Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Le GIEC est-il pousse-au-crime et promeut-il une « désobéissance » pas très « civile » ?

12 Octobre 2022 Publié dans #Activisme, #Climat, #GIEC

Le GIEC est-il pousse-au-crime et promeut-il une « désobéissance » pas très « civile » ?

 

 

(Source)

 

 

J'avoue, mon titre est putaclic... quoique...

 

Musardons un peu avant d'aborder le vrai sujet.

 

Il y a, sur la scène politique et médiatique actuelle un groupe, la France Insoumise, qui cherche à créer un climat insurrectionnel avec une constance dans la mauvaise foi qui force l'admiration. En bref, en attendant de trouver autre chose, si les (certains) salariés de Total sont en grève, « c'est la faute à Macron ». Tout est de la faute de Macron et de son gouvernement...

 

 

(Source)

 

 

Une quinzaine d’individus cagoulés, se réclamant de l'Action Française, se sont introduits dans le jardin de la mairie de Stains, munis de mégaphones, de fumigènes et de pétards (selon la mairie), pour protester contre le fait qu'une rue de la ville a été « baptisée » de manière éphémère en l'honneur de la première épouse de Mahomet dans le cadre d'une opération culturelle... Et le lider minimo Jean-Luc Mélenchon retweete le 11 octobre 2022 un communiqué de presse de la mairie gros comme une montgolfière, selon lequel « La fachosphère passe à l'acte ». En accusant aussi le gouvernement au passage, par un ad hominem.

 

Tout est bon pour déstabiliser notre société.

 

 

(Source)

 

 

Mais venons-en au vrai sujet. Il y est aussi question de contestation de l'ordre – peut-être pas nécessairement ordonné – établi.

 

Le 9 octobre 2022, dans C politique sur France 5, Mme Maud Brégeon – députée Renaissance des Hauts-de-Seine, ancienne ingénieure dans le nucléaire chez EDF – avait fait une déclaration qui a ensuite fait saliver nombre de révolutionnaires sur canapé et chauffer les microprocesseurs de leurs ordinateurs :

 

« La désobéissance civile est un mode d’action inacceptable, à contre-courant de l’État de droit.

 

Quelle est l'étape d'après ? Bloquer des départs de jets qui transportent des organes ? Saboter des cultures agricoles ? Attenter à la sûreté des centrales ? »

 

Elle avait conclu son intervention en évoquant la dérive possible vers l'« écoterrorisme ».

 

 

(Source)

 

 

On peut sans doute philosopher sur la notion de « désobéissance civile ». Les maîtres de cérémonie de l'émission avaient placé cette séquence sous le signe de « L'écologie radicale sauvera-t-elle le monde ? » Mais les questions de Mme Maud Brégeon étaient fort pertinentes...

 

...Sauf que le sabotage des activités agricoles (et forestières) est depuis longtemps un fait auquel – on peut le prétendre – les autorités n'attachent pas assez d'attention. Et on peut se demander à juste titre dans quel registre on est – « désobéissance civile » ou « terrorisme » (ici anti-OGM) – pour l'attaque d'un train en Bretagne et le déversement de sa cargaison de blé (confondu avec du soja...) sur la voie.

 

Il en est un qui s'est aussi ému : M. Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS, climatologue et auteur principal du 6e rapport du GIEC (selon sa notice sur Twitter) :

 

« Le mot "éco-terrorisme" pour designer des actions non-violentes dans un pays meurtri par le terrorisme est choquant. Avant d'employer ces termes trumpistes, je vs invite @MaudBregeon a lire l’évaluation #GIEC sur rôle de ces actions ds la conscientisation des enjeux #climat👇 »

 

 

(Source)

 

 

On peut gloser sur le capharnaüm un brin professoral : la confusion volontaire entre deux modes d'action que l'« élève » Brégeon a pourtant bien distingués, l'appel à l'émotion, le sophisme du déshonneur par association... ça fait beaucoup.

 

L'ancien du système des Nations Unies que je suis regrettera aussi la volatilisation du devoir de réserve qui incombe – ou devrait incomber – à un auteur principal d'un rapport du GIEC.

 

Quel crédit accorder à ce rapport quand ses auteurs se livrent à une polémique et dévoilent une propension au parti pris ?

 

En fait, on peut se contenter de lire l'extrait du rapport qui a été proposé à Mme Maud Brégeon – et à nous. Le voici en traduction :

 

« Chapitre 18 – Voies de développement résilientes au climat

 

Questions fréquemment posées (FAQ)

 

FAQ 18.3 I Comment les différents acteurs de la société et des niveaux de gouvernement peuvent-ils être mis en capacité de poursuivre un développement résilient au climat ?

