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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La Chine va adopter le maïs et le soja génétiquement modifiés : pourquoi cela est important pour l'Afrique du Sud

1 Juillet 2022 Publié dans #OGM, #Géopolitique

La Chine va adopter le maïs et le soja génétiquement modifiés : pourquoi cela est important pour l'Afrique du Sud

 

Wandile Sihlobo*

 

 

Image: Récolte d'un champ de maïs à Witbank, en Afrique du Sud. Photo:Shutterstock/Sunshine Seeds

 

 

Quelque chose d'important pour l'agriculture mondiale s'est produit la semaine dernière, mais n'a reçu qu'une couverture médiatique minimale. Le Comité National Chinois d'Approbation des Variétés de Plantes Cultivées a publié deux normes qui ouvrent la voie à la culture de plantes génétiquement modifiées (GM) dans le pays.

 

C'était la pièce manquante dans la réglementation de la culture commerciale du maïs et du soja génétiquement modifiés en Chine. Le gouvernement a prévu deux étapes dans cette réglementation. Il s'agit d'un « certificat de sécurité » et d'une « approbation de variété », préalables à la culture commerciale.

 

Diverses variétés de maïs et de soja génétiquement modifiées ont reçu le certificat de sécurité depuis 2019. Ce qui manquait, c'était l'« approbation de la variété ». Désormais, cet obstacle a été levé et la commercialisation de cultures génétiquement modifiées en Chine est une possibilité réelle.

 

Ce message a également été repris par le ministère chinois de l'agriculture. Il a indiqué que « la Chine prévoit d'approuver davantage de variétés de maïs génétiquement modifié (GM) ». Actuellement, la Chine importe du maïs et du soja génétiquement modifiés mais interdit la culture sur le sol national de ces plantes.

 

Le changement de réglementation pourrait entraîner une amélioration des rendements. Cela correspond à l'ambition de la Chine de devenir autosuffisante en céréales et oléagineux essentiels dans les années à venir. Des objectifs spécifiques ont été fixés pour des produits comme le porc, pour lequel le pays souhaite produire 95 % de sa consommation d'ici 2025.

 

Les agriculteurs et les entreprises agroalimentaires sud-africains doivent suivre de près cette évolution, car elle aura un impact sur la croissance à long terme du secteur agricole national.

 

L'augmentation de la production dans d'autres parties du monde, en particulier pour le maïs, dont l'Afrique du Sud est un exportateur net, pourrait entraîner une concurrence accrue et une pression à la baisse sur les prix à moyen terme. Parmi les principaux marchés d'exportation de maïs de l'Afrique du Sud figurent la Corée du Sud, le Japon, Taiwan et le Vietnam. Tous sont proches de la Chine.

 

Si la Chine augmente progressivement sa production et devient un exportateur net constant de maïs, l'Afrique du Sud devra explorer d'autres marchés. Ce serait un défi.

 

 

Le débat

 

Les rendements du maïs chinois sont comparables à ceux de l'Afrique du Sud, des États-Unis, de l'Argentine et du Brésil, qui ont adopté depuis longtemps les semences génétiquement modifiées (voir figure 1).

 

 

 

 

Dans ces pays, entre autres, les semences génétiquement modifiées ont eu des avantages supplémentaires tels que la réduction de l'utilisation d'insecticides, l'encouragement de pratiques de travail du sol plus respectueuses de l'environnement et l'amélioration du rendement des cultures.

 

Si les rendements du maïs et du soja s'améliorent dans les années à venir, la dépendance de la Chine vis-à-vis des importations pourrait diminuer.

 

La Chine est l'un des plus grands importateurs de maïs et de soja au monde. Le pays a représenté 13 % des importations mondiales de maïs en 2021 et environ 60 % des importations mondiales de soja. La réduction des volumes d'importation est susceptible d'entraîner une pression à la baisse sur les prix mondiaux.

 

Une réduction des prix mondiaux du maïs et du soja serait positive pour les consommateurs et les secteurs de l'élevage. Elle est indispensable, car le monde a connu une période de hausse des prix alimentaires au cours des deux dernières années.

