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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Vandana Shiva et les graines du désastre agricole sri-lankais

4 Août 2022 Publié dans #Vandana Shiva, #Activisme, #Sri Lanka

Vandana Shiva et les graines du désastre agricole sri-lankais

 

Myles Power*

 

 

Ce tweet a été pas mal liké. Du coup, je traduis... C'est un texte édifiant. (Source)

 

 

Depuis des décennies, des ONG comme Greenpeace, des célébrités bien intentionnées mais mal informées comme Mark Ruffalo et la menace pour la sécurité alimentaire mondiale elle-même, Vandana Shiva, nous disent que l'agriculture biologique est plus durable et produit des rendements comparables aux méthodes agricoles conventionnelles. Nous souhaitons tous, moi y compris, que ce soit vrai, mais au fond de nous-mêmes, nous savons tous, lorsque nous voyons le prix élevé des produits biologiques, que ce n'est pas le cas. La triste réalité est que le mouvement biologique n'est rien d'autre que du marketing déguisé en un mouvement populaire qui s'appuie sur l'ignorance de ses propres consommateurs et l'amplifie. Il survit en déformant la science et en promouvant un faux discours selon lequel les aliments biologiques sont en quelque sorte plus sûrs ou plus nutritifs que les aliments conventionnels. Cela ne veut pas dire que les problèmes liés à l'agriculture chimique intensive à grande échelle ne manquent pas, mais la solution à ces problèmes ne consiste pas à nous ramener à l'âge des ténèbres et à ignorer toutes les avancées technologiques qui ont permis à tant de personnes de ne plus mourir de faim. Pourtant, nombreux sont ceux parmi nous qui romantisent la production alimentaire archaïque et aspirent à revenir à une époque antérieure aux engrais et pesticides de synthèse. Le désormais ancien président sri-lankais, Gotabaya Rajapaksa, nous a montré à quoi ressemblerait un tel monde lorsqu'il a tenté de faire passer les agriculteurs du pays à l'agriculture biologique. Le résultat a été une crise économique et humanitaire au cours de laquelle le Sri Lanka a perdu sa sécurité alimentaire et un demi-million de personnes ont été repoussées dans la pauvreté. C'est l'un des nombreux facteurs qui ont conduit à de vastes manifestations au Sri Lanka, que l'administration Rajapaksa a tenté de réprimer par des moyens autoritaires, en imposant des couvre-feux, en restreignant l'accès aux réseaux sociaux, en agressant des manifestants et des journalistes et en arrêtant des militants opérant en ligne. Elle n'a cependant pas réussi et, au moment où nous écrivons ces lignes, Rajapaksa s'est enfui à Singapour après que des manifestants ont envahi le palais présidentiel. Le premier ministre du Sri Lanka, Ranil Wickremesinghe, a prêté serment en tant que président par intérim, alors que le pays est en proie à une crise économique et à des troubles.

 

 

Des manifestants se rassemblent devant le bureau du président à Colombo, Sri Lanka.

 

 

Sept mois après avoir forcé ses agriculteurs à passer au bio, le gouvernement est revenu sur sa décision et a sollicité un prêt de 700 millions de dollars américains auprès de la Banque Mondiale pour relancer son secteur agricole en lui fournissant des produits agrochimiques importés à la suite de la catastrophe. C'est le côté obscur de l'agriculture biologique.

 

L'ancien officier de l'armée, et désormais ancien président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa a été élu en 2019 en grande partie grâce à sa réputation de dynamisme impitoyable. Par exemple, en tant que secrétaire à la défense en 2009, il avait brutalement mis fin à une longue guerre civile contre les rebelles tamouls, et en tant que secrétaire au développement urbain, il avait « embelli » les villes en chassant des milliers de personnes des bidonvilles. Avant sa présidence, il a constaté la croissance du Viyath maga – un mouvement composé d'« universitaires, de professionnels et d'entrepreneurs » qui réclamaient le retour de l'agriculture biologique. Sentant une opportunité d'engranger des voix, Rajapaksa s'est engagé à faire passer les plus de deux millions d'agriculteurs du pays au bio dans le cadre de sa campagne électorale de 2019.

