La stratégie d'avenir pour la recherche et le développement allemande (extraits)

La stratégie d'avenir pour la recherche et le développement allemande (extraits)

Le 8 février 2023, le gouvernement allemand a publié une «  stratégie d'avenir pour la recherche et le développement » (texte explicatif et liens ici).

Le document comporte les chapitres suivants :

« Analyse SWOT

Faire avancer ensemble la recherche et l'innovation

Science, recherche et transfert

Organiser activement les processus de transformation

Promouvoir la communication, l'échange et la participation »

Le point 2 du chapitre « Organiser... » se lit : « Faire progresser la protection du climat, l'adaptation au climat, la sécurité alimentaire et la préservation de la biodiversité ».

Le râleur fera remarquer que la sécurité alimentaire ne vient qu'en troisième position. On pourra le calmer en rétorquant que cela vient avant la préservation de la biodiversité...

Mais tout cela vient après un point 1 (forcément...) intitulé « Rendre possible une industrie compétitive fondée sur une économie efficace dans l'utilisation des ressources et circulaire, et une mobilité durable ».

Dans la partie introductive du point 2 :

« Un point focal de la politique de recherche se rapporte à la question de savoir comment nourrir durablement la population mondiale, c'est-à-dire assurer la sécurité alimentaire sans compromettre la biodiversité et la protection du climat. Des sols sains constituent une base essentielle à cet égard. Ceux-ci contribuent largement à la préservation de la biodiversité des sols ainsi que de la sécurité alimentaire. Des méthodes d'exploitation des sols respectueuses de l'environnement, de la biodiversité et du climat, par exemple l'agroécologie, qui tiennent compte de la protection des ressources et sont en même temps économiquement viables et produisent des aliments sûrs, doivent être conçues ou développées, et mises en œuvre. La recherche sur les plantes, par exemple sur les nouvelles méthodes d'amélioration des plantes, peut apporter sa contribution à cet égard. »

Et, dans la partie « Renforcer la protection du climat naturel », sous « Nos objectifs pour atteindre notre mission » :

« Nous voulons encourager la sélection de variétés de plantes adaptées au climat, robustes, qui résistent aux conséquences du changement climatique tout en assurant de bons rendements, et la recherche sur la protection écologique et la protection intégrée des plantes. Nous voulons soutenir la mise en œuvre des missions de l'UE. »

Il y a un point « Créer des systèmes agroalimentaires durables et résilients ».

La partie introductive n'est pas inintéressante :

« Les effets de la crise de la Covid, de la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine, du changement climatique, de la raréfaction croissante des ressources vitales, de la perte de biodiversité, de l'augmentation de la population mondiale et de l'évolution des modes de consommation posent de nombreux défis à nos systèmes agricoles et alimentaires. Les systèmes agricoles futurs doivent être conçus de manière résiliente afin de rester productifs et d'assurer l'alimentation mondiale malgré des conditions météorologiques extrêmes telles que la chaleur prolongée accompagnée de sécheresse ou les fortes pluies accompagnées d'inondations. Dans le même temps, on constate, notamment ces derniers temps, que les chaînes d'approvisionnement mondiales peuvent être fortement perturbées par la guerre, les conflits ou les crises mondiales et que la sécurité alimentaire mondiale peut être menacée. Outre l'amélioration de leur résistance, les chaînes d'approvisionnement agricoles (régionales) doivent également devenir plus durables en prenant en compte les aspects environnementaux et sociaux, tels que les conditions de travail. Les chaînes d'approvisionnement locales sont en outre très importantes pour la protection du climat.

Pour que les systèmes agroalimentaires soient viables, des approches innovantes doivent être recherchées, testées et mises en œuvre. La recherche ne doit pas se limiter à un système défini, mais de nouvelles approches systémiques doivent être développées et mises en œuvre dans le cadre d'une collaboration interdisciplinaire et d'une intégration participative des personnes actives sur le terrain.

