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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Une technologie agricole fondée sur la science peut réduire les effets néfastes de la sécheresse

29 Janvier 2023 Publié dans #Agronomie

Une technologie agricole fondée sur la science peut réduire les effets néfastes de la sécheresse

 

Marco Aurelio Pasti*

 

 

 

 

L'Europe a subi sa pire sécheresse depuis la mort de Léonard de Vinci, il y a plus de 500 ans. C'est l'affirmation étonnante de l'Observatoire Mondial de la Sécheresse de la Commission Européenne.

 

Entre les vagues de chaleur et les pénuries d'eau, l'été 2022 a été très difficile. Le Pô, la plus longue voie navigable d'Italie, qui traverse le nord du pays, s'est tout simplement asséché.

 

Dans ma ferme près de Venise, il a fait très chaud et nous n'avons reçu aucune pluie de la fin avril à la mi-août.

 

En raison de ces défis, cette campagne agricole allait être difficile quoi qu'il arrivât. Pourtant, elle a été rendue plus difficile encore parce que les gouvernements ont empêché les agriculteurs comme moi de bénéficier de l'accès aux technologies de base qui auraient permis de réduire les effets les plus néfastes de la sécheresse.

 

Nous cultivons un large éventail de produits : maïs, soja, blé, orge et betteraves à sucre, ainsi que des raisins de cuve et des noix. Nous élevons également des bovins à viande et possédons une unité de biogaz qui produit de l'électricité.

 

Notre maïs et notre soja ont été durement touchés par la sécheresse. Nous comptons sur l'irrigation, mais nos systèmes ne sont pas conçus pour appliquer la quantité d'eau dont nos champs ont eu besoin pendant ces conditions extrêmement sèches. Comme nos terres sont très plates et que la nappe phréatique est peu profonde, nous utilisons un système de canaux et de fossés pour acheminer l'eau vers les champs où elle peut s'infiltrer dans le sol. Cette technique fonctionne bien s'il y a au moins 2,5 centimètres de pluie, ce qui aide les jeunes plantes à développer leurs racines et à absorber l'azote apporté en bande latérale. Le manque de pluie et la forte consommation d'eau due à la chaleur ont rendu le sol très dur et n'ont pas permis aux racines de nos jeunes plants de se développer correctement, ce qui a nui au développement des plantes tout l'été.

 

Puis un autre coup dur est survenu. Un champignon appelé Aspergillus flavus a infecté notre maïs. Il produit de dangereuses aflatoxines. Les agriculteurs connaissent bien ce champignon, et nous avons tendance à le rencontrer en stockage, lorsque l'humidité et la température sont mal contrôlées.

 

Le champignon peut également s'installer dans les champs lorsque les cultures sont stressées par la chaleur et la sécheresse. En 2022, les conditions étaient parfaites pour une épidémie, et celle-ci nous a frappés de plein fouet.

 

Le champignon est à son plus fort lorsqu'il se trouve là où les épis de maïs ont été endommagés par la pyrale du maïs, un ravageur dont les larves adorent se régaler du maïs. En dévorant le maïs, ces insectes ouvrent la voie aux maladies fongiques – et en inspectant mes champs, j'ai constaté que c'était précisément ce qui s'était passé.

 

La bonne nouvelle est que les scientifiques savent comment protéger les cultures de ce ravageur. Ils ont créé un type de maïs GM, le maïs Bt, qui résiste à la pyrale du maïs. Les agriculteurs du monde entier l'utilisent avec succès depuis plus d'une génération.

 

La mauvaise nouvelle est que je ne suis pas autorisé à semer cet OGM en Italie, car les régulateurs italiens l'ont interdit de culture en 2015. Beaucoup de mes collègues agriculteurs en Espagne, au Portugal et ailleurs le considèrent comme un outil ordinaire qui protège leurs cultures des attaques.

 

Mon maïs, en revanche, n'avait que peu de moyens de défense contre la pyrale – et les agriculteurs savent de longue date que ce ravageur et ses dégâts peuvent réduire les rendements d'une première culture jusqu'à 30 % et d'une deuxième jusqu'à 60 %. Les insecticides peuvent aider à limiter les dégâts, mais leur utilisation exige un excellent timing, des tracteurs spéciaux à haut rendement et des coûts supplémentaires. Et en juillet, les températures sont élevées, et le métabolisme des plantes et des insectes est si rapide que quelques jours de retard peuvent faire une différence significative dans l'efficacité de la tentative de protection des cultures.

 

La meilleure solution actuelle – le maïs GM qui repousse naturellement les parasites – est une technique sûre et éprouvée. De plus, le maïs Bt a le pouvoir de réduire le risque qu'il soit contaminé par des aflatoxines et d'autres produits de maladies fongiques. Cela signifie qu'en dépit de leur présentation occasionnelle comme des expériences radicales, les OGM sont en fait une clé de la sécurité alimentaire.

 

Ils sont également bons pour l'environnement. Sans les OGM, la défense de mes cultures contre les dégâts de la pyrale m'oblige à pulvériser des insecticides. Comme, dans tous les cas, je perds une partie de la production, cela implique que pour produire la même quantité de nourriture, je dois cultiver plus d'hectares et, ce faisant, j'utilise plus d'énergie, d'engrais, de pesticides et d'eau. Au final, je libère davantage de gaz à effet de serre, contribuant ainsi au changement climatique – ce qui m'inquiète, car ma ferme, située près de la côte de la mer Adriatique, se trouve à plus d'un mètre et demi en dessous du niveau de la mer.

