Le vent tournerait-il ? Le Guardian s'en prend à l'agriculture biologique
Amanda Zaluckyj, AGDAILY*
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Il n'y a plus grand-chose qui me surprend dans l'« ag-vocating ». J'ai littéralement tout entendu : les rots de vache qui détruisent notre planète, les agriculteurs qui ne se soucient pas de la santé des sols et Monsanto (ou MonSATAN, comme on dit) qui cherche à dominer le monde – rien de tout cela n'est vrai, bien sûr.
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Mais j'ai été étonnée de découvrir que le Guardian a récemment publié un article critiquant l'agriculture biologique. Intitulé « The most damaging farm products? Organic, pasture-fed beef and lamb » (les produits agricoles les plus nocifs ? Le bœuf et l'agneau biologiques nourris au pré), l'article donne un aperçu d'une affirmation choquante faite par l'auteur George Monbiot dans son nouveau livre, « Regenesis: Feeding the World Without Devouring the Planet » (regenèse : nourrir le monde sans dévorer la planète). Monbiot explique que les animaux biologiques ont une empreinte carbone plus élevée :
« Les exploitations bovines biologiques, dont les animaux prennent plus de temps pour arriver à maturité et ont besoin d'encore plus de terres, perdent deux fois plus d'azote pour chaque kilo de viande que les exploitations bovines conventionnelles. Dans la plupart des cas, leurs[...] émissions sont étonnamment élevées, même en comparaison avec l'élevage bovin conventionnel. »
Avant que quelqu'un ne s'emballe, Monbiot n'est pas un fan de l'élevage, qu'il soit conventionnel ou biologique. Dans l'article du Guardian, et probablement dans son livre, il affirme que les productions animales sont probablement l'activité la plus destructrice sur Terre. Il finit même par accuser les agriculteurs et les éleveurs de s'engager dans une vaste campagne de relations publiques visant à vendre le mythe selon lequel l'élevage n'est pas si mauvais que cela (c'est un peu comme si l'on prétendait que tout le monde est un vendu simplement parce qu'il détruit des mythes et dissipe la désinformation. Mais peu importe).
Alors pourquoi cet article mérite-t-il d'être mentionné ? Parce qu'il présente un changement – aussi subtil soit-il – dans le modus operandi du Guardian. La publication n'est pas connue pour son contenu favorable aux agriculteurs. Ironiquement, son appel aux dons (commodément situé au bas de l'article de Monbiot) prétend que les contributions des donateurs donnent au Guardian une « indépendance éditoriale » qui lui permet de donner la priorité à la dernière crise sans l'influence des annonceurs ou des politiciens. (N'oublions pas qu'il y a seulement deux ans, le Guardian a reçu 886.000 dollars pour écrire des articles critiquant spécifiquement l'impact de l'élevage.)
Cette sorte d'argent incite le Guardian à publier des contenus incendiaires et anxiogènes qui vous feront ouvrir votre portefeuille (le rédacteur en chef environnement du Guardian, Damian Carrington, est depuis longtemps un pro de cette tactique).
(Source)
Pourtant, il n'y a pas vraiment de meilleur exemple parmi les contributeurs du Guardian que Carey Gillam. Elle est connue pour ses articles incendiaires accusant les entreprises agricoles (dont le grand MonSATAN), les agriculteurs et le gouvernement d'empoisonner les gens et de détruire l'environnement.
En réalité, Gillam est une militante de l'agriculture biologique qui se cache derrière l'apparence d'une journaliste. Elle a commencé à s'intéresser à l'agriculture lorsque Reuters l'a chargée de couvrir ce secteur. Elle a finalement accepté un poste rémunéré au sein de l'organisation U.S. Right to Know, une initiative anti-OGM financée par l'Organic Consumers Association. Mme Gillam était l'employée la mieux payée de l'USRTK, avec un salaire à six chiffres. Elle dirige maintenant The New Leade, une initiative du Environmental Working Group (le même organisme responsable de cette stupide liste des douze s alopards, des Dirty Dozen), qui se concentre sur les litiges relatifs aux pesticides.
Le Guardian n'a absolument aucun problème à publier la propagande en faveur de l'agriculture biologique de Gillam comme s'il s'agissait de journalisme d'investigation légitime. Et ce, en dépit du fait que Gillam a fait l'objet de nombreuses critiques (voici ma préférée) pour son manque de rigueur scientifique et d'objectivité. En d'autres termes, Gillam n'est rien d'autre qu'un porte-parole du biobusiness – et le Guardian n'a absolument rien à redire à cela.
Aussi, lorsque le Guardian publie un article dénonçant l'agriculture biologique sans ménagement, cela mérite d'être souligné. Cela représente-t-il un schisme au sein de la Team Organic, de l'équipe biologique ? Le Guardian a-t-il décidé de se séparer de Gillam et de ses copains ? Ou ont-ils légitimement compris que la production biologique n'est pas la quintessence de la durabilité ?
A ce stade, aucun d'entre nous ne connaît la réponse. J'espère vraiment qu'il s'agit de la deuxième hypothèse, car nous sommes suffisamment inondés de fausses nouvelles, de propagande et de [insérez votre propre descripteur politiquement chargé ici]. Vu le ton de l'article de Monbiot, je doute que ce soit le cas. Ce type déteste tout simplement tous les agriculteurs. C'est un critique de l'égalité des chances, si vous voulez.
Quelle que soit la raison, je suis heureuse de voir quelqu'un remettre en question le radotage des activistes du bio. C'est encore mieux parce que c'est publié par un média qui a promu le récit pendant si longtemps. Indépendance éditoriale, pardi !
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* Amanda Zaluckyj tient un blog sous le nom The Farmer's Daughter USA. Son objectif est de promouvoir les agriculteurs et de lutter contre la désinformation qui tourbillonne autour de l'industrie agroalimentaire américaine.
Source : Turn of the tide? The Guardian puts organic farming on blast | AGDAILY
Ma note : Faut pas rêver... mais on peut toujours noter et espérer.
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