 

Il est peu probable que cela se produise au cours des deux prochaines campagnes, car la généralisation des cultures GM en Chine prendra probablement un certain temps. La Chine a été lente dans l'adoption des OGM, mais a fait des progrès significatifs dans l'édition de gènes, qui fait l'objet de réglementations différentes, et a contribué à améliorer le rendement des cultures.

 

 

Les conséquences

 

Il y a des leçons à tirer pour les pays africains, dont la plupart ont résisté à la culture de plantes génétiquement modifiées. L'Afrique du Sud est l'exception.

 

Selon le Conseil International des Céréales, l'Afrique du Sud produit environ 16 % du maïs subsaharien, en utilisant une superficie relativement faible de 2,5 millions d'hectares en moyenne depuis 2010. En revanche, des pays comme le Nigeria ont semé 6,5 millions d'hectares au cours de la même campagne de production, mais n'ont récolté que 11,0 millions de tonnes de maïs, soit 15 % de la production de maïs de la région subsaharienne.

 

L'irrigation a été un facteur supplémentaire en Afrique du Sud, mais pas dans une large mesure, puisque seuls 10 % du maïs du pays sont irrigués, 90 % étant des cultures pluviales. Cette situation est similaire à celle d'autres pays africains.

 

L'Afrique du Sud a commencé à utiliser des semences de maïs génétiquement modifiées au cours de la campagne 2001/02. Avant son introduction, les rendements moyens du maïs étaient d'environ 2,4 tonnes par hectare. Ils sont désormais passés à une moyenne de 5,6 tonnes par hectare à partir de la campagne 2020/21.

 

Pendant ce temps, les rendements du maïs en Afrique subsaharienne restent faibles, avec une moyenne inférieure à 2,0 tonnes par hectare. Si les rendements sont également influencés par l'amélioration du matériel génétique (rendue possible par la biotechnologie ne faisant pas appel à la modification génétique) et par l'amélioration des méthodes de production avec façons culturales réduites ou sans travail du sol (facilitée par la technologie GM de tolérance à des herbicides), les autres avantages comprennent les économies de main-d'œuvre et la réduction de l'utilisation d'insecticides ainsi que l'amélioration de la lutte contre les mauvaises herbes et les parasites et maladies.

 

Le continent africain ayant actuellement du mal à satisfaire ses besoins alimentaires annuels, le recours à la technologie, aux semences génétiquement modifiées et à d'autres moyens devrait être une voie à explorer pour stimuler la production. Les avantages d'une augmentation de la production agricole sont évidents en Argentine, au Brésil, aux États-Unis et en Afrique du Sud.

 

De nombreux gouvernements africains devraient réévaluer leurs normes réglementaires et adopter la technologie. Bien sûr, cela suscite généralement des débats sur la propriété des semences et sur le fait que les petits exploitants agricoles pourraient avoir du mal à obtenir des semences dans certains pays en développement.

 

Ce sont là des réalités que les décideurs politiques des pays africains doivent gérer en concluant des accords avec les sélectionneurs de variétés et les développeurs de technologies, sans pour autant fermer la porte à l'innovation. Les développeurs de technologies doivent également tenir compte de ces préoccupations lorsqu'ils s'adressent aux différents gouvernements des pays africains.

 

Les risques géopolitiques et le changement climatique rendent urgente l'exploration de solutions technologiques pour accroître la production agricole de chaque pays. Les régulateurs chinois suivent cette voie.

 

____________

 

Wandile Sihlobo est chercheur principal au Département d'Économie Agricole de l'Université de Stellenbosch en Afrique du Sud.

 

Il est aussi l'économiste en chef de l'Agricultural Business Chamber of South Africa (Agbiz) et membre du Presidential Economic Advisory Council (PEAC).

 

Cet article a été initialement publié sur The Conversation.

 

Source : China to adopt genetically modified maize and soy: why it matters for South Africa - Alliance for Science (cornell.edu)

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