Thiamethoxame et « effet cocktail » avec sept autres pesticides sur les abeilles

Thiamethoxame et « effet cocktail » avec sept autres pesticides sur les abeilles

Mes pérégrinations cybernétiques m'ont amené à « Mixture effects of thiamethoxam and seven pesticides with different modes of action on honey bees (Aplis [sic] mellifera) » (effets du mélange de thiaméthoxame et de sept pesticides ayant des modes d'action différents sur les abeilles mellifères (Apis mellifera) de Wenhong Li, Lu Lv, Yanhua Wang et Yu-Cheng Zhu, publié dans Scientific Reports.

En voici le résumé (découpé) :

« Bien que les abeilles mellifères soient régulièrement exposées à un mélange complexe de nombreux produits agrochimiques différents, peu d'études ont examiné les effets toxiques des mélanges de pesticides sur les abeilles.

Pour élucider les actions interactives des pesticides sur les pollinisateurs des cultures, nous avons déterminé les toxicités individuelles et conjointes du thiaméthoxame (THI) et de sept autres pesticides [diméthoate (DIM), méthomyl (MET), zéta-cyperméthrine (ZCY), cyfluthrine (CYF), perméthrine (PER), esfenvalérate (ESF) et tétraconazole (TET)] pour les abeilles mellifères (Apis mellifera) à l'aide d'un test de toxicité par ingestion.

Les résultats du test de toxicité de 7 jours indiquent que le THI a provoqué la toxicité la plus élevée avec une CL₅₀ de 0,25 (0,20-0,29) μg mL^-1, suivi par le MET et le DIM avec des CL₅₀ de 4,19 (3,58-4,88) et 5,30 (4,65-6,03) μg mL^-1, respectivement. En comparaison, les pyréthrinoïdes et le TET possédaient des toxicités relativement faibles avec leurs données de CL₅₀ comprises entre 33,78 (29,12-38,39) et 1.125 (922,4-1.442) μg mL^-1.

Parmi les 98 mélanges binaires à octonaires évalués contenant du THI, 29,59 % des combinaisons ont présenté des effets synergiques. En revanche, 18,37 % des combinaisons ont eu des effets antagonistes sur A. mellifera. En outre, 54,8 % des combinaisons de pesticides incorporant du THI et du TET présentaient des toxicités synergiques pour les insectes [lire : abeilles].

Nos résultats soulignent que la coexistence de plusieurs pesticides peut induire une toxicité accrue pour les abeilles mellifères. Dans l'ensemble, nos résultats ont fourni des informations toxicologiques utiles sur les actions combinées des néonicotinoïdes et des pesticides courants sur les abeilles, ce qui pourrait accélérer la compréhension des effets néfastes possibles d'autres mélanges de pesticides dans l'agroenvironnement. »

Cette étude est ambivalente s'agissant de son intérêt.

D'une part, il nous semble peu probable que les abeilles soient confrontées, en situation réelle, à certains cocktails de thiaméthoxame et d'un autre insecticide (le tétraconazole est un fongicide). En fait, les préconisations d'emploi sont formulées de manière à éviter le contact des abeilles avec l'un quelconque des produits susceptibles de les affecter. Les essais ont aussi été réalisés avec des solutions sucrées, en conditions contrôlées pas forcément représentatives de la réalité.

D'autre part, malgré ces limitations, l'étude met en évidence des effets contrastés sur les abeilles pour les mélanges, grosso modo et selon le résumé nuls (50 %), synergiques (30 %) et antagonistes (20 %).

Les auteurs ont aussi souligné dans leur résumé l'existence d'un effet synergique entre l'insecticide thiaméthoxame et le fongicide tétraconazole ; et donc l'importance de considérer les actions combinées de « -cides » différents. Mais le protocole expérimental a été limité aux effets aigus, et non subchroniques.

Les effets, nous semble-t-il, ne sont pas extraordinaires. Nous sommes loin des gesticultations des milieux anti-pesticides. Mais ils constituent aussi une invitation à voir de plus près les effets des éventuels traitements combinés ou, en tenant compte des vitesses de dégradation, se suivant de manière rapprochée dans le temps.

Je ne reproduis ici que deux figures sur les effets des « cocktails ». Les auteurs ont aussi produit des fromages. Je les pose ci-dessous sans plus.

Si vous voulez savoir ce que le militantisme anti-pesticide – pas outrancier dans le cas d'espèce, malgré les références au DDT et au papillon monarque – peut faire d'un article scientifique de ce genre, voir ici.