 

Selon certaines hypothèses, Rajapaksa – qui n'a aucune compréhension de la biologie ou de l'agriculture – visait à transformer l'économie agricole du Sri Lanka en une entreprise purement biologique dans l'espoir que les consommateurs seraient prêts à payer une prime pour ses exportations. D'autres pensent qu'il voulait simplement économiser de l'argent sur les importations alors que lui et son gouvernement savaient que l'agriculture biologique ne pouvait pas nourrir la population sri-lankaise. Quelles que soient les motivations de Rajapaksa, c'est Navdanya International, une organisation non gouvernementale basée en Inde, qui l'a conseillé sur la manière de réaliser un tel changement. Malheureusement pour le peuple sri-lankais, Navdanya International est une organisation pseudo-environnementale fondée par Vandana Shiva, théoricienne du complot et mythomane bien connue et tenace.

 

 

Vandana Shiva

 

 

Vandana est une militante indienne de l'environnement et de la souveraineté alimentaire qui pointe du doigt les modèles économiques et les institutions occidentales. Elle est connue pour son activisme enflammé contre l'agriculture moderne, qui lui a valu de nombreuses récompenses de la part de Nations industrielles bien nourries, mais aussi des tonnes de critiques de la part de ceux qui souffrent de ses actions. Avec son organisation Navdanya International, elle fait activement campagne pour faire refuser aux agriculteurs des pays en développement l'accès aux techniques modernes que les agriculteurs des pays développés ont utilisées pour augmenter les rendements et les profits tout en réduisant l'utilisation de pesticides. Pour ce faire, elle perpétue les mythes sur les taux de suicide des agriculteurs en Inde, attise les flammes de l'hystérie anti-OGM et minimise l'impact de la Révolution Verte, tout en fétichisant la production alimentaire archaïque dans le monde en développement, estimant que les villages de l'Inde rurale doivent rester tels quels, comme des vitrines à observer par l'élite bien nourrie. Dans un rapport confidentiel ayant fait l'objet d'une fuite, le Bureau Indien des Renseignements s'est inquiété des liens entre Vandana Shiva et les ONG financées par l'étranger, dont Navdanya, qui entravent activement la croissance et le développement de l'Inde.

 

« Ces donateurs étrangers amènent les ONG locales à fournir des rapports de terrain qui sont utilisés pour constituer un dossier contre l'Inde et servent d'outils pour les intérêts stratégiques de politique étrangère des gouvernements occidentaux. » – Bureau Indien des Renseignements

 

Pourtant, de façon incroyable, elle a réussi à transformer ses absurdités génocidaires en un outrage monnayable et demande maintenant jusqu'à 40.000 dollars pour faire la leçon aux riches sur la raison pour laquelle les pauvres devraient mourir de faim. Cependant, Vandana ne s'engagera jamais dans un débat ouvert avec un adversaire qui pourrait la menacer ou être en désaccord avec elle, préférant cracher du poison sur la technologie qu'elle n'aime pas depuis la sécurité de sa chambre d'écho. Elle agit ainsi parce qu'elle sait que si elle devait s'engager dans un débat avec ses détracteurs, son indignation moronique, monnayable et digne d'Alex Jones, serait descendue en flammes pour la pure absurdité de la conspiration qu'elle représente.

 

Vandana est également un écrivain prolifique et est l'auteur de plus de vingt livres, dont le plus célèbre est peut-être Ecofeminism [Ma note : cet ouvrage a Maria Mies pour co-auteur]. Personnellement, j'ai trouvé que son magnum opus n'était rien d'autre qu'une salade de mots avec des concepts clés non définis, une utilisation excessive du langage émotionnel ne s'appuyant pas sur des faits concrets, et une formulation ambiguë qui laisse beaucoup de place à l'interprétation du lecteur. Je suis fier de ma grande tolérance à l'hyperbole, mais après avoir lu le mot « viol » un million de fois, ainsi qu'avoir découvert que « les OGM incarnent la vision du patriarcat capitaliste » et qu'ils « perpétuent l'idée de molécules maîtresses », j'ai décidé qu'il était temps de poser le livre. Bien que je doive admettre que j'ai gloussé à la section sur les chemtrails et les volcans artificiels.

