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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La science des ONG : dans la tête d'un éco-guerrier sectaire

25 Avril 2023 Publié dans #Activisme, #OGM, #NBT, #Allemagne

La science des ONG : dans la tête d'un éco-guerrier sectaire

 

David Zaruk (Risk-monger)*

 

 

 

 

Un document interne de la communauté allemande des ONG anti-biotechnologies a récemment fuité et trouvé son chemin jusqu'au sous-sol poussiéreux du Risk-monger. Comme il montre que ces groupes militants reconnaissent à quel point les preuves factuelles ont mis à mal leur campagne de peur qui dure depuis 30 ans et à quel point leur opinion est basse s'agissant de la capacité intellectuelle des citoyens qu'ils ont effrayés pendant tout ce temps, j'ai pensé qu'il méritait d'être publié (avec une traduction en [français sur ce blog]). La source qui m'a communiqué ce document est au courant de cette décision.

 

 

Les faits et la science ne soutiennent pas les campagnes des ONG contre les nouvelles techniques de sélection génomique des plantes. C'est un fait largement admis aujourd'hui et, comme les militants anti-OGM allemands ont reconnu qu'ils étaient en train de perdre le débat sur le génie génétique et qu'ils ne pouvaient pas rivaliser avec les réalités scientifiques évidentes de l'édition de gènes, ils ont produit un document de stratégie qui plante le décor pour recadrer le récit des militants. Plutôt que d'accepter les réalités factuelles et de mettre fin à leurs campagnes destructrices et totalement inutiles qui durent depuis trois décennies contre le développement d'une agriculture meilleure et plus durable, le document propose un réalignement de la stratégie avec des pistes sur la manière dont les ONG anti-biotechnologies tenteront de reprendre le dessus.

 

 

 

 

Le Risk-monger a décidé de publier le document original en allemand et sa traduction en anglais, car il donne un aperçu de la façon de penser de certains des éco-guerriers les plus extrémistes. Ils ne mènent pas de campagnes pour rendre le monde meilleur. Ils ne mènent pas de campagnes basées sur les meilleurs faits et recherches scientifiques disponibles. Ils mènent des campagnes pour gagner et comme ils ont admis qu'ils n'ont pas gagné, il est intéressant de voir leur stratégie finale sur la façon dont ils sont prêts à se battre. Le document montre comment ils prévoient d'utiliser des arguments auxquels ils ne croient pas, comment ils pensent que leur public n'est pas très intelligent et comment le public croira tout ce que ces activistes leur diront.

 

Le Risk-monger a reçu ce document le jour où des ONG allemandes célébraient publiquement à Berlin et à Munich la fermeture des trois derniers réacteurs nucléaires allemands. Une décision qui a conduit jusqu'à un tiers des citoyens allemands à souffrir de pauvreté énergétique, et à une augmentation massive de la production d'électricité à partir de charbon... avec des permis d'exploitation de centrales à charbon prolongés dans un avenir prévisible (avec les conséquences écologiques et de santé publique que cela implique). Mais les militants ont gagné, et gagner est tout ce qui compte pour ces élites cosmopolites vertes.

 

Les activistes verts allemands sont les plus extrêmes, les plus militants et, franchement, les plus stupides de toutes les ONG environnementales européennes (et ce n'est pas peu dire quand on voit ce qui s'est passé avec les attaques contre les bassines d'irrigation des agriculteurs à Sainte-Soline, en France). Avec des racines culturelles et historiques remontant à Steiner et Hitler, les Verts allemands se sont révélés extrêmement intolérants, intransigeants et antidémocratiques. Pendant trop longtemps, ils ont été politiquement tolérés et leur idéologie déséquilibrée a été romantisée. Il y a quelques années, j'avais comparé les Verts allemands à une secte fasciste et les choses n'ont fait qu'empirer depuis.