Les systèmes de culture classiques, uniquement basés sur le sol, doivent être repensés et adaptés, le cas échéant, afin de permettre une culture à la fois rentable et durable, par exemple dans les zones urbaines. Cela nécessite également des technologies innovantes pour un stockage et une utilisation efficaces de l'eau, par exemple en utilisant les eaux usées municipales traitées ou l'aquaponie. Dans le cadre de la coordination des priorités internationales, européennes, nationales et régionales en matière de recherche et d'innovation et du rapprochement des milieux scientifiques, économiques, politiques et sociaux, la Mission européenne pour les sols place la santé des sols et la nutrition au premier plan.

L'Allemagne, pays disposant de peu de ressources fossiles et d'une production agricole très efficace, est confrontée au défi particulier de s'adapter au changement climatique afin de contribuer de manière tangible aux objectifs de l'Agenda 2030 pour le développement durable, du Green Deal de l'UE et à la limitation du réchauffement climatique par la réduction des émissions de CO₂. Les nouveaux systèmes agricoles et alimentaires devraient être durables au sens large, c'est-à-dire non seulement respectueux de l'environnement et des ressources, mais aussi capables de générer des revenus viables pour tous les acteurs de la chaîne de valeur, tout en fournissant une alimentation de qualité à un prix abordable pour une population mondiale croissante. Cela vaut pour l'espace terrestre comme pour l'espace marin.

L'agriculture, la sylviculture, la pêche et l'aquaculture ont un rôle clé à jouer dans le développement économique et social de nombreux pays du Sud. Les pays qui ont jusqu'à présent importé de grandes quantités de céréales et d'autres denrées alimentaires d'Ukraine et de Russie ou d'autres pays devraient être davantage en mesure de couvrir leurs besoins eux-mêmes et au niveau régional. Pour cela, il faut des cultures adaptées au site, une plus grande diversité de cultures et des systèmes de culture résilients, mieux adaptés aux conditions climatiques moins favorables (chaleur, sécheresse, salinisation des sols) de ces pays. Nous améliorerons les conditions générales de la recherche en matière d'amélioration des plantes. Nous ferons notamment progresser la sélection de variétés adaptées au climat et au site, robustes et à haut rendement.

L'Allemagne peut jouer ici un rôle de pionnier particulier en Europe dans le domaine de la recherche. Dans ce contexte, nous nous pencherons également sur les chances et les risques des nouvelles techniques de sélection (par exemple CRISPR/Cas).

Le gouvernement fédéral s'engage de manière constructive dans l'initiative législative au niveau de l'UE sur le droit du génie génétique afin de renforcer les conditions-cadres pour une recherche durable et résiliente en matière d'amélioration des plantes.

Cela donne notamment ceci sous « Nos objectifs pour atteindre notre mission » :

« Nous voulons contribuer à une utilisation des sols durable, respectueuse du climat, de l'environnement et de la biodiversité. Cela implique notamment le renforcement des forêts, la remise en eau et la protection des marais ainsi que la constitution d'humus en tant que puits de carbone durables.

Nous voulons permettre la mise en place de systèmes agricoles et alimentaires durables et viables.

Nous voulons permettre une agriculture, une pêche et une aquaculture durables, plus écologiques et viables. Lors de la conception, nous voulons impliquer les personnes concernées à un stade précoce.

Nous voulons faire progresser la sélection et l'utilisation de variétés robustes et productives, adaptées au climat et au site, y compris pour l'agriculture biologique.

Nous voulons faire des recherches sur les infrastructures (d'eau) et les stratégies de gestion adaptées au changement climatique.

Nous voulons promouvoir une réutilisation efficace de l'eau.

[…]

Nous voulons continuer à améliorer la sécurité pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux au plus haut niveau.

Nous voulons réduire de moitié les déchets alimentaires et diminuer les pertes de denrées alimentaires.

Nous voulons intégrer les connaissances traditionnelles et autochtones dans les approches scientifiques et de recherche, dans un contexte national et international, afin de comprendre les modes d'action, de les évaluer et de développer des solutions inédites à partir de là.

Nous voulons augmenter l'utilisation d'aliments protéinés et de protéagineux produits de manière durable. »

En résumé, quoi que l'on puisse penser de l'approche générale qui a été adoptée, ce qui compte, ce sont les résultats.

Dans la partie « santé » il y a aussi un élément de phrase sur la « préservation de la protection par brevet » pour assurer la place de l'Allemagne dans le domaine des biotechnologies et le passage des laboratoires à la production industrielle.