 

« La guerre planétaire se déroule avec la géo-ingénierie – créer des volcans artificiels, fertiliser les océans avec de la limaille de fer, mettre des réflecteurs dans le ciel pour empêcher le soleil de briller sur la Terre, déplacer le vrai problème de la violence de l'homme contre la Terre, et l'ignorance arrogante pour y faire face. » – Vandana Shiva

 

On retrouve ce même genre de babillage absurde sur le site de Navdanya International.

 

« Navdanya promeut un nouveau paradigme agricole et économique, une culture de l'alimentation pour la santé, où la responsabilité écologique et la justice économique remplacent l'avidité actuelle, le consumérisme et la compétition qui sont devenus dominants dans la société. Elle vise à retrouver le bien commun comme fondement d'un sens renouvelé de la communauté, de la solidarité et de la culture de la paix.

 

Nous nous efforçons d'atteindre ces objectifs par la conservation, le renouvellement et le rajeunissement des dons de la biodiversité que nous avons reçus de la nature et de nos ancêtres, et de défendre ces dons en tant que biens communs. » – Navdanya International

 

Vandana s'identifie comme une « scientifique », une « physicienne quantique » et une « physicienne nucléaire », alors qu'elle n'a pas les qualifications et/ou l'expérience nécessaires pour obtenir ces titres. Elle ment souvent sur ses réalisations, déclarant que son doctorat était en physique nucléaire – une affirmation reprise par des centaines d'organisations et d'éminents journalistes. Une affirmation facilement réfutable en écoutant simplement ce qu'elle a à dire. Par exemple, une personne titulaire d'un doctorat en physique nucléaire pourrait-elle dire ce qui suit ?

 

« Le sol ne fabrique pas seulement du carbone et de l'azote. Le sol fabrique tous les éléments du tableau périodique » – Vandana Shiva (à 14:23)

 

Selon l'Université de Western Ontario, où elle a obtenu son doctorat, celui-ci n'était pas en physique, comme elle le prétend, mais en philosophie. Sa thèse, intitulée « Hidden variables and locality in quantum theory » (variables cachées et localité dans la théorie quantique), a conclu à tort que la mécanique quantique en physique était philosophiquement invalide et factuellement douteuse, ce qui la mettait en contradiction avec la réalité factuelle. Indépendamment de la qualité de ses recherches, il y a un grand pas à franchir entre l'obtention d'un doctorat en philosophie avec une thèse axée sur la philosophie de la physique et la prétention d'être une physicienne nucléaire. Lorsqu'on lui demande des précisions sur ses qualifications ou ses réalisations, Vandana fait de son mieux pour éluder la question et tout ce qui s'ensuit, comme elle l'a fait avec le journaliste d'investigation Michael Specter. Ce dernier l'a interrogée sur la jaquette de l'un de ses livres qui affirmait qu'« avant de devenir une activiste, Vandana Shiva était l'une des principales physiciennes de l'Inde », ce à quoi elle a simplement répondu « Google it », coupant ainsi court à la conversation. En plus de mentir sur ses références, Vandana n'a pas non plus de formation académique formelle en nutrition, toxicologie, biologie, génétique, agriculture, sélection végétale ou économie, mais elle est souvent citée et considérée à tort comme une experte dans ces domaines.

 

C'est sur les conseils de cette femme et de son organisation, Navdanya International, que le président Rajapaska a pris la décision désastreuse, le 29 avril 2021, d'interdire les engrais et pesticides chimiques. Pour tenter de mieux comprendre quels conseils ont été donnés au gouvernement sri-lankais et à son peuple, j'ai regardé la vidéo « Professor Vandana Shiva's speech about Sri Lankan Organic Transformation » qui a été publiée avant l'interdiction.

 

 

Il semble que Vandana, plutôt que de profiter de cette occasion pour préparer le peuple sri-lankais aux changements agricoles radicaux dont elle est le fer de lance, ait préféré parler d'elle-même, de ses livres et des innombrables prix et distinctions qu'elle a reçus. Le peu de temps qui n'était pas consacré à l'autopromotion n'était manifestement pas sous-titré [was clearly unscripted], car il manquait un but ou une direction claire, Vandana faisant constamment des méandres entre plusieurs points sans rapport. Cependant, lorsque vous coupez à travers le bruit et les jeux de mots insignifiants, les mots déviants et les bravades, il y a plusieurs choses que Vandana déclare qui l'exposent comme la dangereuse escroc qu'elle est.

