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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Le Canada a le potentiel pour devenir une superpuissance mondiale en agriculture... si nous faisons les choses correctement

28 Septembre 2022 Publié dans #Agronomie, #Economie

Le Canada a le potentiel pour devenir une superpuissance mondiale en agriculture... si nous faisons les choses correctement

 

Kristjan Hebert*

 

 

 

 

Alors que nous nous efforçons d'atteindre nos objectifs en matière de climat et de production, on ne saurait trop insister sur l'importance de la politique agricole. Et, si elle n'est pas bien conçue, les conséquences pourraient être désastreuses pour les agriculteurs canadiens. Je peux faire face à une mauvaise année, à une mauvaise récolte et même à Dame Nature, mais je ne peux pas me prémunir contre une mauvaise politique.

 

 

Notre réputation mondiale

 

En tant qu'industrie, nous avons besoin d'aide pour raconter l'histoire de l'agriculture canadienne à un public international. Nous devrions dire au monde entier ce que les producteurs canadiens font de bien et, en même temps, tenir le reste du monde responsable. Si des pays, comme la Chine et la Russie, refusent d'atteindre les objectifs climatiques, ce que nous faisons au Canada n'aura aucune importance.

 

Lorsque des consommateurs, des médias et même certains politiciens nous décrivent comme des pirates de l'environnement, plutôt que comme les intendants de l'environnement que nous sommes, cela peut être décourageant.

 

Je lance une invitation ouverte aux politiciens, aux décideurs et à d'autres personnes à visiter notre ferme et à voir de leurs propres yeux toutes les meilleures pratiques de gestion et les pratiques 4R** que nous mettons en œuvre chaque jour. La vue depuis la ferme est différente de celle depuis un immeuble de bureaux du gouvernement.

 

 

Des possibilités d'amélioration

 

J'en ai déjà parlé, mais il est essentiel d'améliorer les analyses de sol au Canada. Je trouve frustrant que certaines exploitations agricoles fassent les efforts et les dépenses supplémentaires pour analyser les sols, ce qui permettrait de prescrire des nutriments plus précis, et pas les autres. Il s'agit clairement d'un domaine où la politique agricole pourrait vraiment aider à diminuer davantage les émissions issues des engrais et à augmenter le carbone organique de nos sols. Un sondage réalisé par Fertilizer Canada en 2019 a révélé que seulement un tiers des agriculteurs canadiens effectuent régulièrement des analyses du sol – nous devons faire mieux !

 

Il y a une quantité incroyable de travail qui est fait dans l'agriculture de précision, l'agriculture sans labour (de conservation des sols) et les alternatives aux engrais. Il est important que les gens réalisent que nous ne surfertilisons pas parce que a) cela coûte cher et b) ce n'est pas bon pour le sol ou les cultures. Je compare souvent les engrais pour les cultures aux calories pour les humains. Ils sont essentiels.

 

 

Le carbone comme culture

 

Si nous faisons bien les choses, le Canada peut devenir une superpuissance mondiale en agriculture. Nous pouvons exporter le carbone comme n'importe quelle autre marchandise. C'est une occasion de créer et de mener la prospérité dans le monde et d'attirer des investissements internationaux au Canada. Cette politique ne devrait pas être surréglementée, ralentir et coûter cher à notre industrie. Il y a une abondance de capitaux alloués aux stratégies ESG [environnementales, sociales et de gouvernance] mondiales, assurons-nous de raconter notre histoire de réussite au Canada pour attirer ce genre de capitaux.

 

 

Infrastructures

 

Nous devons travailler sur les infrastructures – notamment les chemins de fer et les ports – afin de pouvoir expédier nos exportations vers les marchés internationaux. C'est une chose de dire au monde que nous pouvons lui fournir des aliments nutritifs, mais nous devons avoir des chaînes d'approvisionnement fiables et constantes. De plus, nous devrions chercher d'autres moyens de développer l'industrie à valeur ajoutée ici, au lieu d'expédier les produits à l'étranger pour qu'ils soient transformés.

 

 

Économies rurales

 

Parfois, nous sommes tellement pris par le mot à la mode « durabilité » que nous ne parlons pas assez de la durabilité de nos communautés rurales. Nous devons prendre soin des fermes, des familles, des travailleurs et des entreprises qui sont la source de vie de l'industrie agricole canadienne.

 

À mesure que nous centralisons dans nos villes des services comme la santé, l'éducation, les finances et même certains sports amateurs, nous éloignons progressivement les gens de nos communautés rurales.

 

Toutes les politiques environnementales du monde ne nous aideront pas si nous n'avons pas de gens pour diriger et travailler dans les fermes. Grâce à la Community Builders Alliance et à la Deep Roots Foundation du groupe Hebert, nous essayons de réinvestir dans notre communauté de Moosomin et dans la zone commerciale environnante. Mais nous avons besoin de ce genre d'investissements à plus grande échelle et ce n'est pas seulement la responsabilité du gouvernement – l'industrie privée devrait aussi considérer les communautés rurales comme un endroit où investir et redonner.

 

Bien que l'agriculture soit différente d'une province à l'autre et de l'est à l'ouest, nous avons tous une chose en commun : nous voulons que le secteur agricole du Canada prospère. Je pense qu'avec plus de collaboration, de communication et de consultation, nous serons sur la bonne voie. Nous devons tous garder à l'esprit que les théories mondiales peuvent être mises en œuvre avec des stratégies adaptées aux régions pour atteindre notre potentiel de superpuissance.

 

___________

 

Kristjan Hebert, agriculteur, Canada

 

Kristjan exploite 11.000 hectares dans le sud-est de la Saskatchewan, au Canada ; il produit de l'orge de brasserie, du blé de force roux de printemps, du canola, du seigle d'automne, des pois jaunes et de l'avoine. Il est rentré de l'université en 2008, déterminé à agrandir la ferme familiale à partir des 800 hectares qu'elle comptait dans son enfance.

 

Kristjan a mis à profit ses intérêts pour la finance (il est expert-comptable) et les gens pour prendre les décisions d'affaires et réunir l'équipe nécessaire à la croissance. L'exploitation conclut des contrats à terme sur ses cultures et ajuste la rotation des cultures dans une certaine mesure en fonction des contrats de vente auxquels elle a accès.

 

L'exploitation utilise le semis direct sur la plupart de ses terres et le travail minimum du sol sur le reste. Les technologies utilisées comprennent la fertilisation à taux variable et un plan de gestion des nutriments sur 6 à 9 ans qui inclut de nombreuses façons d'appliquer les engrais. Cela permet de gérer les risques les années où les prix des engrais sont élevés, comme cette année.

 

Kristjan travaille en collaboration avec son frère qui élève du bétail, afin de produire de l'ensilage pour le bétail, puis de mettre en place une culture de couverture disponible pour le pâturage, ce qui permet d'ajouter du fumier à la terre. D'un point de vue environnemental, il pense qu'il est important de faire travailler ensemble les agriculteurs et les éleveurs.

 

Source : Canada has the potential to be a global superpower in agriculture…if we do things right « Kristjan Hebert

 

** « Right source, right rate, right time, right place » (la bonne source, la bonne dose, le bon moment, le bon endroit), pour la fertilisation.

 

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