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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Des scientifiques africains à la tête de la recherche sur l'édition des gènes sur le continent

14 Juillet 2022 Publié dans #NGT, #Afrique

Des scientifiques africains à la tête de la recherche sur l'édition des gènes sur le continent

 

Modesta Abugu et Doris Wangari*

 

 

 

 

La recherche utilisant la technologie d'édition des gènes est entreprise sur le continent en grande partie par des scientifiques africains afin de fournir des solutions pour l'Afrique, selon un panel de scientifiques et d'experts en réglementation.

 

Leurs travaux s'appuient sur l'efficacité et la précision de l'édition des gènes pour restaurer les produits de base que les agriculteurs africains préfèrent, comme la banane et le sorgho, ont-ils déclaré. L'objectif est de soutenir la sécurité alimentaire et d'améliorer les revenus des agriculteurs, en particulier face aux défis du changement climatique.

 

Le panel de scientifiques comprenait le Dr Leena Tripathi, directrice de l'Afrique de l'Est pour l'Institut International d'Agriculture Tropicale, le professeur Steven Runo, professeur associé à l'Université Kenyatta de Nairobi, et M. Josphat Muchiri, directeur adjoint des services techniques de l'Autorité Nationale de Biosécurité (NBA) du Kenya. Ils ont présenté leurs observations lors d'un récent webinaire de l'Alliance pour la Science en direct, dans lequel ils ont noté que l'édition des gènes peut améliorer la sécurité alimentaire du Kenya.

 

 

« L'édition des gènes est précieuse pour résoudre les problèmes liés aux maladies des plantes et à la résilience climatique en Afrique », a déclaré Mme Tripathi. « Nous utilisons cet outil pour développer des variétés de bananiers résistantes à des maladies, en nous concentrant sur le flétrissement bactérien, le flétrissement fusarien et le virus de la striure du bananier. La banane est une culture vivrière de base très importante en Afrique de l'Est, et dans de nombreux pays comme l'Ouganda, la consommation de bananes est bien supérieure à celle de toutes les cultures céréalières. Cependant, la culture est confrontée à de nombreuses contraintes de production, notamment de nombreux pathogènes et ravageurs, qui coexistent souvent, aggravant le problème de la perte de récolte. »

 

Malheureusement, les technologies traditionnelles d'amélioration des plantes n'ont pas permis de résoudre ces problèmes, car le processus prend beaucoup de temps. Mais avec l'édition des gènes, les scientifiques peuvent apporter de petites modifications ciblées au génome du bananier pour le rendre résistant aux maladies – sans en modifier l'aspect ou le goût.

 

La culture de variétés de bananiers résistants à des maladies atténuerait les effets négatifs des maladies et des parasites des plantes sur la production de bananes, ce qui améliorerait les revenus des agriculteurs et renforcerait la sécurité alimentaire, a-t-elle fait remarquer.

 

M. Runo, un botaniste fasciné par les plantes, n'avait initialement aucune idée qu'il mènerait des recherches sur l'édition des gènes ou qu'il travaillerait sur le sorgho. Toutefois, sa passion pour la résolution des problèmes agricoles du Kenya l'a conduit à obtenir un doctorat en génétique végétale et en biologie moléculaire. Il s'est finalement orienté vers l'application de l'édition des gènes pour combattre la striga dans le sorgho. La striga, également connue sous le nom d'herbe aux sorcières, est une mauvaise herbe notoire qui menace plusieurs cultures céréalières, notamment le maïs, le sorgho et le riz.

 

La striga est présente dans la plupart des régions d'Afrique subsaharienne (ASS) et peut entraîner une perte de rendement de près de 100 %. Des cultures d'une valeur de quelque 7 milliards de dollars US sont perdues chaque année à cause de la striga dans le monde. Les mesures de contrôle traditionnelles, telles que la rotation des cultures, les cultures intercalaires et le désherbage manuel, sont inefficaces à long terme. La recherche collaborative de M. Runo vise à conférer une résistance à cette mauvaise herbe parasite en modifiant le gène LGS1 (Low Germination Stimulant 1) du sorgho. Cela permettra potentiellement d'augmenter le rendement et la nutrition de millions de personnes en Afrique, a-t-il déclaré.

 

Interrogés sur le coût des produits du bananier et du sorgho génétiquement édités pour les agriculteurs, les scientifiques ont affirmé que les produits améliorés seront vendus au même prix que les cultures conventionnelles.

 

M. Muchiri, s'exprimant sur le statut réglementaire des produits génétiquement édités, a assuré aux participants que ces produits sont sans danger pour l'homme et l'environnement.

 

« En tant qu'autorité nationale de biosécurité, nous avons mis en place un cadre réglementaire pour surveiller cette technologie au fur et à mesure de ses progrès », a-t-il expliqué. « Le cadre réglementaire kényan est transparent et offre aux chercheurs la possibilité de s'engager avec la NBA, le processus de consultation précoce, où nous déterminons si la technologie sera réglementée ou non en fonction de la présence d'ADN étranger. »

 

« Nous sommes confiants dans l'avenir de la technologie et les opportunités qu'elle présente pour augmenter les revenus des agriculteurs et nourrir des millions de personnes », a déclaré M. Muchiri.

 

Ce webinaire a été modéré par Mme Doris Wangari, experte en réglementation des biotechnologies au Kenya.

 

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* Source : African scientists lead the continent's gene editing research - Alliance for Science (cornell.edu)

 

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