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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Réponses à deux lecteurs

28 Juin 2022 Publié dans #Divers, #Pesticides, #Santé publique

Réponses à deux lecteurs

 

 

Où est la photo d'un rat représentatif des témoins ? Ces photos ont été publiées dans un article « scientifique » !

 

 

Un vocabulaire trop incisif ?

 

Un lecteur a commenté sous « Maïs Bt et faune non ciblée » :

 

« Le résumé de la note est très intéressant, comme très généralement sur ce blog, et confirme ce que je pense depuis longtemps : il vaut largement mieux, pour l'environnement comme pour l'homme, un maïs OGM non traité qu'un maïs non OGM traité. Si on uilisait du maïs OGM en France on éviterait l'épandage d'au moins 10 t de matière active chaque année... (2000 m3 après dilution). En revanche le ton très dur de la note finale ("veulerie" ; "silence assourdissant" ; "épouvantails") ne fait que durcir les affrontements... C'est dommage, et c'est la seule raison pour laquelle je ne rediffuse pas ce document, à regret.

 

C'est un point de vue qui mérite sans nul doute d'être entendu sur le principe et en partie sur le détail.

 

J'ai hésité sur le mot « veulerie » – et si ma mémoire me sert encore suffisamment, il me semble qu'on me l'a déjà reproché à propos d'un autre article.

 

Mais comment qualifier les positionnements des gouvernements qui ne peuvent pas ignorer, d'une part, que des OGM sont maintenant cultivés sur près de 200 millions d'hectares dans le monde, à la satisfaction de leurs utilisateurs, et, d'autre part, que l'Union Européenne en importe en masse pour l'alimentation animale – et ce, sans compter le MON810 en Espagne et au Portugal ?

 

Les gouvernements ont le choix entre, d'une part, la communication courageuse et, d'autre part, la perte de compétitivité et, comme les événements récents nous l'ont rappelé, la perte de souveraineté alimentaire. M. Julien Denormandie avait pris une position courageuse... il n'est plus ministre de l'agriculture.

 

Il faut bien sûr exclure du propos les gouvernements qui comptent des anti-OGM indurés dans leurs rangs. Tranquillement, ceux-ci avancent leurs pions – dans le « silence (presque) assourdissant » de la Commission Européenne qui s'est fixé l'objectif lointain du deuxième trimestre de 2023 pour présenter un texte sur les « nouvelles techniques génétiques ».

 

Ainsi, le 13 juin 2022, le Ministère Fédéral de l'Environnement, de la Conservation de la Nature, de la Sécurité Nucléaire et de la Protection des Consommateurs a organisé un événement à Bruxelles, entièrement à charge. Parmi les intervenants, M. Klaus Berend, directeur par intérim pour la sécurité des produits alimentaires et des aliments pour animaux, et de l'innovation. Selon un rapport, il a déclaré que le droit au choix des consommateurs devait être respecté et que le principe de précaution resterait le principe directeur de la conception de tout nouveau système réglementaire.

 

Le « silence assourdissant des "organisations" anti-OGM, à l'exception peut-être de quelques groupes locaux » à propos du maïs MON810 ? Je maintiens.

 

Les « épouvantails » ? Je maintiens aussi.

 

Sortons du champ des OGM – issus de la transgenèse – pour entrer dans celui des NGT (new genetic techniques), d'une actualité certaine. Comment peser sur le débat : la recette est donnée par exemple par GMWatch et M. Michael Antoniou : un épouvantail...

 

 

(Source du premier)

 

 

Des discours méandreux ? Un site pas fiable ?

 

Le commentaire

 

Un autre lecteur m'a envoyé le message privé suivant (je mets les liens) :

 

« Bonjour,

 

Je trouve que votre site est intéressant, mais qu'il n'est pas toujours fiable. Exemple : dans les articles "Glyphosate 2.0 : Les poursuites judiciaires contre l'herbicide paraquat accusé de causer la maladie de Parkinson progressent" et "Comment on se crée des problèmes d'acceptabilité des pesticides (et d'autres substances)", les auteurs de ces deux articles affirment que le paraquat ne cause pas la maladie de Parkinson. Ces articles datent de 2021, donc sont récents. Alors que dans un article de 2015 ("'Bio' : et si on parlait vrai ?") et un autre de 2019 ("'Pesticides : la maladie de Parkinson d’un ex-employé arboricole reconnue d’origine professionnelle' et autres titres du même tonneau"), les auteurs disent que deux pesticides, dont un bio (la roténone), causent la maladie de Parkinson... Or, comme il est écrit dans ces deux articles, l'autre pesticides est le paraquat ! Si on ne peux pas nier la neurotoxicité de la roténone, on ne peux pas non plus nier celle du paraquat !