 

Le document de stratégie interne aurait été distribué en janvier 2023 à la suite d'une réunion à laquelle ont participé différentes ONG allemandes de lutte contre le génie génétique, dont le groupe de défense des abeilles Aurelia Stiftung et la chaîne de magasins d'alimentation biologique Bioland. De nombreux arguments et phrases reprennent des articles du site web de la fondation Aurelia. Il semble qu'il manque une page au document original qui a été imprimé puis scanné. Les citations du document interne sont tirées [de l'original allemand], et présentées ci-après en retrait et en italiques, et mes commentaires figurent dans le texte en romains.

 

 

OK, nous avons perdu. Et maintenant ?

 

Le document interne des ONG commence par un aveu de défaite. L'argument pro-science et le positionnement de l'édition génétique des plantes comme solution aux problèmes climatiques ont détruit la capacité des militants anti-OGM à avoir un impact. Ils ont admis qu'ils ne pouvaient pas poursuivre la stratégie de campagne actuelle.

 

« Les organisations et les actions individuelles contre le génie génétique ne peuvent pas acquérir l'autorité et le poids qui seraient nécessaires pour briser les récits et les arguments malheureusement très réussis des partisans des OGM. Des arguments et des récits accrocheurs tels que :

 

  • La Leopoldina sont derrière nous / Nous sommes la science / Suivez la science !

  • Les opposants au génie génétique sont des ennemis ésotériques de la science.

  • La sélection conventionnelle par mutation à l'aide de la chimie et de la radioactivité est comme un coup de chevrotines sur le génome et est beaucoup plus risquée que la sélection ciblée à l'aide de ciseaux génétiques.

  • Nous avons maintenant besoin de l'édition de gènes pour adapter l'agriculture au climat.

  • Le génie génétique permet d'économiser d'énormes quantités de CO2. Etc.

 

ne permettent pas aux actions individuelles des ONG contre le génie génétique de mettre fin à ces arguments dans le délai relativement court dont nous disposons. Même si elles se déroulent en parallèle. Cela fait des années que nous essayons de le faire sans grand succès et, au contraire, nous sommes de plus en plus mis sur la défensive. »

 

Si la science et les faits sont contre vous et que personne n'écoute ou ne soutient vos arguments, il est fort probable que votre position était tout simplement erronée. Mais les ONG anti-biotech sont une secte dogmatique, et les faits et la réalité ne sont donc pas les éléments les plus importants qui influencent leur système de croyance. Elles semblent comprendre que la science de l'édition génétique est solide, qu'elle présente d'énormes avantages et que les décideurs politiques s'apprêtent à l'approuver, mais ces militants ne comprennent pas pourquoi ils devraient l'accepter. En tant que fanatiques, ils veulent gagner à tout prix, si bien qu'ils n'envisagent même pas de faire leurs valises, d'admettre leur défaite et de faire quelque chose d'utile de leur temps.

 

 

Les éco-religieux créationnistes

 

Le point de vue de ces guerriers de la secte anti-biotech pourrait être comparé à celui des créationnistes chrétiens obstinés qui luttent contre la science de l'évolution. Ils voient les faits, ils comprennent les avantages de la science, mais ils ne veulent pas accepter que la Bible puisse se tromper. Les créationnistes se sont battus avec acharnement pendant des siècles pour trouver de minuscules pépites de doute dans la théorie de l'évolution et ont fait preuve d'une grande créativité pour trouver des justifications de type scientifique en étirant les interprétations des Écritures. Comme les tenants de la terre plate avant eux, ces fondamentalistes ne savent tout simplement pas comment s'arrêter.

 

Dans le cas des cultes écologiques allemands, on peut remplacer l'existence d'une source biblique par l'exigence que toutes les solutions agricoles proviennent de la nature. Cette Église de la Nature se décline en différentes branches, de la biodynamie à l'agro-écologie, mais elle prône largement le retour de l'humanité à un monde plus médiéval (production agraire appauvrie).

 

Les militants anti-biotechnologies reconnaissent que leur position actuelle ne fonctionne pas, c'est pourquoi ce document de stratégie interne cherche une nouvelle voie pour leurs actions politiques.

