L'industrie des OGM veut juste vendre des pesticides ? Les militants anti-biotechnologie se trompent à nouveau
Cameron English*
Image par hpgruesen via Pixabay
Les entreprises de biotechnologie mentent-elles sur les avantages des cultures génétiquement modifiées en termes d'économie de pesticides ? Le groupe d'activistes GM Watch répond par l'affirmative. Ont-ils des arguments convaincants ? Non.
Depuis plus de deux décennies, les groupes anti-OGM ont recours aux mêmes affirmations malhonnêtes sur les risques des cultures génétiquement modifiées. L'un de leurs arguments favoris est le suivant : « L'essor des cultures génétiquement modifiées au cours des dernières décennies est l'un des principaux facteurs de l'augmentation de l'utilisation des pesticides et des produits chimiques dans l'agriculture. » Cet exemple particulier vient de Greenpeace, mais d'autres activistes ont utilisé la même rhétorique pour attaquer l'édition de gènes, une classe plus récente de techniques de sélection utilisées pour améliorer nos cultures alimentaires de toutes sortes de façons utiles.
Le 6 juillet, par exemple, GM Watch, un groupe que nous avons déjà corrigé pour avoir promu des absurdités anti-pesticides, a tweeté l'allégation suivante :
« Vous savez comment l'industrie des #OGM et ses partisans ne cessent de nous dire que nous devons déréglementer les nouveaux #OGM afin de réduire l'utilisation des pesticides et de rendre l'agriculture plus durable ? Eh bien voici ce qu'ils disent aux investisseurs (ça va être une ruée vers l'or absolue pour les cultures favorisant les .pesticides)... »
« Big if true » (si c'est vrai, c'est énorme), comme disent les enfants. Quelles sont les preuves que GM Watch a ici ? Ils ont fait un lien vers un autre tweet pour étayer cette affirmation sur « l'industrie des OGM » :
« CIBUS est un leader dans le développement de nouveaux #OGM. Ils disent : "Notre objectif est une toute nouvelle génération de traits herbicides sur les principales plateformes de culture" et "l'approbation des technologies d'édition de gènes ouvrira l'une des plus grandes opportunités dans l'agriculture" – de nouveaux marchés pour ces cultures. »
Je trouve deux erreurs importantes. Prenons-les l'une après l'autre. Premièrement, il n'existe pas de « nouvel OGM ». Il existe plutôt diverses techniques d'amélioration des plantes, chacune ayant ses forces et ses faiblesses. Pour développer des cultures dotées de certaines caractéristiques, les scientifiques peuvent utiliser l'édition de gènes pour modifier ou supprimer un segment d'ADN du génome d'un organisme ; des caractéristiques plus complexes, par exemple la résistance à la sécheresse, peuvent nécessiter un brassage de gènes entre différentes espèces.
L'utilisation des termes « nouveau » et « OGM » comme péjoratifs n'a pas de sens, car toutes les techniques de sélection « modifient génétiquement » les plantes et les animaux que nous mangeons, et il n'y a rien de nouveau à cela. La filière viticole européenne a été sauvée il y a de nombreuses années par des viticulteurs qui ont greffé des vignes sur des porte-greffes américains tolérants à des insectes ; presque tous les vins commercialisés aujourd'hui proviennent de ces raisins « GM ». Il y a des documents sur des producteurs utilisant la greffe depuis 1560 avant J.-C. en Chine. Histoire mise à part, les scientifiques d'aujourd'hui n'utilisent pas la greffe parce qu'il s'agit d'une technique ancienne ; ils l'utilisent parce que c'est le meilleur outil pour produire le caractère désiré. Comme l'explique cette récente analyse documentaire :
« Certains arbres fruitiers commerciaux sont difficiles à multiplier par d'autres méthodes, comme le bouturage ou le marcottage aérien, mais ils répondent bien au greffage. En outre, de nombreux cultivars présentant des caractéristiques fruitières supérieures possèdent un mauvais système d'enracinement ou une sensibilité aux nématodes ou aux maladies, de sorte que la vigueur du scion peut être améliorée par le greffage. »
L'autre erreur du raisonnement de GM Watch est que les semences génétiquement modifiées de Cibus sont conçues pour augmenter l'utilisation des pesticides. [1] Pensez comme un agriculteur pendant une seconde et vous comprendrez pourquoi cette accusation est sans fondement. Les herbicides sont relativement chers. Les agriculteurs, comme tous les hommes d'affaires, veulent réduire leurs coûts de production. Pourquoi achèteraient-ils des semences qui augmentent leur utilisation d'intrants coûteux sans leur conférer un avantage supplémentaire ? Réponse : ils ne le feraient pas.
Les agriculteurs achètent des semences tolérantes à des herbicides parce qu'elles permettent un meilleur contrôle des mauvaises herbes et génèrent souvent des rendements plus élevés ; elles ont également tendance à réduire le volume d'herbicides dont les agriculteurs ont besoin. Entre 1996 et 2015, l'utilisation globale d'herbicides a diminué de 226,3 millions de kg, soit une réduction de 8 %. Si les blogueurs de GM Watch avaient passé un peu plus de temps sur le site de Cibus, ils auraient pu découvrir ces faits économiques par eux-mêmes :
« Les caractères de protection des cultures sont importants car ils ont un impact direct sur le rendement et les coûts associés à la production d'une culture. [Un exemple] est celui des cultures résistantes au Roundup qui permettent aux producteurs de pulvériser du Roundup pour lutter contre les mauvaises herbes sans endommager les plantes cultivées [...] le trait a matériellement amélioré les rendements et a matériellement réduit ou éliminé l'utilisation et le coût des produits chimiques de protection des cultures tels que les herbicides [...] et a matériellement réduit le carburant/la main-d'œuvre utilisés pour la protection des cultures. »
J'allais écrire une conclusion spirituelle à cet article, juste quelques mots expliquant que GM Watch ne peut nier les faits qu'un certain temps, avant que tout le monde commence à les ignorer. Mais je pense que l'utilisateur de Twitter Sea Witch a bien résumé ce que j'aurais pu dire :
De moins en moins de gens gobent votre m...
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[1] Selon l'EPA, le terme « pesticide » désigne « toute substance ou mélange de substances destiné à prévenir, détruire, repousser ou atténuer tout parasite ». C'est pourquoi j'utilise indifféremment « herbicide » et « pesticide ».
* Cameron English, directeur de Bioscience
Cameron English est auteur, éditeur et co-animateur du podcast Science Facts and Fallacies. Avant de rejoindre l'ACSH, il était rédacteur en chef du Genetic Literacy Project.