Coûts liés aux produits phytosanitaires : le secteur du bio demande une indemnisation en Allemagne
Peter Laufmann, AGRARHEUTE*
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Les agriculteurs bio considèrent que les produits phytosanitaires chimiques sont superflus, mais ils doivent tout de même en supporter les conséquences. Un fonds d'indemnisation doit être créé à cet effet.
La recherche de produits phytosanitaires dans les produits bio coûte 100 millions d'euros par an, selon les représentants de l'agriculture biologique. Ils demandent que l'industrie y participe.
Ceux qui achètent bio comptent sur les producteurs pour leur fournir des produits exempts de produits phytosanitaires. Mais ce n'est pas si simple lorsque différentes méthodes de culture coexistent. Les agriculteurs bio et les distributeurs doivent faire face à des coûts élevés pour analyser leurs produits. C'est pourquoi la Bündnis für eine enkeltaugliche Landwirtschaft (BeL – alliance pour une agriculture adaptée aux petits-enfants) et la Bundesverband Naturkost Naturwaren (BNN – association fédérale des aliments et produits naturels) demandent un fonds de compensation.
C'est la conclusion à laquelle sont parvenus BeL et BNN après avoir mené une enquête dans le secteur bio. Selon un communiqué de presse, les fournisseurs de produits bio doivent payer 23 millions d'euros par an rien que pour les analyses volontaires de résidus de pesticides. Mais cela ne suffit pas. A cela s'ajoutent les frais de personnel ainsi que les coûts liés aux réclamations pour cause de contamination des produits bio par des produits phytosanitaires dont on n'est pas responsable. Au total, les associations estiment les coûts induits pour le secteur du bio à au moins 100 millions d'euros par an.
Le secteur bio demande donc au gouvernement fédéral de mettre en place un fonds de compensation. Les fabricants de produits phytosanitaires devraient y contribuer. Mme Katrin Jäckel, directrice de la BNN, justifie cette demande : « Dans l'agriculture biologique, les pesticides chimiques de synthèse sont interdits. Mais malheureusement, lorsqu'ils sont utilisés dans les champs conventionnels, ils se répandent dans l'air sur des kilomètres – parfois même sur des terres cultivées biologiquement ». Ce sont les producteurs bio et les consommateurs qui en pâtissent. « Les clients bio paient pour l'utilisation de pesticides dans l'agriculture conventionnelle. Il faut enfin mettre fin à ce système injuste. »
Pour les initiateurs, ce ne sont expressément pas les agriculteurs qui sont responsables. D'autant plus que les pollueurs sont difficiles à identifier ; les produits phytosanitaires peuvent très bien être dispersés sur des kilomètres. Selon le Süddeutsche Zeitung, l'Industrieverband Agrar (association de l'industrie agricole) n'est pas très favorable à un tel fonds. Si des dommages devaient survenir, une personne concernée devrait en apporter la preuve à l'auteur du dommage.
La secrétaire d'Etat parlementaire au ministère fédéral de l'Agriculture, Ophelia Nick, a déclaré lors d'une conférence de presse à la Semaine Verte que les dommages induits n'avaient encore jamais été perçus par l'Etat. Le Bundesamt für Verbraucherschutz und Lebensmittelsicherheit (office fédéral de la protection des consommateurs et de la sécurité alimentaire) va lancer une enquête et le ministère étudie la question d'un fonds d'indemnisation.
Quarante-quatre entreprises du secteur bio, représentant l'ensemble de la chaîne de création de valeur et un chiffre d'affaires total d'environ 3,6 milliards d'euros, ont participé à l'enquête de BeL et BNN. Les sommes des coûts induits résultent de l'extrapolation des données à l'ensemble du secteur.
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* Peter Laufmann travaille comme chef de texte à la rédaction d'AGRARHEUTE. Le rédacteur et auteur travaille depuis de nombreuses années dans le journalisme environnemental et scientifique. Son intérêt porte régulièrement sur le grand écart entre l'utilisation et la protection des ressources naturelles.
Source : Kosten durch Pflanzenschutzmittel: Bio-Branche fordert Entschädigung | agrarheute.com