 

« Pour une véritable attaque libératrice, nous avons besoin d'un nouveau récit qui ne puisse pas être entraîné sur la pente glissante des arguments scientifiques (risques) et que même les acteurs prudemment pro-OGM puissent approuver. Avec des arguments essentiellement scientifiques, nous ne pouvons que perdre car nous n'avons rien d'adéquat pour contrer l'argument du "suivez la science/l'autorité de la Leopoldina" et parce que les personnes que nous voulons réellement atteindre se désengagent des débats sur le génie génétique lorsqu'ils deviennent trop compliqués pour elles. (Même s'ils rejettent le génie génétique dans leur propre assiette.) »

 

Ces militants admettent-ils que leurs partisans ne sont pas vraiment très intelligents ? Ne soyez pas trop scientifiques, s'il vous plaît – c'est trop « compliqué » pour nos adeptes. Pour en revenir à la stratégie créationniste, si nous faisons des blagues sur l'évolution de l'homme à partir du singe, ces simplets continueront de se prosterner et de déposer quelques pièces dans le panier de collecte. Si les éco-religieux créationnistes détournent l'attention de la science et font grimper l'aiguille de l'anxiomètre, personne au sein de cette congrégation réduite ne le remarquera (ce ne sont pas des agriculteurs ou des scientifiques et, s'ils sont suffisamment effrayés, ils continueront volontiers à payer plus cher leur pain quotidien au magasin de produits biologiques).

 

Les activistes estiment qu'ils ne doivent pas parler de faits, de recherche ou de science – ils ne peuvent pas gagner sur ce terrain. Ils estiment qu'ils doivent créer un nouveau récit émotionnel, sans faits, contre la biotechnologie. Mais il ne s'agit pas d'une nouvelle stratégie de campagne militante (le terme allemand : « Befreiungsschlag » signifie littéralement « attaque libératrice » ou « coup d'État »). La plupart des campagnes de défense de l'environnement ont évolué au cours des dernières décennies pour devenir des campagnes émotionnelles, anti-entreprises, anti-sciences et anti-innovation, à une époque où les sociétés sont devenues plus dépendantes de la technologie.

 

Il est temps de s'inspirer des meilleurs.

 

« Notre attaque libératrice doit être forte et faire scandale pour être audible – tout en évitant la polarisation et en créant une proximité avec notre groupe cible. Est-ce possible ? Oui ! Car c'est exactement ce qu'a réussi à faire le mouvement pour le climat. Nous devrions en tirer des leçons. Les Fridays for Future sont bruyants et scandalisent, mais évitent une forte polarisation. Les gouvernants n'ont pas été érigés en ennemis, mais ont continuellement la possibilité d'intervenir, d'agir, de faire leurs preuves et de se ranger du côté des "bons". Mais surtout, le mouvement climatique s'adresse aux émotions et aux valeurs, créant ainsi de la proximité et de l'humanité. Cela fait mouche ! Les termes scientifiques génèrent (malheureusement) des bâillements et les risques potentiels liés au génie génétique semblent encore plus abstraits que le changement climatique. »

 

Les « bons » veulent donc scandaler. Seuls les fanatiques se lèvent le matin en pensant que ce qu'ils vont faire au cours de la journée est une bataille du bien contre le mal. Lorsque vous pensez être les « bons » et que ceux que vous combattez sont le mal, comment pourrez-vous faire des compromis pour que les décideurs politiques parviennent à un consensus raisonnable ? C'est une question piège. Ces fanatiques dogmatiques ne font jamais de compromis et n'abandonnent jamais. Pourtant, d'une manière ou d'une autre, ils continuent à recevoir des fonds du gouvernement allemand pour influencer le débat public.

 

Mais ces groupes doivent-ils se comparer au mouvement des « Fridays for Future », des « grèves pour le climat » ? Cela signifie-t-il que les groupes anti-OGM vont commencer à essayer d'enrôler des enfants pour pleurer dans les rues ? Je ne suis pas sûr que ce stratagème puisse marcher deux fois ; et maintenant l'image d'une Claire Robinson traînant devant les collèges à la recherche d'opportunités me fait froid dans le dos.