 

Le DRC [développement résilient au climat] implique des compromis entre différents objectifs politiques. Les gouvernements ainsi que les élites politiques et économiques peuvent jouer un rôle clé dans la définition de la direction du développement à l'échelle nationale et sous-nationale ; mais dans la pratique, les populations locales, les organisations non gouvernementales (ONG) et la société civile peuvent influencer ces voies et même y résister.

 

Compte tenu de ces tensions, la contestation et le débat sont inhérents à la définition et à la recherche du DRC. Une société civile et une citoyenneté actives créent les conditions propices à la délibération, la protestation, le dissensus et la pression, qui sont fondamentales pour un processus participatif inclusif. Ceux-ci permettent à une multiplicité d'acteurs de s'engager dans de multiples domaines, notamment gouvernementaux, économiques et financiers, politiques, de la connaissance, de la science et de la technologie, et communautaires. Les décisions et les actions peuvent être influencées par des interactions inégales entre les acteurs, y compris les relations sociopolitiques de domination, de marginalisation, de contestation, de conformité et de résistance, avec des résultats divers et souvent imprévisibles.

 

Ainsi, les récents mouvements sociaux et protestations climatiques reflètent de nouvelles modalités d'action en réponse à l'inaction sociale, économique et politique. Le nouveau mouvement pour le climat, mené principalement par les jeunes, cherche à mettre en place des politiques fondées sur la science et, plus important encore, rejette une position réformiste à l'égard de l'action climatique en faveur d'une action climatique radicale. Cette action est principalement menée par le biais d'une action collective perturbatrice et d'une résistance non violente visant à promouvoir la sensibilisation, une culture régénératrice et une éthique de la compassion. Ces mouvements ont donné lieu à des succès politiques notables, tels que des déclarations d'urgence climatique au niveau national et local, ainsi que dans les universités. En outre, leurs méthodes se sont avérées efficaces pour mettre fin à la promotion des combustibles fossiles.

 

Le succès et l'importance des récents mouvements climatiques suggèrent également la nécessité de repenser le rôle de la science dans la société. D'une part, les nouveaux mouvements climatiques exigeant une action politique ont été suscités par les conclusions de rapports scientifiques, principalement les rapports du GIEC (2018a) et de l'IPBES (2019). D'autre part, ces mouvements ont sensibilisé le public et stimulé son engagement vis-à-vis du changement climatique à des niveaux sans précédent, au-delà de ce que la communauté scientifique peut faire seule. »

 

Bref, sans entrer dans une analyse détaillée d'un texte qui le mériterait bien, le GIEC a largement outrepassé son mandat et ses compétences.

 

Il a fait preuve d'une coupable et impardonnable irresponsabilité en faisant le panégyrique d'actions de contestation récentes qui, contrairement à ce qu'il a naïvement écrit, ne relèvent souvent pas de l'action « principalement menée par le biais d'une action collective perturbatrice et d'une résistance non violente ».

 

Les dégradations de cultures (notamment fauchages d'OGM – on touche ici aux travaux de l'IPBES), de matériels, d'installations et de bâtiments que subissent les agriculteurs et forestiers – y compris parfois dans le cadre de manifestations auxquelles participent des personnalités politiques et syndicales – ne sont pas des actes de désobéissance civile mais de la délinquance. En filigrane, par un texte insuffisamment réfléchi – et de toute façon en dehors de son mandat – le GIEC les approuve et les vante.

 

Et pour les « politiques fondées sur la science » ? Ah oui, la « science » du GIEC et de l'IPBES... Quelle autosatisfaction ! Idem pour les « succès politiques notables », une auto-flatterie qui incite à poursuivre les actions relevant de la chienlit, et aussi de la délinquance.

 

Il va falloir que j'écrive aussi sur la « science » de l'IPBES... Il y a quelques pépites !

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
En effet il y a une grave confusion dans les esprits. La désobéissance civile est par définition non violente. <br /> <br /> Détruire quelque chose ce n'est pas de la désobéissance civile. Empêcher les autres de travailler ou de se déplacer non plus.
Répondre
P
Le biais scientifique des résumés pour les décideurs du GIEC est solidement établi (51% des scénarios pris en compte considérés comme impossibles par les climatologues).<br /> J'attends avec impatience votre article sur "La Science" de l'IPBES.<br /> NB : l'expression "La Science" à la place des sciences m'horripile.
Répondre