 

Quant à l'affirmation selon laquelle le glyphosate n'est pas toxique... le glyphosate seul oui ! Par contre, le glyphosate plus les co-formulants contenus dans les herbicides à base de glyphosate, oui ! [Ma note : ce serait plutôt non dans l'esprit de mon correspondant.] Ce qui explique pourquoi plusieurs études qui indiquent que le glyphosate est toxique mais qui analysent en fait les herbicides contenant du glyphosate montrent une assez forte toxicité de cet herbicide (qui n'est en fait pas due au glyphosate mais aux co-formulants présents dans les herbicides contenant du glyphosate), tandis que celles qui analysent le glyphosate seul ne montrent qu'une faible toxicité...

 

Tous cela entame votre crédibilité aux yeux du grand public, à mon avis, donc au final c'est les militants antipesticides qui gagnent la confiance du public (s'ils citent des études vraiment scientifiques et que ceux qui défendent les pesticides nient ou ignorent les résultats de ces études avec parfois des arguments peu fiables au niveau scientifique, cela leur donne de solides arguments)... Ainsi, quand vous essayer de rétablir (à juste titre) la confiance du grand public envers par exemple les OGM (globalement utiles et sûrs), les résidus de pesticides dans les aliments (généralement des doses trop faibles pour êtres toxiques), etc., une partie du public niera l'évidence sur ces sujets, car vous l'avez également niée sur d'autres sujets...

 

Cordialement, M.C. »

 

Voilà un message bienvenu qui oblige à se remettre en cause et à vérifier ses productions.

 

Et qui pointe aussi vers la complexité des débats et les nuances.

 

 

Le paraquat

 

La relation entre paraquat – une m... – et la maladie de Parkinson est assez bien établie du fait notamment d'une analogie structurale avec une drogue de synthèse connue pour produire des symptômes parkinsoniens. Wikipedia est assez disert sur le sujet (mais il y a une référence 12 à une publication fort sujette à caution... Seneff = poubelle).

 

Deux articles évoquent donc ce lien, l'un étant « agrémenté » d'un graphique reproduit à nouveau ci-dessous.

 

 

 

 

Notons incidemment que la prise en charge d'une maladie de Parkinson par la Mutualité Sociale Agricole dans un cas particulier ne signifie pas une reconnaissance d'un lien de cause à effet entre l'exposition à des pesticides et la maladie. Du reste, le mot « pesticides » est défini de manière très extensive :

 

« Le terme "pesticides” se rapporte aux produits à usages agricoles et aux produits destinés à l'entretien des espaces verts (produits phytosanitaires ou produits phytopharmaceutiques) ainsi qu'aux biocides et aux antiparasitaires vétérinaires, qu'ils soient autorisés ou non au moment de la demande. »

 

Et il faut avoir eu une exposition prolongée – au moins 10 ans – pour être admissible à la prise en charge.

 

L'explication est aussi donnée dans « Comment on se crée des problèmes d'acceptabilité des pesticides (et d'autres substances) » de M. Allan Felsot.

 

Le « Glyphosate 2.0 : Les poursuites judiciaires contre l'herbicide paraquat accusé de causer la maladie de Parkinson progressent » de M. Cameron English aborde plus spécifiquement le lien entre paraquat et maladie de Parkinson dans le cadre des procédures judiciaires états-uniennes relevant de l'extorsion de fonds.