 

Plutôt que les « Fridays for Future », je pense que ces stratèges, avec leur ambition de devenir extrêmement scandaleux, pensaient plutôt à devenir la prochaine Extinction Rebellion. Ce feu de paille, aujourd'hui disparu, était en effet scandaleux, mais je doute que l'on puisse dire qu'ils évitaient la polarisation. Ils l'ont recherchée et ont essayé de glorifier la bataille du « nous contre eux » pour sauver la planète.

 

Cette nouvelle stratégie de campagne anti-biotechnologie impliquerait d'intensifier la désobéissance civile. Désolé, mais les militants anti-OGM se sont fait remarquer en pénétrant dans des champs d'essai et en les détruisant (souvent dans des champs où il n'y a pas de semences GM). Comment pourraient-ils devenir encore plus scandaleux tout en gardant de bonnes relations avec le pouvoir ?

 

Le rapport interne a ensuite porté sur la manière d'être plus efficace en tant que collectif d'ONG par le biais de sites web tiers en ligne.

 

« Cette plate-forme web "neutre" ne doit pas être très étendue. Au contraire, elle doit se concentrer sur notre plus petit dénominateur commun. Elle doit en outre attaquer et contrecarrer activement le discours de la partie adverse sur les "opposants au génie génétique". Nous ne sommes pas "contre le génie génétique", nous sommes pour la liberté de choix. (Moi-même, par exemple, je me suis fait vacciner à l'aide du génie génétique). Être "pour" ou "contre" le génie génétique, c'est le schéma des partisans du génie génétique. Nous ne devons pas l'adopter. »

 

Fallait-il vraiment mettre le mot « neutre » entre guillemets ? Cela indique qu'ils font seulement semblant de créer un site web « neutre » pour essayer de tromper les gens et qu'en réalité, ils ne croient pas un instant à cette position de terrain d'entente qu'ils communiquent. Où est leur intégrité ? Où est leur engagement à fournir des informations fiables à leurs partisans ? Ils font preuve d'un pur mépris à l'égard de l'intellect de ceux qu'ils essaient d'enrôler : vendons-leur simplement ce « plus petit dénominateur commun », ce bla-bla-bla !

 

Le document identifie différentes techniques web qu'ils doivent exploiter pour faire croire que leurs organisations et leurs mouvements sont en réalité plus importants que trois personnes dans une pièce avec un ordinateur portable. Nombre de ces techniques sont déjà utilisées par la Fondation Aurélia, comme l'appel à l'action « Save the Bees », « Sauvez les abeilles », lancé par une tierce partie.

 

 

Les combattants de la liberté

 

Mais le changement le plus important dans la stratégie des ONG est leur volonté de montrer que leur lutte contre les biotechnologies est en fait une lutte pour votre liberté.

 

« Nous exigeons ni plus ni moins que le respect du droit des citoyens à l'autodétermination. Et ils ne veulent pas de génie génétique. Surtout pas sans avoir été testé. Point.

 

C'est pourquoi nous disons : si le génie génétique doit être utilisé, il doit être soumis à des tests de risque. Tout comme les vaccins. Le génie génétique non testé ne doit pas être introduit clandestinement dans les champs et les assiettes. »

 

Il ne s'agit donc pas de faits ou d'avantages. Il ne s'agit pas non plus de risques pour l'environnement ou la santé publique. Le nouvel Anti-Biotech 2.0, c'est vous, le peuple, et votre droit à la liberté ! Hmm !

 

C'est un peu déroutant et cela indique que ces groupes n'ont pas encore tout à fait trouvé leur stratégie. « Nous ne sommes pas contre le génie génétique » (certains de mes meilleurs amis sont des ingénieurs généticiens !!!), mais nos partisans n'en veulent pas. Mais les activistes n'ont-ils pas préparé ces gens à faire ce qu'ils leur disent de faire ?