 

Aujourd'hui, en Italie et dans la majeure partie de l'Europe, nous ne pouvons pas profiter des OGM, nouveaux et anciens, et d'une liste croissante de produits de protection des cultures parce que les législateurs ont accordé plus d'attention à l'alarmisme des militants idéologiques qu'aux conseils des scientifiques.

 

Ainsi, lorsque la pire sécheresse qu'ait connue l'Europe depuis un demi-millénaire est arrivée, nous aurions pu profiter d'innovations importantes pour limiter les dégâts, mais nous n'avons pas pu le faire parce qu'en Europe, l'idéologie l'a emporté sur la science fondée sur les faits.

 

Il n'y a qu'une seule solution : nous devons revenir à la science et expliquer aux gens que face au défi de nourrir 8 milliards de personnes dans un climat changeant, nous devons prendre des décisions basées sur des faits.

 

_____________

 

Exploite 530 hectares – principalement du maïs et du soja – président de l'Association Italienne des Producteurs de Maïs. Expertise en matière d'agriculture de conservation.

 

Source : Science-based Agriculture Technology Can Reduce the Harmful Impacts of Drought – Global Farmer Network

 

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H
La commission européenne n'est plus à un délire, ni à un mensonge près. <br /> <br /> Copernicus auquel se réfère les bouffons de l'Observatoire Mondial de la Sécheresse est un système satellitaire européen de mesures qui dispose de données remontant au mieux à 40 ou 50 ans. J'ai torturé un peu Copernicus sans y trouver une base de références historiques sur les sécheresses, à part quelques courtes séries en Espagne.<br /> Après il existe différentes bases de données dans les pays européens, la plus connue étant l'EM Data Base de l'Université de Louvain célèbre via le GIEC et qui prétend remonter à 1900, mais l'EM Data Base ne ne se référant qu'à des bilans officiels, ses données ne sont valides qu'à partir du moment où les gouvernements ont livré régulièrement et systématique des bilans officiels, c'est à dire les années 1980, et encore plutôt début 2000, si on veut que cela tienne la route. Aucune recherche historique n'a été faite pour "reconstituer" le passé. <br /> Par exemple, la sécheresse de 1976 en France, n'a jamais existé pour l'EM Data Base. <br /> Lorsque j'ai eu à travailler professionnellement (dans ma vie antérieure) sur le bilan officiel humain de la sécheresse de 2003, nous avons eu la stupeur de découvrir que s'il existait quelques bilans d'inondations catastrophiques pour le XXème siècle, jusqu'alors (en 2003) il n'y avait jamais eu de bilan officiel de sécheresse en France... Par exemple, lorsque nous avons voulu nous référer à 1976, sécheresse et canicule bien présente dans la mémoire des gens de ma génération, il a fallu interroger l'INED, Institut National d'Etudes Démographiques, pour tenter d'établir un chiffrage à postériori à partir des séries de mortalité.<br /> <br /> Je n'ai pas la prétention de connaitre l'histoire du climat à l'échelle de l'Europe, mais différents historiens ont traqué les données historiques que l'on pouvait posséder pour faire un bon travail de reconstitution. <br /> C'est le cas d'un remarquable travail produit par Emmanuel Garnier du CNRS, et visiblement, pour la France et les pays limitrophes, sur 500 ans justement, il raconte une toute autre histoire que la déclaration fracassante des bouffons de la commission européenne. <br /> Je livre sa conclusion "Au terme de ce panorama historique de 500 ans, force est de constater une relative inadéquation entre les reconstructions historiques des sécheresses et les prédictions alarmistes produites par les différents modèles des climatologues. De facto, un recul opéré sur 500 ans nuance très fortement la certitude contemporaine d’une recrudescence inédite des épisodes de sécheresse en Europe"<br /> Certes, ce travail date de 2009, mais quand on remonte à 500 ans...<br /> <br /> A lire ce travail remarquable : https://www.researchgate.net/publication/46484537_Bassesses_extraordinaires_et_grandes_chaleurs_500_ans_de_secheresses_et_de_chaleurs_en_France_et_dans_les_pays_limitrophes
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U
Merci pour cette référence remarquable, en effet.
A
"L'Europe a subi sa pire sécheresse depuis la mort de Léonard de Vinci, il y a plus de 500 ans." C’est une blague: en avril 1945 c’était pire et la démonstration est que beaucoup de soldats allemands ont pu travers le Po en nageant et les armées des alliés sont réussi à construire des ponts sur de bateaux. Le Po normalement est large 2 kilomètres pour arriver à 4 kilomètres en période de pleine. La preuve nous l’avons eu au mois de mars quand on a récupéré un tank que les allemands avait conduite en mieux au lit du fleuve, Donc ça veut dire que au mois d’avril, c’est au dire au printemps et non pas en été, on pouvait transiter sur sables du fond du fleuve. Les années 1942-49 ont été des années de sécheresse et il ne faut pas remonter à 5 siècles à l’arrière. La sécheresse on les avait même sans le réchauffement climatique.<br /> https://www.youtube.com/watch?v=8owb245Hino
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