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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Il y a dix ans, l'Obs pulvérisait le mur de l'obscénité avec les rats de Séralini

20 Septembre 2022 Publié dans #OGM, #critique de l'information, #Activisme, #Gilles-Éric Séralini

Il y a dix ans, l'Obs pulvérisait le mur de l'obscénité avec les rats de Séralini

 

et contribuait à une formidable opération de comm' aux effets dévastateurs

 

 

La couverture du numéro du 20 au 26 septembre 2012 de l'Obs est un monument d'incurie éditoriale. « Oui, les OGM sont des poisons ! était-il annoncé en gros caractères.

 

L'Obs avait consenti à des conditions d'accès à l'article « scientifique » publié le 19 septembre 2012 dans Food & Chemical Toxicology draconiennes : il lui avait été interdit, sous peine d'un dédommagement exorbitant en cas de fuite, de soumettre l'article à d'autres scientifiques pour avis !

 

Un journaliste normalement constitué aurait flairé un loup... Mais...

 

L'Obs eut donc l'exclusivité pour un article princeps publié sur la toile le 17 septembre et repris le 20 dans l'édition papier, « EXCLUSIF. Oui, les OGM sont des poisons ! », sous la signature de M. Guillaume Malaurie.

 

En chapô :

 

« Des chercheurs français ont étudié secrètement, pendant deux ans, 200 rats nourris au maïs transgénique. Tumeurs, pathologies lourdes… une hécatombe. Et une bombe pour l'industrie OGM. »

 

On sait ce qu'il en est devenu. L'étude « scientifiqie » a été complètement discréditée.

 

D'ailleurs, le jour même où l'hebdomadaire arrivait dans les kiosques, le Figaro publiait un article au titre aussi neutre que possible, « L'étude sur les OGM fortement contestée ». Et, dans le texte, ce commentaire lapidaire du toxicologue Gérard Pascal : « Cela ne vaut pas un clou ».

 

En fait, il suffisait de lire le résumé pour parvenir à cette conclusion. Mais l'Obs n'en eut cure.

 

Sans recul, ni esprit critique, l'Obs publia donc une série de brûlots sur sept pages :

 

  • un entretien avec en surtitre « Le réquisitoire de Gilles-Éric Séralini », « Inconscience ? Lâcheté ? Collusion criminelle ? » (c'est une citation) ;

     

  • un extrait de « Tous cobayes ! » de M. Gilles-Éric Séralini, un livre produit dans le cadre d'une formidable opération de comm', « Les résultats nous font blémir » (c'est aussi une citation) ;

     

  • un extrait de « La vérité sur les OGM, c'est notre affaire ! » de Mme Corinne Lepage, un livre produit... (bis), « Les multinationales ont asservi les États » (c'est également une citation).

 

Il y eut d'autres articles sur le site web de l'Obs. On ne pourra s'empêcher de citer « OGM : quand la grande distribution finance une étude choc ». C'est un autre extrait de « Tous cobayes » ; M. Gilles-Éric Séralini y exposait fièrement et complaisamment le montage réalisé pour dissimuler l'origine des financements de l'étude. Sans recul, ni esprit critique, l'Obs a publié – ce qui, reconnaissons-le, nous permet de le citer aisément :

 

« Un montage financier ad hoc

 

Nous avons cependant dû sortir de ce cadre pour organiser le montage financier nécessaire à l’expérience. Pour éviter tout rapprochement disqualifiant avec les méthodes des industriels, il fallait un cloisonnement net entre les scientifiques, qui menaient cette expérience dans le respect d’une éthique de l’indépendance et de l’objectivité, et les associations qui la subventionnaient.

 

L’association Fontaine, regroupement pour des formations de management, avait permis de recruter plusieurs dizaines de donateurs qui se sont eux-mêmes regroupés sous le nom de CERES (1). Cette autre association, créée par Jacques Dublancq sous l’impulsion de Gérard Mulliez, a débloqué une première somme d’environ 500.000 euros qui nous a permis de mettre en route les premières phases de l’expérience.

 

Il n’était toutefois pas concevable qu’elle soit le commanditaire direct de l’étude. Nous ne pouvions nous exposer à apparaître aux yeux de nos détracteurs comme des scientifiques financés directement par le lobby de la grande distribution – d’une façon symétrique aux experts influencés par celui de l’agro-alimentaire. Et cela même si de nombreux autres métiers étaient représentés dans le Céres. »

 

Dans le Monde – dans « Un maïs OGM de Monsanto soupçonné de toxicité » (notez aussi l'angle...) daté du 19 septembre 2012 –, M. Stéphane Foucart s'était exprimé avec une étonnante modération sur les termes de l'embargo que le journal avait aussi accepté.