 

« Il y a 125.000 plaintes déposées devant les tribunaux américains, après qu'Eric Séralini en France, puis l'OMS – l'agence internationale de recherche sur le cancer – ont montré que c'était un cancérigène probable. Donc, je vous souhaite à tous d'être forts, et je suis là pour travailler avec vous. J'ai survécu à ce cartel du poison pendant quatre décennies, j'ai donc de l'expérience dans la résistance contre le cartel du poison ! »– Vandana Shiva (à 25:57)

 

En 2018, un jury a estimé que le géant chimique Monsanto savait que ses désherbants Roundup étaient dangereux et a ordonné à Bayer, qui a racheté le géant la même année, de verser 289 millions de dollars de dommages et intérêts à un homme qui affirmait que l'herbicide avait provoqué son cancer. Cependant, la science n'est pas débattue dans le prétoire ; elle l'est dans la littérature où le consensus est que le glyphosate (l'ingrédient actif du RoundUp) n'est pas cancérigène. Il est important de se rappeler qu'il ne s'agit pas d'une décision ou d'une conclusion scientifique, mais de l'opinion d'un petit groupe de personnes choisies au hasard et n'ayant aucune formation scientifique. Le glyphosate n'est pas soudainement devenu cancérigène parce que ces profanes le pensent.

 

Le verdict a ouvert les vannes aux profiteurs anti-OGM et aux véritables malades du cancer désemparés qui, après des décennies de désinformation, pensent que leur maladie est due à l'exposition à l'herbicide, et engagent une action en justice contre Bayer. Cependant, le fait qu'il y ait maintenant un grand nombre de personnes qui agissent contre Bayer ne signifie toujours pas que le glyphosate est cancérigène.

 

En 2012 a été publié l'article très discrédité et maintenant rétracté « Long-term Toxicity of a Roundup Herbicide and a Roundup-Tolerant Genetically Modified Maize », également connu sous le nom d'article de Séralini, qui montre soi-disant un lien entre les OGM et l'herbicide RoundUp, d'une part, et le cancer et la mort prématurée, d'autre part. J'ai discuté ad nauseam des diverses failles qui se trouvent au cœur de l'expérience rapportée dans cet article et de la façon dont les lecteurs ont été trompés. Le plus accablant est peut-être que les données brutes elles-mêmes sont cachées dans des graphiques désordonnés et non dans un tableau clair et concis. Si l'on supprime la date limite arbitraire que les auteurs ont utilisée pour arriver à leur conclusion prédéterminée, les données montrent que les rats mâles qui ont bu de grandes concentrations d'herbicide ont en fait vécu le plus longtemps.

 

D'un point de vue personnel, je trouve que cette recherche est hautement contraires à l'éthique, car les scientifiques impliqués ont permis aux rats de leur étude – qui sont connus pour développer spontanément des tumeurs – de rester en vie alors que le cancer consumait leur corps jusqu'à atteindre 25 % de leur poids corporel. Il n'y a aucune raison pour laquelle ils ont permis que cela se produise, si ce n'est pour obtenir des images inutiles et non scientifiques destinées à susciter une réaction émotionnelle chez le lecteur. Même dans ce cas, ils ont négligé d'inclure la photo d'un rat du groupe témoin, induisant délibérément le lecteur en erreur en lui faisant croire que les tumeurs ne sont pas apparues dans ce groupe.

 

 

Photos des rats de l'étude. Le groupe témoin est volontairement absent pour induire le lecteur en erreur et lui faire croire que les tumeurs ne sont pas apparues dans ce groupe.

 

 

En 2015, un organisme de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), a publié une monographie indiquant qu'il existait des preuves suffisantes chez les animaux que le glyphosate était cancérogène et des preuves limitées de cancérogénicité chez l'homme. Pour être franc, le rapport du CIRC a déformé la science dans le nombre limité d'articles qu'il a référencés, au point qu'un des auteurs cités a déclaré ce qui suit...

