Étude sur la mortalité des insectes : l'agriculture intensive est un facteur important
Johanna Michel, AGRARHEUTE*
© imago/Countrypixel
Des scientifiques de l'University College London ont étudié le lien entre l'abondance des insectes, l'intensité de l'agriculture et le changement climatique. Ils ont évalué les données de plus de 6.000 sites.
Dans le cadre d'une étude, des scientifiques de l'University College London ont découvert que la combinaison du changement climatique et de l'agriculture intensive entraîne un déclin particulièrement important des populations d'insectes.
Dans les régions où l'agriculture est intensive et où le changement climatique est perceptible, la population d'insectes est inférieure d'environ 50 pour cent à celle des habitats largement naturels et jusqu'à présent peu touchés par le réchauffement. Le nombre d'espèces est inférieur de 27 pour cent.
Ce résultat a été publié par des scientifiques dans la revue scientifique britannique Nature. Ils ont analysé les données de température, les changements dans l'utilisation des terres et les populations d'environ 18.000 espèces d'insectes dans 6.000 endroits du monde. Ils se sont basés sur une période de 20 ans, de 1992 à 2012.
Les auteurs concluent que les habitats naturels situés à proximité des terres agricoles à faible intensité d'exploitation entraînent souvent des pertes moins importantes en nombre et en diversité d'espèces d'insectes. Plus le changement climatique est atténué, plus l'habitat naturel est préservé dans les paysages et plus l'intensité de l'agriculture est réduite, plus la biodiversité des insectes peut en bénéficier.
Ainsi, selon l'enquête, le nombre d'insectes n'a diminué que de 7 pour cent lorsque les surfaces étaient encore couvertes à 75 pour cent par leur végétation naturelle et qu'il n'y avait pas d'agriculture intensive. Le nombre d'espèces a diminué de 5 pour cent à ces endroits.
Lorsque la couverture végétale naturelle était de 25 pour cent, la diminution du nombre d'insectes et d'espèces était supérieure à 60 pour cent.
Les scientifiques estiment toutefois que ces résultats ne représentent que la pointe de l'iceberg. Ainsi, la disponibilité des données provenant des tropiques, qui sont particulièrement touchés par le changement climatique, était limitée. Il est donc difficile d'estimer l'évolution dans les tropiques. De plus, la période analysée de 20 ans est bien plus courte que l'influence de l'homme sur les populations d'insectes. A cela s'ajoutent d'autres facteurs qui n'ont pas été pris en compte, comme la pollution de l'environnement, précisent les scientifiques.
Selon les auteurs, l'étude ne peut mettre en évidence qu'un lien statistique, et non un lien de cause à effet. Il existe cependant de nombreuses autres études avec des résultats comparables et donc des raisons de penser que le risque pour la biodiversité des insectes augmente avec la poursuite du réchauffement climatique en raison des interactions entre l'utilisation des terres et le changement climatique.
Mme Josephine Kuczyk, chef de projet pour la protection des insectes auprès de l'organisation de protection de la nature et de l'environnement WWF, se prononce en faveur d'une mise en œuvre rapide des mesures décidées dans le cadre de la Commission pour l'Avenir de l'Agriculture (ZKL). La politique, l'agriculture et les acteurs de la protection de l'environnement doivent aller dans le même sens.
« D'après ce que nous savons, la population d'insectes est particulièrement menacée par la perte d'habitats naturels, l'agriculture intensive et la pollution des sols par des produits agrochimiques qui en découle, par les effets du changement climatique et par ce que l'on appelle la pollution lumineuse », explique Mme Kucyk. Pour y remédier, il faudrait également mettre en œuvre des mesures de protection de la nature efficaces en dehors des zones protégées.
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M. Michael Wagner, président de l'Association de l'Industrie Agricole (IVA) depuis janvier 2022.
Tout comme les auteurs de l'étude, M. Michael Wagner, président de l'Association de l'Industrie Agricole (IVA), voit se confirmer les résultats des études précédentes sur le déclin de la biodiversité. Selon lui, il est important de prendre conscience de l'interaction entre les différents moteurs de l'évolution, dont principalement le changement climatique. De même, l'agriculture intensive des dernières décennies aurait eu un impact négatif sur la biodiversité, surtout en raison de la perte d'habitats.
« Mais quelle est la solution ? Nous assistons actuellement à une régression dans la lutte contre la faim dans le monde en raison de la guerre de la Russie contre l'Ukraine – un dilemme classique. Nous ne pourrons le résoudre qu'en nous lançant dans une promotion ciblée – et c'est important pour moi – de la biodiversité, tout en trouvant des moyens de maintenir la productivité de notre agriculture », déclare M. Wagner.
Avec du matériel de dpa
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* Johanna Michel travaille depuis 2020 comme rédactrice cross-média chez AGRARHEUTE. Employée spécialisée dans les services des médias et de l'information, elle a d'abord travaillé dans l'administration du Bundestag allemand et a suivi, en parallèle, des études d'agronomie à l'Université Humboldt de Berlin. Au sein du Département Exploitation et Marché, elle s'intéresse particulièrement à la mise en œuvre des décisions de politique agricole en raison de ses connaissances en matière de législation.
Source : Insektensterben-Studie: Intensive Landwirtschaft ist wichtiger Faktor | agrarheute.com