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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Pour le président de Biocoop, successeur de l'eurodéputé Claude Gruffat, « le bio est une réponse à notre souveraineté alimentaire »

2 Février 2023 Publié dans #Agriculture biologique, #Activisme

Pour le président de Biocoop, successeur de l'eurodéputé Claude Gruffat, « le bio est une réponse à notre souveraineté alimentaire »

 

Glané sur la toile 972

 

 

En plus, c'est malhonnête : l'autorisation « aurait pu être remise en cause » grâce à des retards dans la procédure de réhomologation indépendantes de la volonté des demandeurs. L'État de droit, ils s'en tapent ! (Source)

 

 

Ouf ! Euractiv a titré « "Le bio est une réponse à notre souveraineté alimentaire", selon le président de Biocoop ». Oui, « une » et pas « la », en toute modestie.

 

Cet entretien mérite lecture, pour en déceler les points de friction avec le réel et le rationnel. Mais une analyse détaillée se heurterait à la loi de Brandolini. Vous savez, « la quantité d'énergie nécessaire pour réfuter des idioties est supérieure d'un ordre de grandeur à celle nécessaire pour les produire » (c'est la formule qui énonce un rapport modeste, il y a pire...).

 

Tenez...

 

« La Commission européenne a récemment reporté l’interdiction du glyphosate pour des raisons de maintien de la production en cette période de crise. Les exigences du bio ne sont-ils pas un frein à notre souveraineté alimentaire ?

 

Au contraire, le bio est une réponse à la souveraineté alimentaire. Notamment par la question de la qualité des produits, de la relocalisation et de la considération des paysans.

 

[…]

 

Remarquons tout d'abord que le journaliste est vraiment au courant... Il n'est pas – encore – question d'interdiction et le motif de la prolongation de l'autorisation est d'ordre procédural. Il ne se sera sans doute pas rendu compte du brevet d'utilité qu'il aura décerné au glyphosate.

 

Et la réponse ? Quel lien entre « la qualité des produits » etc. – qualité alléguée – et la souveraineté alimentaire ? Et « la considération des paysans », parlons-en en ces temps de crise où, par exemple, le lait bio a pu être payé à un prix inférieur à celui du conventionnel.

 

M. Pierrick De Ronne poursuit :

 

« Je peux retourner la question : où est la souveraineté alimentaire aujourd’hui ? Des gens ne mangent toujours pas à leur faim en France. Le volume, le ruissellement a fonctionné pendant quelques décennies, lors des trentes glorieuses, mais pendant un temps très court. Il faut être plus précis sur ce [que] nous produisons et sur la destination de nos produits. »

 

D'autres non sequitur ! Et ce n'est pas fini :

 

« Dire que produire bio favorisera la famine en Afrique n’a aucun sens. C’est inaudible. Revalorisons plutôt le sorgho et le mil dans ces pays, et relocalisons nos propres filières. A Biocoop, nous avons relocalisé la moutarde, dont les graines venaient majoritairement du Canada, le quinoa, le maïs doux et une quarantaine d’autres filières. »

 

Bel homme de paille que cette référence à l'Afrique... Et le « [r]evalorisons » – à condition de le prendre au sérieux – a des relents de colonialisme.

 

Le bio serait donc une solution. Pourtant...

 

« En moyenne, l’ensemble des magasins spécialisés déplorent 220 fermetures, pour 110 ouvertures. »

 

La grande distribution aurait permis au bio de sortir d’un marché niche mais « étiolé la confiance dans le label ». Et il y a « bio » et « bio »...

 

« Je pense qu’on distingue de plus en plus le bio, discount, industriel et la bio, exigeante, équitable. Cette dernière est un vrai projet de société. »

 

Où se situe le producteur bio, là dedans ? « [L]a bio […] un vrai projet de société » ? Sans doute à coup d'argent magique, comme la baisse de la TVA sur les produits « verts » – M. Pierrick De Bonne n'a pas osé dire « bio » – qui constituerait une subvention indirecte en faveur de consommateurs aisés.

 

Bien qu'il y ait encore beaucoup à dire, passons à la conclusion :

 

« L’inflation devrait se poursuivre en 2023, notamment à cause de la crise énergétique. Le bio est-il menacé à moyen terme ?

 

J’aimerais bien le savoir. Je suis convaincu que le consommateur ne se trompera pas. Tous ces labels non bios qui émergent disparaîtront. Et cela repartira dès 2024, ou dans trois, quatre ans. Car le bio est dans le sens de l’histoire. Nous allons devoir réduire les pesticides, voire les supprimer, c’est évident. De gré ou de force. »

 

Et voilà... une autre réponse qui prend la tangent... Et ces méchants labels qui feraient de l'ombre au bio... Ces méchants pesticides qui permettent de prétendre que le bio est dans le sens de l'histoire alors que, sur un certain nombre de points de son cahier des charges, son histoire s'est arrêtée à la première moitié du XXe siècle...

 

Les producteurs bio ont du souci à se faire.

 

 

Post scriptum

 

Sur les labels, notamment HVE, on lira ou écoutera avec intérêt Mme Emmanuelle Ducros.

 

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