Selon une étude, le passage de l'agriculture conventionnelle à l'agriculture biologique nécessiterait jusqu'à 130 % de terres supplémentaires pour maintenir les rendements en Suède

Selon une étude, le passage de l'agriculture conventionnelle à l'agriculture biologique nécessiterait jusqu'à 130 % de terres supplémentaires pour maintenir les rendements en Suède

Voici le résumé de « Relative yield of food and efficiency of land-use in organic agriculture - A regional study » (rendement relatif en aliments et efficacité de l'utilisation des terres en agriculture biologique – une étude régionale) de David J. Connor, School of Agriculture and Food, Université de Melbourne.

Points forts

• La répartition de la production végétale et fourragère dans les exploitations biologiques et conventionnelles a été établie pour huit régions de Suède.

• Le rendement régional par hectare (masse et énergie métabolique) de la production de céréales et de cultures fourragères a été calculé pour les deux types d'exploitations.

• La production laitière a été calculée pour les troupeaux nourris avec des régimes visant à maximiser le rendement par hectare de l'énergie totale du grain plus lait ou du lait.

• Le rendement régional total de l'alimentation humaine par hectare à partir du lait et des céréales restantes a été estimé pour les deux stratégies d'alimentation des troupeaux.

• Les ratios de rendement AB/AC [agriculture biologique/agriculture conventionnelle] de la production pour l'alimentation humaine varient de 0,43 à 0,74 selon les régions et sont inversement liés au rendement AC.

Résumé

Contexte

La plupart des informations sur le rendement relatif de l'agriculture biologique (AB) et de l'agriculture conventionnelle (AC) proviennent d'expériences sur parcelles de cultures individuelles cultivées avec des engrais organiques ou inorganiques, respectivement. Les valeurs couramment rapportées sont de 0,75-0,91, soit une différence relativement faible. Mais les engrais organiques sont produits par la fixation biologique de l'azote (FBN) par les légumineuses. Dans quelle mesure et de quelle autre manière cette terre cultivée en légumineuses contribue-t-elle au rendement global ?

Objectif

Établir des ratios de rendement AB/AC pour la production végétale et laitière à l'échelle régionale en tenant compte des proportions de terres consacrées à la production végétale et fourragère et de leurs contributions au rendement alimentaire global en utilisant l'énergie métabolisable par l'humain (EMH) comme paramètre unificateur du rendement des céréales et du lait.

Méthodes

Le rendement moyen des cultures céréalières et fourragères par unité de surface agricole pour l'AB et l'AC dans huit régions de Suède a été converti en énergie métabolisable par l'humain (EMH) et en énergie métabolisable par les ruminants (EMR), respectivement. Deux régimes alimentaires pour vaches laitières ont été élaborés pour maximiser le rendement en EMH dans les céréales et le lait (EMH max) ou dans le lait (lait max) à partir de tous les fourrages cultivés complétés par des produits végétaux, tout en maintenant la qualité globale du régime à 15 % de protéines brutes (PB).

Résultats et conclusions

La production primaire régionale annuelle moyenne (biomasse sèche), y compris les résidus de culture, de 6.361 (fourchette 4.862-7.793) kg/ha pour l'AB était inférieure aux 9.223 (intervalle 6.337-12.910) kg/ha pour l'AC. La proportion de terres consacrées aux cultures fourragères et aux pâturages était plus importante dans le cas de l'AB (65 %, fourchette 38-87 %) que dans celui de l'AC (30 %, fourchette 11-86 %). Les rendements EMH totaux (grain plus lait) étaient inférieurs dans l'AB par rapport à l'AC, mais avec une grande variation entre les régions, maxHME AB 21,2 (fourchette 11,0-30,4) GJ/ha et AC 43,6 (16,2-82,1) GJ/ha et maxmilk AB 19,9 (fourchette 9,1-27,4) GJ/ha et AC 42,9 (fourchette 16,0-80,9) GJ/ha. Les ratios régionaux de rendement EMH AB/AC variaient de 0,43 à 0,74, avec des valeurs plus élevées dans les régions nordiques de faible productivité où l'intensification des cultures est limitée par les basses températures.

Signification

Cette analyse établit que les rendements relatifs de l'AB sont plus faibles que ce qui est généralement rapporté. Les rendements plus faibles par surface cultivée dans l'AB sont encore réduits au niveau de l'exploitation (système) par rapport à l'AC par la plus grande proportion de terre requise dans les cultures à base de légumineuses et les pâturages. Les animaux ruminants compensent en partie cette superficie en transformant le fourrage non comestible en nourriture humaine. Par conséquent, la transformation de terres agricoles en AC en AB nécessiterait des terres supplémentaires, jusqu'à 130 % dans les régions productives du sud et du centre, pour maintenir un rendement global égal. Des données plus complètes sont nécessaires pour calculer les ratios de rendement AB/AC au niveau du système.