriculteurs.

 

______________

 

Peter Laufmann travaille comme chef de texte à la rédaction d'AGRARHEUTE. Le rédacteur et auteur travaille depuis de nombreuses années dans le journalisme environnemental et scientifique. Son intérêt porte régulièrement sur le grand écart entre l'utilisation et la protection des ressources naturelles.

 

Source : Von wegen guter Naturschutz, böser Landwirt - NABU-Studie überrascht | agrarheute.com

 

Ma note : On trouvera ici une version anglaise du rapport établi avec le Boston Consulting Group. Extrait :

 

« Définir l'agriculture régénératrice

 

Il n'existe pas de définition de l'agriculture régénératrice qui fasse l'objet d'un large consensus, bien que l'on associe souvent ce terme à divers mots à la mode, initiatives et meilleures pratiques. [...] Toutes les définitions ont en commun l'idée que l'agriculture régénératrice n'est pas une approche unique. Il s'agit plutôt d'un parcours spécifique au contexte qui dépend, pour sa mise en œuvre spécifique, du type et de l'état du sol, de l'écosystème et du microclimat locaux, des cultures à pratiquer et d'autres facteurs – un processus qui nécessite une innovation continue au sein de l'exploitation.

 

L'agriculture régénératrice décrit une agriculture adaptative appliquant des pratiques éprouvées et fondées sur la science, axées sur la santé des sols et des cultures, visant la résilience des rendements et un impact positif sur le carbone, l'eau et la biodiversité. »

 

Et avec ça, on promet à l'agriculteur un surcroît de profit de 60 % !

 

Pour un autre point de vue sur cette étude, voir ici.

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