La fille du fermier : des avocats avides d'argent ciblent encore un autre herbicide dans des publicités télévisées

La fille du fermier : des avocats avides d'argent ciblent encore un autre herbicide dans des publicités télévisées

Amanda Zaluckyj, AGDAILY*

Si vous interrogez n'importe quel groupe d'Américains, il est probable qu'ils vous diront que les publicités politiques télévisées sont les pires qui soient. Et à l'approche des élections de mi-mandat, la situation est sur le point de s'aggraver. D'ici peu, nos séries policières et nos émissions de télé-réalité préférées seront interrompues par des publicités aggressives, des avertissements payants et des politiciens faisant maladroitement semblant d'être des gens normaux.

Mais je suis sur le point d'abattre un atout (« trump card » – bien sûr, jeu de mots) auquel vous ne vous attendiez pas. Les pires publicités sont celles qui sollicitent des clients pour des litiges de masse (vous savez, comme les actions collectives). Nous les connaissons tous : les mailles utilisées pour la réparation des hernies, les implants mammaires et l'amiante.

Si vous avez regardé la télévision à peu près n'importe où dans notre pays en mars et avril, vous aurez probablement vu des publicités sollicitant des plaignants potentiels qui ont été exposés au paraquat, un outil de protection des plantes, et ont ensuite développé la maladie de Parkinson. Près de 15.000 publicités ont été diffusées en avril, pour un montant de 1,9.million de dollars. Les poursuites judiciaires visant le paraquat ne sont pas nouvelles – elles ont commencé en 2017 – mais le blitz médiatique a été le plus important jamais réalisé en mars et avril 2022. Bien que la campagne de 2021 n'était pas à dédaigner.

Capture d'écran de The Collins Law Firm

Si cette histoire vous est familière, vous avez probablement suivi les procès du Roundup. Dans ces affaires, les plaignants affirmaient que l'exposition au Roundup, notamment à son ingrédient actif, le glyphosate, leur avait fait développer un lymphome non hodgkinien. Pas une seule agence de réglementation des pesticides dans le monde n'a conclu que les données soutenaient une telle association, y compris la récente décision de l'Agence européenne indépendante des produits chimiques. Mais cela n'a pas empêché les jurys de condamner des entreprises agricoles diabolisées et d'accorder des verdicts de millions de dollars à des personnes sympathiques atteintes de maladies en phase terminale.

Voir aussi : La fille du fermier : j’ai appelé par curiosité le numéro vert d'un cabinet d'avocats pour le glyphosate. Voici ce qui est arrivé.

Comme le Roundup, le paraquat est un herbicide largement utilisé aux États-Unis. Contrairement au glyphosate, c'est un pesticide à usage restreint et ne peut être appliqué que par des applicateurs certifiés. Selon l'Agence Américaine de Protection de l'Environnement, une seule gorgée est mortelle (qui peut oublier les ridicules railleries du genre : « Si le glyphosate est sans danger, alors pourquoi n'en buvez-vous pas ? »). Curieusement, certaines personnes versaient l'herbicide dans des récipients à boisson pour qu'une victime sans méfiance le boive (l'EPA a spécifiquement rédigé des règlements à ce sujet...).

Mais pour le grand public, le paraquat ne présente aucun risque réel. Dans son évaluation des risques pour la santé humaine de 2019, l'EPA « n'a trouvé aucun risque alimentaire préoccupant associé au paraquat lorsqu'il est utilisé conformément aux instructions de l'étiquette. »

Les applicateurs certifiés, qui sont les plus susceptibles d'entrer en contact avec lui, sont tenus de prendre certaines mesures pour réduire leurs risques d'exposition. Surtout, l'EPA a conclu que l'association avec la maladie de Parkinson n'est pas fondée  

« Après un examen approfondi des meilleures données scientifiques disponibles, comme l'exige la FIFRA, l'EPA n'a pas trouvé de lien clair entre l'exposition au paraquat dans le cadre des utilisations indiquées sur l'étiquette et des effets néfastes sur la santé tels que la maladie de Parkinson et le cancer. »

Dommage que les publicités aient omis ce détail important.

Malheureusement, les litiges en matière de responsabilité civile de masse sont un gros business. Tous les avocats, y compris moi-même, vous diront qu'un procès est coûteux, même lorsque vous avez un bon dossier. Ces affaires de grande envergure nécessitent davantage de capitaux, attirant parfois des investisseurs tiers, comme des fonds spéculatifs. En d'autres termes, il existe littéralement des financiers, sans aucun lien avec l'affaire, qui tirent profit des jugements importants rendus en faveur des plaignants.

Ces cabinets d'avocats spécialisés dans la responsabilité civile de masse ont maintenant une recette pour réussir : inventer des preuves scientifiques douteuses, trouver un plaignant sympathique, poursuivre le fabricant... et la paye tombe. Il ne s'agit pas de justice ou de paiement des traitements contre le cancer de quelqu'un – il s'agit d'argent, de beaucoup d'argent. Pour les agriculteurs, c'est une perspective effrayante. Le Roundup, le paraquat et d'autres pesticides sont des outils importants pour la protection des cultures. Combien de procès à plusieurs millions de dollars les fabricants peuvent-ils supporter avant de décider que cela n'en vaut plus la peine ?

C'est un sacré atout, non ? Alors n'oubliez pas cela lorsque vous regarderez une énième publicité politique cet automne. Les publicités sur la responsabilité de masse sont bien, bien pires.

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* Amanda Zaluckyj tient un blog sous le nom The Farmer's Daughter USA. Son objectif est de promouvoir les agriculteurs et de lutter contre la désinformation qui tourbillonne autour de l'industrie agroalimentaire américaine.

Source : Money-grubbing lawyers target herbicide paraquat in TV ads | AGDAILY