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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Le marché bio en crise en Allemagne – les années de vaches grasses sont terminées

10 Janvier 2023 Publié dans #Agriculture biologique, #Allemagne

Le marché bio en crise en Allemagne – les années de vaches grasses sont terminées

 

Olaf Zinke, AGRARHEUTE*

 

 

© stock.adobe.com/Valentin Valkow

Tout à coup, il y a trop de bio sur le marché. C'est comme si, pour la première fois, nous devions lutter pour que nos produits parviennent réellement aux clients, explique un agriculteur bio. M. Tim Treis, président de l'Association de l'Agriculture Biologique en Hesse (VÖL), parle même d'une baisse du chiffre d'affaires allant jusqu'à 50 pour cent.

 

 

Ventes stagnantes, prix bas, coûts élevés. Les problèmes qui ont affligé les agriculteurs conventionnels par le passé affectent désormais massivement le secteur bio. [Le texte d'origine a été publié le 23 août 2022.]

 

 

Alors que la crise de la Covid avait permis aux agriculteurs et aux produits bio d'enregistrer des taux de croissance à deux chiffres, le secteur souffre désormais de la flambée des prix des denrées alimentaires et de l'austérité pratiquée par les consommateurs dans leurs achats. Dans toute l'Europe, l'inflation élevée et l'explosion des prix de l'énergie modifient le comportement d'achat des consommateurs.

 

Les économies se font aussi sur les achats de produits alimentaires. Apparemment, les marchés et les agriculteurs bio le remarquent beaucoup plus que les agriculteurs et les épiciers conventionnels. Economiser est actuellement aussi à l'ordre du jour pour les produits alimentaires et de nombreux supermarchés mettent surtout les marques de distributeur bon marché en avant dans les rayons.

 

Ces dernières années, les courbes des ventes de produits bio en Allemagne n'allaient que dans une seule direction – vers le haut. Mais depuis la guerre en Ukraine et l'inflation record, la situation s'est inversée. Tant les agriculteurs bio que le commerce bio font état de problèmes de vente massifs et de prix trop bas.

 

 

Importantes pertes de chiffre d'affaires dans le commerce bio

 

Le Hamburger Morgenpost rapporte que de nombreux magasins bio de Hambourg sont vides. Les marchés et stands bio gérés par leurs propriétaires ou les commerçants végétaliens craignent particulièrement pour leur existence, peut-on y lire. Le commerçant « Stückgut » a déjà déposé le bilan, d'autres magasins ont perdu jusqu'à 50 pour cent de leur chiffre d'affaires.

 

La situation est similaire ailleurs. L'écovillage de Brodowin dans le Brandebourg compte parmi les plus grandes exploitations Demeter d'Allemagne. Le concept prévoit de produire et de transformer des aliments selon les directives biodynamiques. En plus de la vente dans le magasin de la ferme, les produits sont également envoyés aux marchés bio et aux clients privés de Berlin et du Brandebourg grâce à un service de livraison basé à Eberswalde.

 

Mme Franziska Rutscher, la collaboratrice responsable, a déclaré au RBB : « Les choses ne se présentent pas très bien. Nous avons des chiffres en forte baisse. Nous devons nous en accommoder. De nombreuses options de livraison – qu'il s'agisse de véhicules ou de personnes qui travaillent pour nous – sont en train de chuter. Nous avons beaucoup moins de clients en ce moment. Notre point le plus haut était de presque 4.000 clients par semaine. C'était en 2021, et nous venons de tomber à 2.300. »

 

 

Les agriculteurs bio profondément dans le rouge

 

Le journal Hannoversche Allgemeine (HAZ) rapporte des faits similaires dans la région de Hanovre. Mme Julia Schwarting y rapporte que les revenus de son magasin bio mobile ont fortement chuté. Depuis 2018, cette femme de 45 ans vend des fruits, des légumes, des œufs, du pain, des gâteaux et de la viande de producteurs locaux dans une caravane de chantier réaménagée.

 

« Je remarque très fortement que les clients regardent davantage le prix », rapporte la commerçante. Depuis mars, Mme Julia Schwarting a vu son chiffre d'affaires baisser de plus de 30 pour cent, alors qu'elle n'a jusqu'à présent augmenté que les prix des produits de boulangerie. « Je ne vends plus que la moitié des œufs bio », explique-t-elle. Elle a entendu dire par l'un de ses fournisseurs que les élevages d'œufs bio avaient déjà commencé à abattre les poules pondeuses, faute de demande.

 

M. Carsten Bauck, qui exploite depuis 20 ans sa ferme Demeter à Klein Sülstett près d'Uelzen, ressent lui aussi la crise. Il élève des poules pondeuses et des bovins et produit des pommes de terre. M. Bauck déclare à la ZDF : « Il est vrai que nous avons beaucoup de mal à gagner encore de l'argent, et nous avons des mois où nous perdons de l'argent et cela fait vraiment mal. » C'est la première fois que nous devons lutter pour que les produits que nous fabriquons parviennent réellement aux clients.

 

M. Tim Treis, président de l'Association de l'Agriculture Biologique de Hesse (VÖL), a même déclaré au Hessenschau que les pertes de chiffre d'affaires pouvaient atteindre 50 pour cent. Selon lui, « cela peut menacer l'existence ». Et cela conduirait à ce qu'il y ait moins de bio et que les fermes doivent abandonner ou revenir à l'agriculture conventionnelle.

 

 

Lait bio : un changement fondamental du marché

 

L'évolution est similaire chez les producteurs laitiers. Ici, les prix du lait bio ont augmenté nettement plus lentement que ceux du lait conventionnel – mais dans la distribution, des prix plus élevés sont actuellement très difficiles à mettre en œuvre. C'est l'expression d'un décalage fondamental sur le marché du lait, disent les experts du marché. « Le marché des produits conventionnels est actuellement nettement plus dynamique que les prix du lait bio », explique M. Hans-Jürgen Seufferlein de l'Association des Producteurs Laitiers de Bavière (VMB).

 

C'est évidemment frustrant pour les agriculteurs bio : ils auraient besoin d'au moins 15 centimes de plus par litre de la part des laiteries. « Nous travaillons actuellement en dessous du niveau du salaire minimum, pour environ dix euros de l'heure », explique l'agriculteur bio Johann Ellenrieder à la radio bavaroise (BR). Il a fait établir un calcul des coûts complets pour son exploitation de 50 vaches laitières. Résultat : si toutes les heures de travail effectuées dans sa ferme étaient rémunérées à 20 euros de l'heure, il lui faudrait 15 centimes de plus par litre de lait pour couvrir les frais. Actuellement, M. Ellenrieder reçoit 55 centimes par litre.

 

La Fédération Bioland exige un prix à la production de 68 à 73 centimes par litre de lait bio. Mais cela sera difficile à mettre en œuvre au comptoir. Au ministère bavarois de l'Agriculture, on voit cette évolution avec beaucoup d'inquiétude. « Cela conduira les exploitations laitières à reconsidérer leur conversion du conventionnel au bio, prévue peut-être depuis de nombreuses années », déclare M. Wolfgang Wintzer, chef du département de l'agriculture biologique, à la radio bavaroise.

 

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Olaf Zinke travaille pour AGRARHEUTE en tant que rédacteur cross-média pour les opérations et les marchés. Il analyse les marchés agricoles et des produits de base nationaux et internationaux depuis trois décennies et a travaillé à ce titre pour diverses institutions.

 

Source : Biomarkt in der Krise – die fetten Jahre sind vorbei | agrarheute.com

 

 

 

 

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