 

Jusqu'à présent, tous les OGM demandant l'autorisation de l'UE ont fait l'objet d'un « test de risque » et ont satisfait aux exigences réglementaires les plus strictes de l'EFSA en matière d'évaluation des risques, mais ces ONG militantes se sont tout de même battues bec et ongles pour refuser l'autorisation. Il ne s'agit donc pas de génie génétique non testé. Le principal problème de ces groupes est que certains aliments génétiquement modifiés pourraient ne pas être testés parce qu'il n'y a pas de différence entre une plante « naturelle » et une plante dont quelques gènes ont été modifiés pour réduire la vulnérabilité au mildiou ou aux ravageurs (sans qu'il soit nécessaire d'utiliser des pesticides). Cette crainte mystique s'apparente aux débats des créationnistes sur le rôle des anges : ce n'est pas parce qu'on ne les voit pas qu'ils n'existent pas.

 

À l'instar de l'argument créationniste selon lequel il doit y avoir une cause première, ces militants peuvent désormais admettre que la science de l'édition génétique est solide et qu'elle présente des avantages, mais ils ne se sentent toujours pas obligés d'y croire ou d'accepter la technologie. « Nous sommes libres de rejeter l'édition de gènes et si vous essayez de poursuivre votre recherche et votre développement, vous violez mon droit à l'autodétermination ! » Pour ne pas violer les droits de ces militants, il faut donc interdire l'utilisation de toutes les technologies d'édition de gènes. Je suppose que la liberté des agriculteurs d'avoir de meilleures semences et des rendements plus durables ou la liberté des consommateurs d'avoir une sécurité alimentaire abordable n'entrent pas en ligne de compte dans cette nouvelle lutte pour la liberté des activistes.

 

J'ai souvent vu cette phrase : « Nous ne voulons pas de cette technologie, alors interdisez-la maintenant ! », et je me suis souvent demandé qui était ce « Nous » (à part trois personnes dans une pièce avec un ordinateur portable). 400.000 signatures sur une pétition pour des abeilles sans biotechnologies, ce n'est pas un quorum démocratique. Et comment « le peuple » est-il interrogé ? Si je sortais dans la rue avec mon calepin et demandais à ces « plus petits dénominateurs communs » s'ils aimeraient manger des poisons non réglementés que des entreprises malveillantes nous imposent en secret, j'obtiendrais les réponses que je souhaite. Si j'avais le temps d'expliquer aux gens le processus d'édition génétique, ses avantages et sa sécurité, j'obtiendrais probablement des résultats plus éclairés.

 

Mais les activistes ne cherchent pas à savoir ce que les gens veulent vraiment ; ils n'ont que du mépris pour tous ceux qui ne sont pas d'accord avec eux. Quoi qu'il en soit, la plupart des gens se battent pour payer le loyer et garder la lumière allumée et ont vraiment des craintes plus importantes à gérer que celles que leur imposent certaines élites privilégiées autoproclamées. Mais peut-être y prêteront-ils attention si on leur retire leur liberté.

 

 

Le droit d'être stupide

 

La tâche principale de ces ONG anti-biotech est maintenant de recadrer le récit en plaçant la liberté au centre.

 

« Un récit, pas seulement des "slogans" : développer un texte complet avec les décideurs/victimes/méchants/héroïnes (dans un petit groupe de travail). Laissez toujours résonner le texte de manière subliminale : les nouvelles techniques génomiques sont aussi du génie génétique ! Compiler les récits des héros à partir de cela (également pour les victimes : responsabilisation !). »

 

Quelle idée originale ! J'imagine un groupe de militants anti-OGM purs et durs assis autour d'une table, savourant leur café au lait bio sans produits laitiers, lorsque l'un d'entre eux prend la parole : « Vous savez quoi ? Peut-être devrions-nous sortir et trouver des victimes ». Je suis sûr qu'aucun militant d'une ONG n'a jamais eu cette idée auparavant. Il doit bien y avoir des victimes de CRISPR. Et dites-moi : qui sont les méchants ? Les scientifiques ? Les agriculteurs ? L'industrie ? La stupidité juvénile de ces éco-guerriers et leur mépris pour l'intelligence de leur public sont incroyables.