 

Le texte est clair. L'auteur a écrit :

 

« Lorsqu'il est utilisé conformément à son mode d'emploi, il existe peu de preuves solides indiquant que le paraquat est une cause de la maladie de Parkinson. »

 

Il a aussi cité l'Agence Américaine de Protection de l'Environnement (EPA) :

 

« L'EPA a passé en revue un ensemble solide de publications sur l'exposition au paraquat, dont plus de 70 articles portant sur une série de résultats sanitaires, notamment la maladie de Parkinson, la fonction pulmonaire et les effets respiratoires, ainsi que le cancer. Sur la base de cet examen, l'EPA a conclu qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour relier les produits enregistrés à base de paraquat à l'un des résultats sanitaires étudiés, y compris la maladie de Parkinson, lorsqu'ils sont utilisés conformément à l'étiquette. »

 

Nous étions sur le registre du danger, nous sommes ici sur celui du risque. Et l'article de M. Allan Felsot nous fournit un aperçu des moyens employés pour trouver expérimentalement des dangers. Des dangers qui se retrouvent ensuite dans des monographies du CIRC, des expertises collectives de l'INSERM, les écrits des entités anti-pesticides, les médias, les réseaux sociaux...

 

Pour ce qui concerne le paraquat et les quatre articles, ce site est en fait très fiable et cohérent... mais ce sont les choses qui ne sont pas simples.

 

 

Le glyphosate

 

L'argument n'est pas dénué de fondement.

 

Mais, pour faire simple, il faudrait à chaque fois expliquer les différences entre danger et risque, entre risques pour les applicateurs et risques pour les consommateurs (dus aux résidus dans les aliments ou l'eau de boisson dans ce dernier cas) ; énoncer les différentes valeurs (dose journalière admissible, limites maximales de résidus) et les doses retrouvées (pas chez tout le monde) dans les urines ; dénoncer les doses et protocoles utilisés pour « démontrer » des effets nocifs ; rappeler les ordres de grandeur (les milligrammes et les microgrammes par kilogramme ou litre) ; etc.

 

Ce blog s'emploie à faire cela du mieux possible.

 

Il reste effectivement la question des co-formulants. La réponse simple serait que ces co-formulants ne se retrouvent pas dans les assiettes ni dans les eaux de boisson. Mais, jusqu'à plus ample informé, les preuves convaincantes issues de la recherche scientifique ou réglementaire manquent. C'est là un recoin que la recherche a laissé dans l'obscurité.

 

Mais il est plus « vendeur » pour un chercheur de produire un article publiable annonçant des effets nocifs d'une injection de Roundup par voie péritonéale de 25 milligrammes de glyphosate par kilogramme de poids corporel et par jour qu'un article qui concède qu'un co-formulant ne se retrouve pas dans l'assiette.

 

 

La crédibilité

 

L'argument n'est sans doute pas formulé de manière optimale. Ainsi, les militants anti-pesticides – y compris des journalistes – gagnent la confiance du public même, et peut-être surtout, avec des études ne répondant pas aux critères de qualité de la scientificité...

 

Il faut d'emblée relever que tenir des propos rassurants sur les risques n'équivaut pas à nier les dangers.

 

On se heurte ici à trois phénomènes : le discours anxiogène est plus apprécié dans notre société que le discours rassurant ; beaucoup de gens tiennent pour vrai ce à quoi ils veulent croire ; et, comme le disait volontiers mon ami président de la FICSA du temps de mes activités syndicales (quand j'en étais le secrétaire général), « si t'as besoin de plus de trente secondes pour poser ton argument, t'as perdu ».

 

L'Obs a pu titrer : « Oui, les OGM sont des poisons » ou plus récemment : « Glyphosate – le poison est dans le pré », un titre du reste absurde ; et le Monde : « L'alimentation bio réduit sensiblement les risques de cancer » ou plus récemment : « Les résidus de pesticides pourraient annuler le bénéfice sanitaire des fruits et légumes ».

 

 


 

 

 

Dans chaque cas s'applique la loi de Brandolini, « la quantité d'énergie nécessaire pour réfuter des idioties est supérieure d'un ordre de grandeur à celle nécessaire pour les produire. »

 

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C
Et la roténone?
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Bonjour,<br /> <br /> Merci pour la question.<br /> <br /> Pour la roténone, le lien entre elle et Parkinson est bien établi.