« Pourquoi le passage au bio a échoué au Sri Lanka » selon Reporterre
Glané sur la toile 957
Ce « Pourquoi le passage au bio a échoué au Sri Lanka » publié par Reporterre le 8 septembre 2022 est, disons, fascinant.
L'analyse est des plus rudimentaires. En chapô :
« Le Sri Lanka a voulu devenir en 2021 le premier pays au monde à faire une agriculture 100 % biologique. Sans y être formés, les agriculteurs ont beaucoup perdu. Le pays a dû rétropédaler. Non sans conséquences, notamment sur la production de thé. »
Passés à la trappe dans de résumé – et à peine abordés dans le texte pour le riz et les champs laissés en friche – les ravages occasionnés dans l'agriculture qui nourrit la population.
L'analyse est des plus rudimentaires, écrivions-nous ?
« Fin avril 2021, Gotabaya Rajapaksa, alors président, a en effet décidé d’opérer un virage inédit : faire du Sri Lanka le premier pays au monde à pratiquer une agriculture 100 % biologique. L’objectif derrière cette fausse décision écolo : économiser des devises étrangères en n’important plus d’engrais et pesticides chimiques, produits creusant alors la dette du pays. Ceux-ci ont donc été définitivement interdits.
Passé à la trappe le programme électoral de Gotabaya Rajapaksa. Passée à la trappe les manœuvres précédentes anti-chimie dont nous avons des comptes rendus de diverses sources sur ce blog. Passées à la trappe les rodomontades du programme du président Sirisena « Towards a Toxin Free Country » (vers un pays sans toxines), dont certains aspects étaient pourtant fort bienvenus (le frein à l'utilisation excessive des engrais encouragée par les subventions).
C'est simple comme bonjour !
« Pour le gouvernement, cette réforme était censée permettre de limiter les dépenses en devises étrangères — une économie se mesurant entre 300 et 400 millions de dollars en 2021. Mais depuis, le cours des engrais chimiques a subi une hausse d’environ 25 %, ne facilitant pas le redémarrage d’une industrie déjà fragilisée, et l’expérience biologique représente 425 millions de dollars de pertes dans le secteur du thé. »
Oubliez le début de la deuxième phrase et vous avez la démonstration éclatante de l'irresponsabilité de la décision de bannir la chimie de l'agriculture et, partant, de la fragilité de l'explication purement économique. Car il n'y a pas que le thé...
Il fallait aussi évoquer dans cet article – outre les interviews qui font un « bon » article bien vivant – les causes agronomiques de l'échec. En bref, selon un intertitre, « Le tout bio "impossible" sans préparation ».
Et, selon un autre (une citation) il faut « "Un passage au bio graduel et étalé dans le temps" ».
Parce qu'on en rêve encore, du tout bio chez Reporterre, « reportage » d'Arte sur le « merveilleux » succès du Sikkim, en Inde, à l'appui. Sauf que, nous, sur ce blog... « "Sikkim, le premier État entièrement bio-organique au monde" sur TF1 : quelle indigence intellectuelle ! » ou encore, de Ludger Weß, « Le conte de fées du "100% bio" ».
Le petit coup d'anxiogenèse n'est pas oublié...
« ..."Le passage à l’agriculture biologique est bienvenu par beaucoup d’agriculteurs, explique la chercheuse sri-lankaise Hemanthi Ranasinghe, dans une étude de 2016. Dans certaines régions, plus de 20 000 personnes ont été hospitalisées [pour des maladies rénales chroniques]. [...] Le biologique présente des avantages certains pour la santé des agriculteurs." Comme d’autres experts, pour réussir le bio, elle préconisait "un passage au bio graduel et étalé dans le temps". »
Nous avons aussi traité de ce problème de maladie rénale sur ce site (par exemple, « Le glyphosate est-il un agent chélateur ? (3) ».
Mais le titre de l'article de Mme Hemanthi Ranasinghe (dont la fonction n'est pas précisée) se suffit à lui-même : « Organic Agriculture as a Sustainable Solution to Chronic Kidney Disease Unidentified (CKDu) » (l'agriculture biologique comme solution durable à la néphropathie chronique [d'origine] inconnue (CKDu)).
Les curieux trouveront une section « Contribution of agrochemicals to the onset of CKDu » (contribution des agrochimiques à la survenur de la CKDu)... Pas le moindre soupçon de début de commencement de suggestion d'un lien entre les deux.
On ne connait pas la cause de la CKDu... mais on a une solution environnementale...
Bravo Reporterre !