 

La partie la plus drôle de ce paragraphe ridicule est cependant leur affirmation : « Laissez toujours résonner le texte de manière subliminale : les nouvelles techniques génomiques sont aussi du génie génétique ! » Dites, « ...de manière subliminale » ? Vous pensez bien ! « OGM 2.0 » est le seul message que les activistes anti-science ont communiqué sur les technologies d'édition génétique et ils l'ont diffusé continuellement jusqu'à ce qu'ils eurent effrayé les fonctionnaires de la Commission Européenne, les immobilisant pendant neuf ans jusqu'à ce que la Cour de Justice de l'Union Européenne fût obligée de prendre une décision non informée. Les éco-guerriers très chargés émotionnellement sont incapables d'être subliminaux.

 

Le document stratégique interne a ensuite dressé une longue liste de moyens de recadrer le récit que la plupart des ONG font déjà (promouvoir l'« écologisation » de l'agriculture comme seul moyen d'atténuer les menaces climatiques, montrer comment l'industrie doit être exclue des développements agricoles, lier toutes la création variétale à l'agriculture industrielle intensive et, bien sûr, renforcer le principe de précaution...). Ils insistent sur le fait que l'accent doit être mis sur la liberté des consommateurs, la liberté vis-à-vis des poisons et de l'industrie et la liberté de savoir ce qu'il y a dans nos assiettes.

 

 

Dans le jardin de personne

 

Qui devrait décider de ces droits à l'autodétermination ? Les « bons » ou les entreprises qui dictent leur loi ?

 

« La question de savoir si, à l'avenir aussi, nous pourrons décider nous-mêmes de ce que nous mangeons et de la manière dont nous sélectionnons, cultivons ou conservons et mangeons les plantes et les animaux, ou si des entreprises comme BAYER-Monsanto dicteront ce qui se trouve dans nos champs et dans nos assiettes, sera tranchée par les gens sur le terrain : par leur travail quotidien dans des exploitations agricoles sans OGM, biologiques ou conventionnelles, par l'achat de produits appropriés et par l'engagement de la société civile. »

 

Mais cette liberté existe déjà. Les consommateurs sont libres de choisir le non-OGM. Les agriculteurs sont libres de cultiver des produits biologiques. Le label biologique (aujourd'hui rebaptisé par euphémisme « cultivé écologiquement ») laisse les consommateurs libres de faire ce choix. Lorsque j'achète du maïs en boîte en France, certaines étiquettes portent la mention « sans OGM » (même si je sais que toutes les conserves de maïs en France sont sans OGM). Les commerçants ont toujours eu cette possibilité et ils ont profité de manière trompeuse des craintes suscitées par les militants. Où est la perte de liberté ?

 

Ce que veulent ces militants, c'est empêcher les agriculteurs d'utiliser de meilleures technologies. Ils ne veulent pas s'assurer que leurs consommateurs ont le libre choix ; ils veulent retirer le libre choix à ceux qui font confiance aux scientifiques et aux régulateurs alimentaires. Ils veulent supprimer toute possibilité pour les agriculteurs de produire des aliments de manière plus durable.

 

C'est un bon exemple de l'attitude fasciste des militants écologistes. Le principe « Pas dans mon assiette » n'est possible que s'ils peuvent modifier les réglementations pour s'assurer que ce n'est dans l'assiette de personne. Si j'ai peur des aliments issus de l'amélioration des plantes, qui suis-je pour obliger les autres à se conformer à mes exigences ? Si j'ai peur d'un risque minime lié à la présence de faibles résidus de pesticides dans les aliments, de quel droit puis-je empêcher les agriculteurs de protéger leurs cultures et obliger les autres à payer leurs fruits et légumes frais beaucoup plus cher ? Si j'ai peur que des tsunamis de dix mètres de haut frappent une centrale nucléaire dans les environs de Munich, qui m'a donné le pouvoir d'ignorer la réalité et d'obliger les personnes à faible revenu à souffrir dans des maisons froides et sans lumière ? Et maintenant, alors qu'ils admettent que les faits les déçoivent, ces fondamentalistes dogmatiques veulent me dire qu'ils se battent pour ma liberté !

