Nouvelle étude : l'agriculture a-t-elle besoin de plus de conseillers en gestion ?

Nouvelle étude : l'agriculture a-t-elle besoin de plus de conseillers en gestion ?

Johanna Fry, AGRARHEUTE*

© l landpixel

Les semis sous couverture protègent le sol dans le système d'agriculture régénératrice toujours verte. Le trèfle l'enrichit également en azote.

Une étude de l'Association Allemande de Protection de la Nature (NABU) et du Boston Consulting Group (BCG) appelle à davantage d'agriculture régénératrice. Un commentaire sur la recherche sous contrat et les sociétés de conseil.

Ma note : L'article d'origine est du 12 février 2023 et a été publié avant la parution de l'étude en cause.

« Jusqu'à présent, l'agriculture régénératrice n'a guère été abordée en Allemagne dans le débat agricole, politique et scientifique », affirme la NABU (Naturschutzbund Deutschland).

Une nouvelle étude devrait changer cela. Elle n'a pas encore été publiée, mais les annonces préalables ne permettent-ils pas d'attirer l'attention ? Les auteurs sont la NABU et le cabinet de conseil Boston Consulting Group (BCG).

Voilà pourquoi le Boston Consulting Group s'occupe d'agriculture

Pour comprendre : le BCG fait partie du top 3 des cabinets de conseil en entreprise actifs dans le monde entier. Il se concentre sur les stratégies d'entreprise. Il a des clients partout.

Les entreprises de la taille d'un DAX et, de plus en plus, les ministères s'offrent volontiers des honoraires de conseil pouvant atteindre 2.000 euros ou plus par jour et par consultant.

Les consultants en entreprise comme arme polyvalente

Les sociétés de conseil sont aujourd'hui des armes polyvalentes, qui maîtrisent sans peine tous les domaines thématiques. Il semble donc logique que la NABU ait choisi le BCG comme partenaire.

Le BCG sait par exemple comment réussir la transition dans le domaine des transports. Il sait où se situe le besoin de réforme dans le secteur allemand de la santé. Et il sait comment l'Autorité Fédérale de Surveillance des Services Financiers (BaFin) doit être réorganisée après le scandale Wirecard. Mais à ma connaissance, aucun conseiller en entreprise n'a encore calculé si toute cette expertise vaut ses honoraires.

La durabilité plutôt que la réduction des effectifs comme nouveau modèle d'entreprise

Il faut bien l'avouer : la collaboration avec les ONG n'est pas nouvelle. En collaboration avec la NABU, « Wirtschaften im Einklang der Natur » (cultiver en harminie avec la nature) a été publié en 2020 sur le thème de la biodiversité, et une étude sur l'agriculture durable a été réalisée en collaboration avec le WWF.

Cela montre que les sociétés de conseil en entreprise conquièrent de nouveaux domaines. Au lieu de réduire les effectifs ou d'informatiser, on peut aujourd'hui gagner beaucoup d'argent avec la durabilité et la décarbonation. Tous les secteurs veulent désormais devenir plus durables. Il n'est donc pas étonnant que les sociétés de conseil en gestion veuillent elles aussi leur part du gâteau.

Ce que dit la nouvelle étude sur l'agriculture régénératrice

C'est pourquoi les consultants ont désormais découvert l'agriculture régénératrice. Et en plus, ils savent comment convaincre les agriculteurs allemands de passer à l'agriculture régénératrice.

Divulgâcheur de l'aperçu de l'étude : les agriculteurs doivent tout simplement être « activés » par la politique et les autorités, la science et les ONG ainsi que par l'industrie alimentaire et le commerce de détail. Une fois cela fait, les 60 % d'augmentation des bénéfices calculés, notamment grâce aux économies d'intrants, viendront d'eux-mêmes.

Aucun agronome ne peut rivaliser avec de telles découvertes révolutionnaires. Et si les praticiens ne savaient pas encore que l'agriculture régénératrice est bonne pour la vie du sol et la formation d'humus, ils peuvent le lire dans l'étude qui sera publiée mi-février.

Les agriculteurs pratiquent depuis longtemps l'agriculture régénératrice

Ce qui reste, c'est un goût d'inachevé. L'agriculture régénératrice n'a rien de nouveau ni d'inconnu. En Allemagne, il existe des dizaines d'universités, de hautes écoles, de stations régionales, de centres de recherche publics. Il existe des associations de culture privées, des cercles de conseil et de nombreux praticiens engagés qui s'occupent sérieusement de ce thème depuis longtemps. Ici, les pratiques régénératrices sont depuis longtemps un sujet important, même si cela n'est malheureusement pas souvent perçu en dehors du secteur agricole.

De nombreux agriculteurs organisent en parallèle de leur activité des journées sur le terrain et partagent leurs expériences avec leurs collègues sur les réseaux sociaux. Ils expérimentent le non-labour, les semis sous couverture, la constitution d'humus, les rotations culturales diversifiées et les systèmes agroforestiers. Beaucoup de choses sont plutôt improvisées, mais tout cela fait avancer le secteur. L'avenir est à une agriculture plus régénératrice. Espérons que l'agriculture en tant que domaine lucratif pour les sociétés de conseil ne le soit pas.

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* Johanna Fry travaille chez AGRARHEUTE comme bénévole dans le domaine de la production végétale.

Source : Neue Studie: Braucht die Landwirtschaft mehr Unternehmensberater? | agrarheute.com

Ma note : On trouvera ici une version anglaise du rapport établi avec le Boston Consulting Group. Extrait :

« Définir l'agriculture régénératrice

Il n'existe pas de définition de l'agriculture régénératrice qui fasse l'objet d'un large consensus, bien que l'on associe souvent ce terme à divers mots à la mode, initiatives et meilleures pratiques. [...] Toutes les définitions ont en commun l'idée que l'agriculture régénératrice n'est pas une approche unique. Il s'agit plutôt d'un parcours spécifique au contexte qui dépend, pour sa mise en œuvre spécifique, du type et de l'état du sol, de l'écosystème et du microclimat locaux, des cultures à pratiquer et d'autres facteurs – un processus qui nécessite une innovation continue au sein de l'exploitation.

L'agriculture régénératrice décrit une agriculture adaptative appliquant des pratiques éprouvées et fondées sur la science, axées sur la santé des sols et des cultures, visant la résilience des rendements et un impact positif sur le carbone, l'eau et la biodiversité. »

Et avec ça, on promet à l'agriculteur un surcroît de profit de 60 % !

Pour un autre point de vue sur cette étude, voir ici.