 

« Ils [le CIRC] se sont complètement trompés. Ils ont dit que l'étude montrait qu'il y avait une relation [...] C'est certainement une conclusion différente de celle à laquelle nous sommes arrivés. » – Keith Solomon

 

Chacune des affirmations du document qui était citée peut être rejetée car les auteurs de la monographie, délibérément ou non, ont présenté la science sous un faux jour et, ce faisant, ont terni la réputation de l'OMS. Pour ceux qui sont intéressés, James, co-animateur de The League of Nerds, et moi-même avons réalisé une vidéo dans laquelle nous discutons du rapport du CIRC et montrons à quel point il est embarrassant et vide.

 

 

Le billet de blog sur lequel la vidéo est fondée peut également être trouvé ici.

 

« Donc, ils ont apporté l'OGM, euh ... le cotonnier Bt à Vidarbha et cela a été décidé. Ils l'ont apporté illégalement. Je les ai poursuivis devant la Cour Suprême de l'Inde et ils ont arrêté de vendre. Ils ont obtenu une approbation seulement après 4 ans de 2002. Ils l'ont introduit illégalement en 1998. » – Vandana Shiva (à 30:51)

 

Le « Bt » dans « cotonnier Bt » signifie Bacillus thuringiensis. Il s'agit d'une bactérie commune du sol qui produit des toxines uniques, mortelles pour les larves des papillons qui se nourrissent normalement des cultures. Ces toxines ont fait l'objet de recherches approfondies et sont considérées comme plus sélectives et plus sûres pour les organismes non ciblés que les insecticides classiques. Leur mode d'action nécessite un pH basique et certains récepteurs et enzymes spécifiques que l'on sait présents dans l'intestin des insectes, mais absents chez d'autres animaux comme les vertébrés. Les toxines sont si peu toxiques pour les mammifères que lorsque des souris ont reçu 3.289 mg/kg de l'une d'entre elles (CryIAb delta endotoxine) en une seule dose, aucun effet indésirable n'a été enregistré. Pour replacer ce chiffre dans son contexte, cela équivaudrait à ce qu'un homme britannique moyen (qui pèse 84 kg) avale 276,3 grammes de toxine purifiée et ne ressente aucun effet indésirable. Les agriculteurs biologiques pulvérisent depuis longtemps des bactéries Bt séchées sur leurs cultures car elles sont considérées comme un pesticide naturel. Lorsque le gène bactérien permettant de fabriquer une toxine Bt a été introduit par génie génétique dans le maïs et le cotonnier, les plantes transgéniques qui en ont résulté étaient capables de tuer les parasites par elles-mêmes, sans qu'il soit nécessaire de les traiter. En outre, comme la toxine se trouve à l'intérieur de la plante, même les insectes foreurs du maïs qui échapperaient aux pulvérisations d'insecticides sont vaincus. Le résultat est une réduction drastique de l'utilisation des pesticides, une étude rapportant que dix fois moins d'ouvriers agricoles sont hospitalisés pour des affections causées par les produits chimiques agricoles. Malgré cela, les militants anti-OGM désapprouvent toujours les cultures transgéniques Bt, Vandana les dénonçant comme...

 

« Semences de suicide, semences d'esclavage, semences de désespoir » – Vandana Shiva.

 

En mars 2002, le gouvernement indien a approuvé la mise en circulation d'un certain nombre de variétés [hybrids] de cotonnier contenant l'un des gènes Bt létaux pour les chenilles. Cependant, le cotonnier Bt était déjà cultivé illégalement en Inde des années avant l'introduction de ces variétés. Si l'on écoute Vandana, on a la nette impression que quelque chose d'infâme se préparait et qu'elle était la seule à s'être opposée aux multinationales semencières occidentales qui auraient contourné la souveraineté de son pays et imposé leurs « semences d'esclavage » aux agriculteurs sans défense. En réalité, Vandana a combattu, et combat toujours, les agriculteurs mêmes dont elle se dit la championne.

 

Les agriculteurs indiens voulaient cultiver des plantes qui ne seraient pas victimes de parasites, et éviter les coûts et les dangers liés à l'utilisation de pesticides. Un marché noir s'est développé à partir de cotonnier Bt volé dans les parcelles d'essai de Mahyco-Monsanto et, rapidement, une industrie artisanale s'est développée grâce à laquelle de petits sélectionneurs croisaient des variétés locales fiables avec les plantes transgéniques. Ces variétés pirates de cotonnier Bt ont été sélectionnées soit par des entreprises opérant en dehors de la loi, soit par les agriculteurs eux-mêmes, ce qui a donné lieu à des centaines de variétés de cotonnier Bt. En 2005, dans ce qui a été décrit depuis comme un acte d'« anarcho-capitalisme », on estimait que 2,5 millions d'hectares de cotonnier Bt piraté avaient été plantés – soit deux fois la superficie du cotonnier Bt semé à partir des graines de Monsanto.