 

Et nos gouvernements boiteux et sans leadership ont choisi la voie de la lâcheté, ont omis de défendre les meilleures données scientifiques disponibles et se sont rangés du côté des « gentils » en déclarant qu'il fallait prendre des précautions. Ils ont décidé d'appeler cette absurdité totale : « Farm2Fork ».

 

 

Pourquoi n'ont-ils pas simplement admis leur défaite ?

 

Il y a dix ans, alors que les nouvelles technologies d'amélioration des plantes présentaient des avantages prometteurs pour l'agriculture et la sécurité alimentaire mondiale, le lobby de l'alimentation biologique a mené un vrai débat, sérieux, sur la question de savoir si ces innovations en matière de semences pouvaient relever de la classification « biologique » (puisqu'il n'y avait pas d'interventions synthétiques ou transgéniques). Les factions militantes comme Testbiotech et Corporate Europe Observatory l'ont emporté, et la stratégie non scientifique des OGM 2.0 est devenue la position officielle du lobby de la filière alimentaire biologique. Il s'agit d'une décision brutalement stupide qui a gravement menotté les agriculteurs biologiques et qui a maintenant marginalisé les militants anti-biotechnologies.

 

Ces activistes savent que les données scientifiques vont à l'encontre de leur position (ils l'ont admis ici). Ces activistes savent que leurs campagnes portent atteinte aux moyens de subsistance des agriculteurs. Ils savent qu'ils menacent la sécurité alimentaire dans les pays en développement où des instituts de recherche locaux ont utilisé l'édition de gènes pour éradiquer certaines menaces importantes. Alors pourquoi n'ont-ils pas simplement admis leur défaite, plié bagage et envisagé de faire quelque chose de positif pour l'humanité ? Qui les pousse à continuer à enfourcher ce cheval mort ?

 

Suivez l'argent !

 

Les seules personnes qui penseraient qu'il est raisonnable de poursuivre cette campagne seraient celles qui profitent de ces décisions imposées, c'est-à-dire le lobby de la filière de l'alimentation biologique. C'est peut-être pour cette raison que la chaîne de magasins d'alimentation biologique, Bioland, était présente à cette réunion stratégique (il fallait bien que quelqu'un paie la note). Tant que les gens auront peur des technologies alimentaires, les distributeurs de produits biologiques continueront à accroître leurs marchés. Tant que ces technologies génomiques peu coûteuses seront associées aux grandes entreprises, les gens se rebelleront et exigeront des aliments plus « écologiques ». Tant que des groupes comme Bioland continueront à faire des chèques, ces éco-guerriers usés et vaincus continueront à se lever le matin et à essayer d'embrouiller le public avec des émotions qui remettent en question les faits évidents. Je suppose que c'est ce que font les « bons ».

 

Il est peut-être temps que ces luddites admettent qu'ils ont eu tort, que la science ne soutient pas leur dogme fanatique et qu'il est temps pour eux de se taire et de s'asseoir. Il est peut-être temps que les décideurs politiques commencent à traiter les opposants aux biotechnologies de la même manière qu'ils traitent les créationnistes religieux : soyez polis, mais ne leur donnez pas de micro. Ils n'apportent rien à l'avenir de l'agriculture. Il est peut-être temps de mettre un terme à ce débat incroyablement stupide afin que nous puissions aller de l'avant et développer les meilleurs outils pour soutenir nos agriculteurs, nos consommateurs et l'environnement.

 

________________

 

David pense que la faim, le SIDA et des maladies comme le paludisme sont les vraies menaces pour l'humanité – et non les matières plastiques, les OGM et les pesticides. Vous pouvez le suivre à plus petites doses (moins de poison) sur Twitter ou la page Facebook de Risk-monger.

 

Source : NGO Science: Inside the Mind of a Cult Eco-Warrior – The Risk-Monger

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