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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

L'édition de gènes est la clé de l'agriculture durable en Afrique, selon des scientifiques

22 Juin 2022 Publié dans #NGT, #Afrique

L'édition de gènes est la clé de l'agriculture durable en Afrique, selon des scientifiques

 

Joan Conrow*

 

 

Image : Marché de la banane en Ouganda. Photo : Shutterstock/MehmetO

 

 

L'Afrique doit mettre à jour sa réglementation pour accueillir les cultures génétiquement éditées nécessaires à l'intensification durable de l'agriculture pour nourrir la population croissante du continent, selon une nouvelle étude.

 

« L'intensification durable de l'agriculture en Afrique est essentielle pour parvenir à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et répondre aux préoccupations croissantes liées au changement climatique », écrivent les auteurs d'un article de synthèse publié [le 12 mai 2022] dans Frontiers in Genome Editing.

 

C'est particulièrement important pour l'Afrique, où la population devrait doubler d'ici à 2050, faisant de la sécurité alimentaire le principal défi du continent.

 

Les principaux défis mondiaux auxquels est confrontée l'agriculture sont de produire plus de nourriture avec la même quantité ou moins de terres et d'eau, d'améliorer la nutrition et d'aider les agriculteurs à s'adapter au changement climatique, écrivent les auteurs.

 

« Le monde ne pourra répondre à ses besoins alimentaires futurs qu'en exploitant l'innovation scientifique agricole. Le plein potentiel des nouveaux outils de sélection tels que l'édition du génome doit être exploité en plus des technologies conventionnelles », affirment les auteurs, qui sont basés à l'Institut International d'Agriculture Tropicale (IITA) et à l'Université Kenyatta au Kenya, ainsi qu'au Centre International d'Amélioration du Maïs et du Blé (CIMMYT) au Mexique.

 

« L'édition du génome a le potentiel de réduire les intrants tels que les engrais et les pesticides, d'augmenter les rendements, d'améliorer la nutrition et de développer des cultures résistantes au climat », notent les auteurs. « Des efforts intenses sont en cours ; cependant, peu de choses sont allées jusqu'à la commercialisation. »

 

Cela est dû en partie à l'absence d'un environnement réglementaire favorable. Alors que le Nigéria et le Kenya ont publié des directives nationales de biosécurité pour réglementer l'édition de gènes, d'autres Nations africaines doivent s'engager pour soutenir la diffusion et l'adoption de plantes génétiquement éditées actuellement en cours de développement sur le continent, indiquent les auteurs.

 

Il s'agit notamment de bananiers, de manioc, de maïs, de sorgho, de blé et d'ignames améliorés – des espèces qui constituent à la fois des bases alimentaires pour des millions d'Africains et une source importante de revenus pour les petits exploitants agricoles.

 

Les chercheurs utilisent des outils d'édition génétique pour résoudre les graves problèmes auxquels sont confrontées ces cultures alimentaires essentielles. Leurs travaux consistent à conférer une résistance à des maladies, des parasites et des herbes parasites dévastateurs, à améliorer le contenu nutritionnel, à retarder le mûrissement pour réduire les pertes après récolte, à renforcer la résilience aux impacts climatiques et aux régimes climatiques imprévisibles, tels que les inondations, la sécheresse et les températures élevées, et à améliorer la qualité et le rendement des grains.

 

Bien que la sélection conventionnelle reste un outil précieux, l'édition de gènes offre l'avantage de pouvoir obtenir des résultats plus précis, plus efficaces et plus rapides, notent les auteurs.

 

« L'outil d'édition du génome basé sur CRISPR est considéré comme l'une des technologies les plus puissantes pour améliorer l'agriculture afin de nourrir une population en croissance rapide », écrivent les scientifiques. « Il peut produire des variétés de plantes modifiées par édition du génome sans intégration de gènes étrangers, comme celles créées par la sélection conventionnelle. »

 

Dans le monde entier, les gouvernements choisissent de réglementer les produits développés par édition de gènes différemment de ceux qui sont génétiquement modifiés (OGM), ces derniers impliquant généralement l'introduction de matériel génétique d'un autre organisme.

 

Le Chili, le Brésil, la Colombie, le Paraguay, l'Équateur, le Honduras et le Guatemala ont tous suivi l'exemple de l'Argentine en décidant que les cultures génétiquement éditées sans gène étranger ne seront pas soumises à la réglementation sur les OGM, notent les auteurs. De même, l'Australie ne réglementera pas les produits génétiquement édités sans gènes étrangers comme des OGM.

 

Le Canada a élaboré un cadre d'évaluation des risques produit par produit, basé sur la nouveauté des produits. Les États-Unis, en revanche, réglementent les caractéristiques des produits issus de l'édition du génome et non le processus d'élaboration de ces produits.

 

« Les cultures issues de l'édition du génome, dépourvues de tout gène étranger et ne présentant pas de risque pour les autres plantes, ainsi que les aliments issus de l'édition du génome ne présentant pas de caractéristiques de sécurité alimentaire différentes de celles des cultures conventionnelles, ne font pas l'objet d'une évaluation réglementaire » aux États-Unis, écrivent-ils.

 

« Le Japon considère les variétés de cultures développées à l'aide de l'édition du génome sans nouvel ADN comme des non-OGM », écrivent les auteurs. « En 2022, la Chine et l'Inde ont également publié de nouvelles lignes directrices pour les cultures modifiées par édition du génome. Plusieurs autres pays, comme les Philippines, élaborent des lignes directrices réglementaires pour les produits issus de l'édition du génome. »

 

Le Nigeria a été le premier pays africain à élaborer des lignes directrices nationales en matière de biosécurité pour réglementer les produits issus de l'édition du génome – le Nigeria et le Kenya examineront ces produits au cas par cas.

 

L'Afrique du Sud, le Burkina Faso, le Ghana, l'Éthiopie, le Soudan, l'eSwatini et le Zimbabwe – pays qui disposent de cadres de gouvernance pour les OGM – ont commencé à envisager l'élaboration de politiques en matière d'édition des génomes. Certaines Nations, comme l'Ouganda, n'ont toujours pas de loi sur la biosécurité.

 

« De nombreux pays sont encore en train d'élaborer des directives réglementaires pour les produits issus de l'édition du génome. Il est nécessaire de coordonner les approches réglementaires au niveau mondial », notent les auteurs.

 

« L'édition du génome a un rôle prépondérant à jouer dans l'amélioration de l'agriculture en Afrique », concluent les auteurs. « De nombreux chercheurs explorent le potentiel de l'édition du génome dans le développement de variétés de plantes pour une agriculture africaine meilleure et plus durable. Cependant, il faut un financement adéquat et des politiques favorables à la diffusion des produits d'édition du génome. »

 

L'article scientifique a été rédigé par Leena Tripathi, Kanwarpal S. Dhugga, Valentine O. Ntui, Steven Runo, Easter D. Syombua, Samwel Muiruri, Zhengyu Wen et Jaindra N. Tripathi.

 

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Gene editing key to sustainable agriculture in Africa, scientists say - Alliance for Science (cornell.edu)

 

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