 

Vandana et ses collègues militants anti-OGM, anti-progrès et anti-humains ont échoué à s'imposer auprès des agriculteurs indiens qui montraient qu'ils n'étaient pas des récipiendaires passifs de la technologie ou de la propagande, mais qu'ils jouaient un rôle actif dans l'organisation de leur vie. Ce que les agriculteurs ont fait est peut-être plus subversif pour le capitalisme multinational que tout ce que Vandana a réalisé.

 

Après l'adoption du cotonnier Bt par les agriculteurs indiens, le pays est passé du statut d'importateur à celui d'exportateur de coton, les rendements étant passés de 17 millions de balles à 27 millions. Dans le même temps, l'utilisation de pesticides a diminué de 50 % et le revenu total des cultivateurs indiens est passé de 840 millions à 1,7 milliard de dollars. En conséquence, la qualité de vie des agriculteurs producteurs de coton Bt et de leurs familles a augmenté.

 

« Une étude portant sur 9.300 ménages cultivant ou non du cotonnier Bt en Inde a indiqué que les femmes et les enfants des ménages cultivant du cotonnier Bt ont légèrement plus accès aux avantages sociaux que les autres. Il s'agit notamment d'une légère augmentation des visites prénatales, d'une aide pour les accouchements à domicile, d'une plus grande scolarisation des enfants et d'une plus grande proportion d'enfants vaccinés. » – ISAAA

 

Vandana contredit directement ces propos en affirmant comme un fait que les producteurs de coton biologique gagnent dix fois plus que ceux qui cultivent le cotonnier Bt.

 

« Nous avons créé Navdanya – c'est pourquoi nous pratiquons une agriculture biologique écologique régénératrice – et les résultats sont maintenant là. Pas seulement en Inde, mais dans le monde entier. Dans euh... la région de Vidarbha, les agriculteurs qui ne cultivaient pas le coton Bt gagnaient dix fois plus. » – Vandana Shiva (à 32:53)

 

« Nos recherches montrent que les agriculteurs qui pratiquent la ré-agriculture chimique et qui ne se font pas exploiter sur le marché gagnent dix fois plus. » – Vandana Shiva (à 51:16)

 

Une rapide recherche sur Google révèle qu'elle a fait cette affirmation dès 2009, sans preuve.

 

 

Je ne trouve aucune preuve que les producteurs de coton biologique gagnent dix fois plus que leurs homologues cultivant des OGM. L'explication la plus proche que j'ai trouvée se trouve dans une interview de Vandana datant de 2020, où elle précise que ce ne sont pas les agriculteurs biologiques indiens moyens, mais les agriculteurs de Navdanya qui réalisent des bénéfices extraordinaires :

 

« Les fermes des agriculteurs de Navdanya produisent plus de nourriture et gagnent 10 fois plus que ceux qui cultivent des produits de base pour l'économie mondiale. » – Vandana Shiva

 

La seule explication au fait que les agriculteurs de Navdanya puissent vendre leur coton à dix fois la valeur du marché est que Vandana a utilisé sa célébrité et ses relations pour vendre le coton à un prix supérieur – ce que l'agriculteur indien moyen ne peut pas faire. C'est une situation gagnant-gagnant pour Vandana qui peut maintenant dire au monde entier que le coton biologique est économiquement plus viable tout en réalisant un joli bénéfice à côté. L'autre explication est qu'elle a menti ! [Ma note : À 33:30, elle prétend travailler avec les Kardashian,]

 

Vers la fin de son discours sur la « transformation biologique du Sri Lanka », Vandana contredit pratiquement tous les partisans de l'agriculture biologique lorsqu'elle admet ouvertement que l'agriculture biologique n'a pas un rendement aussi élevé que les méthodes agricoles conventionnelles.

