« Humus et la quête du Saint-Graal » d'Agricolincrédule
Glané sur la toile 965
Notre ami blogueur canadien Colin Hélie-Harvey a produit une petite analyse sur « Humus », un documentaire de Carole Poliquin.
Voici un extrait de la présentation du film :
« Les sols partent en poussière. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), la totalité des terres arables de la planète pourraient avoir disparu d’ici 60 ans. Un sort qui guette même nos riches terres noires de la Montérégie.
Devant l’urgence d’instaurer un autre rapport avec la nature, François D’Aoust a choisi il y a quinze ans d’être responsable d’un petit bout de terre dans l’univers. Tournant le dos à l’approche extractiviste qui traite le sol comme une mine à ciel ouvert, ce maraîcher et sa compagne travaillent à mettre en oeuvre dans leurs jardins les grands principes de la nature, à la recherche d’une nouvelle alliance avec le vivant.
Des savoirs anciens et nouveaux les guident sur ce chemin, des savoirs qui réaffirment la complexité d’un monde interdépendant, fruit de milliards d’années de coévolution. »
Voilà, voilà...
On pourra sans doute le voir en France. Sa description correspond si bien aux lignes éditoriales de quelques chaînes Philippulus soucieuses de nous annoncer la fin du monde... sauf à nous repentir et, pour l'agriculture, à « changer de modèle », etc.
Mais revenons sur Terre avec Colin et son « Humus et la quête du Saint-Graal » :
« Le film s’ouvre sur une scène de déversement d’une montagne de compost sur la ferme de l’agriculteur François D’Aoust. Ce maraîcher biologique, qui vend ses paniers de légumes à Montréal, nous informe qu’il devra commander de cinq à huit camions supplémentaires durant la saison pour subvenir aux besoins de ses cultures. Le protagoniste du film nous explique alors qu’en s’inspirant de la nature ainsi qu’en créant sa propre fertilité, il espère, d’ici trois ans, ne plus dépendre d’aucun intrant.
Malheureusement, tant et aussi longtemps que les égouts du Plateau Mont-Royal ne se déverseront pas dans les champs de l’agriculteur, les 10 roues de compost devront poursuivre leurs livraisons annuelle. Car depuis toujours, tout agriculteur ayant tenté l’expérience de créer sa propre fertilité en est venu à la même conclusion : tôt ou tard, tout ce qui sort d’un champ doit être remplacé. On n’y échappe pas : se nourrir est un acte extractiviste. On peut certes ralentir l’extractivisme d’une production agricole et s’éloigner de cette mentalité qu’on nomme souvent avec mépris le productivisme. Conserver la fertilité du sol sans intrant sera alors plus facile. Il faudra toutefois reléguer à d’autres la tâche d’exporter les nutriments de leurs fermes vers les villages et les villes de ce monde. Se nourrir reste malheureusement encore à notre époque une activité indispensable à l’homme, qu’il soit productiviste ou non. »
Quel sens de la formule !
Mais on peut craindre que ce ne soit pas suffisant face aux niaiseries bien-pensantes.
« Nos systèmes agricoles doivent devenir de plus en plus complexes »... avec une demi-douzaine de camions de compost...
Colin a relevé cette perle :
« Dans le film, une intervenante propose même à notre maraîcher de ne pas récolter une partie des courges au champ, le but étant de laisser des nutriments aux courges de l’année suivante. La logique de cette intervention m’échappe. »