 

On imagine sans peine le ton qui aurait été adopté si cet embargo avait été le fait de Monsanto. On imagine aussi, sur la base de ses « Monsanto Papers », ce que cela aurait pu être pour un montage similaire de Monsanto...

 

L'Obs n'a jamais fait amende honorable... Pire, le 4 juillet 2018, il publia sur son site web « Séralini : "On détourne des fonds publics pour discréditer mes travaux sur les OGM !» sous la signature de M. Arnaud Gonzague. Rappelons que Food & Chemical Toxicology avait rétracté l'article sur ces travaux en novembre 2013, certes après s'être fait tirer les oreilles.

 

En chapô :

 

« Une étude contredit Gilles-Eric Séralini sur la dangerosité du maïs OGM pour les rats. Il dénonce une "malhonnêteté méthodologique". »

 

Il s'agissait de l'étude financée sur fonds européens G-TwYST – « Test de sûreté des plantes OGM sur 2 ans » qui concluait qu’« aucun risque potentiel pour les humains et les animaux n’a été identifié dans l’évaluation du maïs génétiquement modifié NK603. »

 

En fait, l'article de Séralini et al. valait son pesant de cacahuètes... par les photos de trois rats (pas quatre... il manque le témoin) qu'on a laissé vivre jusqu'à ce qu'ils fussent affligés de monstrueuses tumeurs suffisamment photogéniques.

 

 

(Source)

 

 

La photo des rats a fait des ravages dans le monde entier. On pense notamment au Kenya où la ministre de la Santé Publique, Beth Mugo s'est fondée sur l'article de Séralini et al. pour faire interdire les importations d'OGM... ce qui a bloqué le progrès génétique dans ce pays pour près de dix ans.

 

Les articles de l'Obs – dûment accompagnés de la photo des trois rats – eurent un retentissement considérable en France.

 

Dans « L'Affaire Séralini l'impasse d'une science militante », M. Marcel Kuntz écrivait :

 

« Dans des propos recueillis par l’AFP le 19 septembre 2012, le ministre français de l’Agriculture de l’époque, Stéphane Le Foll, annonçait vouloir en finir avec le "flou juridique" européen en matière de cultures transgéniques et affirmait qu’il fallait "revoir les protocoles d’homologation et permettre aux États de faire des choix, pour ou contre" les OGM sur leur territoire (on notera ici la récupération politique d’une affaire qui concernait, éventuellement, un seul type de maïs, le NK603, afin de refuser la culture de tous les OGM). Le projet du gouvernement se concrétisa finalement en 2014, par une loi interdisant toutes cultures de ces maïs. »

 

Il se concrétisa aussi au niveau européen par la possibilité accordée aux États membres d'interdire la culture, sur tout ou partie de leur territoire et sur la base de motifs fondamentalement spécieux, d'un OGM qui serait – miraculeusement – autorisé au niveau européen. Miraculeusement car on ne voit pas les instances de décision européennes faire preuve d'un peu de courage politique pour admettre l'évidence : les OGM autorisés sont sûrs... tellement sûrs que bon nombre d'entre eux sont autorisés à l'importation et à l'utilisation pour l'alimentation humaine et animale.

 

L'Obs avait contribué – on peut penser sciemment et sans scrupules, tant la manœuvre de comm' était évidente – à une formidable opération de désinformation et de manipulation politico-médiatique.

 

Ce 20 septembre 2022 est un triste jour anniversaire.

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J
Il est effrayant de constater qu'il se trouve toujours des journalistes pour se faire les facteurs de telles campagnes aussi mensongères.<br /> <br /> On sait malheureusement que la peur, ça fait vendre, et qu'il n'y a pas beaucoup de répercussions pour la semer. Les journalistes qui se sont fait l'écho de Wakefield, Joyeux, Belpomme et Séralini n'ont pas vu leurs carrières en pâtir, et ce sera la même chose pour Raoult.<br /> <br /> Et si on ajoute que cet article sur Séralini correspondait parfaitement aux biais personnels des journalistes, on ne pouvait aboutir qu'à cela.<br /> <br /> Enfin, espérons que la crise énergétique à venir nous rappelle la nécessité d'une information correcte sur la science et la technologie.
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H
La presse relaie toujours autant d'absurdités. Les journalistes sont affreusement ignorants et/ou fanatisés. Regardez celle-là elle est formidable (et complètement impensable), une journaliste qui affirme que dans le blé, on ne récolte que les petites graines, le reste, la paille est jetée ou brûlée : https://www.terre-net.fr/actualite-agricole/politique-syndicalisme/article/la-paille-jetee-ou-brulee-l-erreur-d-une-journaliste-tv-fait-reagir-les-agris-205-221146.html
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