 

« Quand on fait du bio, mais alors on ne mesure pas le rendement... euh, vous savez, je suis tellement heureuse que le Dr Crisaad ait parlé du passage de la quantité à la qualité. Mais la qualité, c'est la bonne quantité de divers nutriments. Donc, nous avons plus d'énergie, plus de protéines, plus de carotène, plus d'acide folique, plus de fer par acre et j'ai réalisé, lorsque je faisais l'étude sur la révolution verte, que mesurer le rendement n'est pas une mesure précise, parce que le rendement par acre mesure clairement ce qui va quitter la ferme, ce qui va quitter le Sri Lanka. Il ne mesure pas ce qui va arriver à la terre du Sri Lanka. Il ne mesure pas ce qu'il adviendra de l'océan. Il ne mesure pas ce qu'il adviendra de la biodiversité. Il ne mesure pas si l'agriculteur s'est retrouvé endetté et s'est suicidé. Et il ne mesure certainement pas la qualité de la nourriture. » – Vandana Shiva (à 17:04)

 

Elle savait ce qui allait arriver au peuple sri-lankais ! Elle savait depuis le début que l'agriculture biologique n'a pas un rendement aussi élevé que l'agriculture conventionnelle et, voyant le désastre imminent, elle a tenté de s'en sortir en perpétuant le mythe selon lequel les aliments biologiques sont en quelque sorte plus nutritifs. Cette tactique montre également que Vandana n'a aucun mal à léser les personnes qu'elle prétend représenter. Incapable de convaincre les agriculteurs que les cultures génétiquement modifiées ou les produits de la Révolution Verte sont mauvais pour eux parce que leur expérience directe leur dit le contraire, Vandana déploie ses efforts pour persuader leurs clients et le grand public que leurs produits présentent des carences nutritionnelles. Comme je l'ai déjà dit, Vandana n'est pas celle qui sauve les agriculteurs indiens, elle est une menace pour eux !

 

Son discours, avec le recul, était un signe des choses à venir, car il est clair que Vandana et son ONG étaient trop profondément impliquées. Ils n'avaient aucune idée de ce qu'ils faisaient au Sri Lanka, et ne savaient pas non plus comment atteindre l'objectif purement biologique de Rajapaksa. Alors qu'elle aurait dû être en train d'expliquer comment le gouvernement sri-lankais envisage la transition de ses agriculteurs, elle nous explique, comme à un enfant, que les plantes produisent de l'oxygène. Lorsque des millions de personnes s'inquiètent de l'effet que l'interdiction des pesticides de synthèse aura sur le rendement, elle nous dit confusément qu'il ne faut pas s'inquiéter car sans pesticides, il n'y a pas de parasites, seulement des insectes. Et lorsque des personnes extérieures inquiètes mettent en garde contre la catastrophe imminente, Vandana attise les flammes de la haine raciale en disant au peuple sri-lankais que les Européens ne se soucient que de ce qu'ils peuvent extraire de votre pays.

 

Avec Vandana et Navdanya à la barre, le cataclysme de l'agriculture biologique était-il si surprenant ? Je ne le pense pas – mais nous y reviendrons la prochaine fois.

 

____________

 

Bonjour Internet ! Je m'appelle Myles Power et je suis un chimiste du nord-est de l'Angleterre, qui aime faire des vidéos pour essayer de contrer la pseudo-science et de démystifier le charlatanisme sous toutes ses formes ! Du battage médiatique autour des OGM à l'atrazine qui rend les grenouilles gay, j'essaierai de couper court aux absurdités qui circulent !

 

Source : Vandana Shiva and the Seeds of the Sri Lankan Farming Disaster – Myles Power

 

(Source)

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J
Rien à voir mais GROS mensonge de Greeenpeace dans leur dernière newsletter:<br /> https://www.greenpeace.fr/en-espagne-le-secteur-de-lelevage-industriel-veut-nous-reduire-au-silence/<br /> <br /> En légende d'une photo ils disent:<br /> L’élevage intensif de vaches laitières de Valle de Odieta S.C.L, près de Caparroso, en Espagne. Les veaux sont élevés dans de petits box individuels, sur plusieurs rangées, où ils ne peuvent pas se retourner et sont privés de tout contact avec leur mère. © Tania Garnica / Greenpeace<br /> <br /> et sur leur twitter on voir clairement les veaux retournés... oups<br /> https://twitter.com/greenpeace_esp/status/1373906190170734593
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