Un remarquable titre de Reporterre : « Les oiseaux des champs bio se portent mieux que ceux des champs pesticidés »
Il y a les « champs bio » et les « champs pesticidés » – oui, « pesticidés » – selon Reporterre...
En chapô :
« Les oiseaux sont en meilleure santé lorsqu’ils vivent à proximité de champs bio, plutôt que ceux d’agriculture conventionnelle, selon une étude. Ces derniers, habitués aux pesticides, sont plus "apathiques, amorphes". »
On peut éclater de rire dès ce stade : sachant que les oiseaux volent (à quelques exceptions près), certains étant même migrateurs, et que les champs ne sont pas « pesticidés » en permanence, il est difficile de concevoir des oiseaux « habitués aux pesticides ».
L'article se rapporte à « Organic farming positively affects the vitality of passerine birds in agricultural landscapes » (l'agriculture biologique a un effet positif sur la vitalité des passereaux dans les paysages agricoles) de Jérôme Moreau, Karine Monceau, Gladys Gonnet, Marie Pfister et Vincent Bretagnolle.
Il est derrière un péage. Mais le résumé est instructif :
« Points forts
- L'agriculture conventionnelle responsable du déclin des oiseaux principalement évalué par la perte de biodiversité.
- Peu d'études ont porté sur les effets de l'agriculture conventionnelle sur le comportement des individus dans la nature.
- Les oiseaux ont été pris dans des filets japonais et les individus ont été soumis à des mesures de comportement.
- A l'échelle locale, la vitalité des oiseaux était plus élevée dans les zones d'agriculture biologique.
- Le comportement peut être un indicateur utile de l'état de l'environnement en zone agricole.
Résumé [découpé]
L'agriculture conventionnelle a été impliquée dans la perte de la biodiversité mondiale, avec le déclin de nombreux oiseaux des terres agricoles. L'agriculture biologique est souvent considérée comme une alternative plus écologique car elle accueille généralement une plus grande diversité faunistique.
À ce jour, l'impact de l'agriculture conventionnelle sur le déclin des espèces aviaires a principalement été évalué sous l'angle de la perte de biodiversité ; peu d'études ont examiné les effets de l'agriculture conventionnelle sur les composantes individuelles des traits d'histoire de vie.
Le comportement représente le résultat final intégré d'une série de voies biochimiques et physiologiques et peut être considéré comme un indicateur de la santé car il est plus sensible que les autres traits de l'histoire de vie, ce qui permet potentiellement de mieux suivre les changements environnementaux.
L'objectif de cette étude était de comprendre comment l'exposition à l'agriculture conventionnelle et à l'agriculture biologique affecte le comportement des oiseaux passereaux dans des conditions réelles.
En échantillonnant 6 espèces de passereaux dans 10 haies situées dans des paysages biologiques et 10 haies situées dans des paysages conventionnels pendant la période de reproduction, nous avons trouvé des preuves que l'agriculture biologique augmentait fortement la vitalité des individus, indépendamment de l'espèce.
Cette vitalité a été mesurée par des comportements tels que les tentatives de fuite, l'agressivité, le picage et les cris de détresse lors de la capture, qui étaient tous plus élevés chez les oiseaux capturés dans des haies biologiques que chez ceux capturés dans des paysages conventionnels.
Nous supposons [we posit] que les passereaux vivant dans des paysages d'agriculture biologique bénéficient d'une exposition réduite aux pesticides plutôt que d'une plus grande abondance de nourriture, car la condition corporelle était identique dans les deux contextes.
Ces résultats suggèrent que le comportement des passereaux peut être un indicateur utile de l'état de l'environnement et peut donc servir d'alerte précoce de changements environnementaux spécifiques dans les zones agricoles. D'autres études évaluant les traits de l'histoire de vie des oiseaux des terres agricoles pourraient constituer une aide précieuse pour comprendre l'impact de l'agriculture conventionnelle sur la biodiversité. »
Ce résumé est, disons, remarquable. Deux fois dix haies... mais c'est important, dites donc...Six espèces de passereaux, mais pas de précisions sur les espèces, ni d'indications sur le nombre d'oiseaux...
Les comportements des oiseaux ont forcément été évalués « au doigt mouillé » par une équipe dont au moins un des membres a un « casier »... militant écologiste, candidat aux dernières élections régionales.
Et le résumé sous forme graphique nous présente un résultat sans aucune indication sur ce que représente l'ordonnée. Et significatif, le résultat ?
Et ni une, ni deux : « Nous supposons... » ! « Ces résultats suggèrent … » !
Et ça déroule sur Reporterre :
« "Dans notre zone, nous avons identifié 300 molécules de pesticides différentes, poursuit Vincent Bretagnolle. On ne trouve pas quelle est la molécule incriminée. Mais on mesure l’effet réel de l’exposition à un cocktail de pesticides." »
Et encore :
« Une telle clarté des observations a surpris les chercheurs eux-mêmes. "On est a priori sur des doses de pesticides très faibles, remarque Vincent Bretagnolle, sur des passereaux qui vivent très peu de temps, un ou deux ans. Et dont beaucoup appartiennent à des espèces migratrices, exposées seulement sur trois mois. Je ne m’attendais pas à ce que l’on trouve sur toutes les espèces et pratiquement tous les paramètres une différence. Le signal est très fort." »
Ce n'est pas tout :
« Pour expliquer la mauvaise santé des oiseaux vivant dans les paysages conventionnels, Vincent Moreau émet plusieurs hypothèses. "D’abord, les oiseaux sont beaucoup moins vigilants et détectent le prédateur plus tard. On peut imaginer des problèmes nerveux, car on sait que certaines molécules de pesticides ont ce type d’effet. L’autre hypothèse est que l’énergie mise à se détoxifier des pesticides n’est pas mise à fuir face au prédateur." »
Tout ça est bien surprenant. Mais ça vient de la Zone Atelier Plaine et Val de Sèvre...