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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Demande de lecteur : l'hystérie à propos du glyphosate de l'Epoch Times démystifiée

12 Juin 2022 Publié dans #glyphosate (Roundup)

Demande de lecteur : l'hystérie à propos du glyphosate de l'Epoch Times démystifiée

 

Cameron English*

 

 

Image : DanielleTunstall via Pixabay

 

 

Un lecteur nous a demandé d'examiner un récent article d'opinion rempli d'affirmations fallacieuses sur le glyphosate. L'article confirme une fois de plus que l'on ne peut pas faire confiance aux journaux pour rapporter fidèlement les faits concernant la sécurité des pesticides.

 

 

Nous recevons fréquemment des demandes de commentaires sur des articles de presse spécifiques. Il s'agit généralement d'exemples de journalistes ou de prétendus experts qui commentent des sujets dont ils ne savent rien et qui, par conséquent, induisent leur public en erreur. En début de semaine, un abonné nous a demandé d'examiner un article d'opinion publié dans l'Epoch Times : « Saying No to Glyphosate in Our Foods, Environment » (dire non au glyphosate dans notre alimentation et notre environnement).

 

Rédigé par la « conseillère en nutrition holistique » Melissa Diane Smith, l'article est une collection d'affirmations trompeuses, de citations d'études hors contexte et de mensonges purs et simples. Il laisse aux lecteurs la fausse impression que notre approvisionnement alimentaire a été contaminé par le glyphosate, ce qui augmente le risque de maladie cœliaque, de cancer et de malformations congénitales chez les enfants. Examinons de plus près les affirmations spécifiques de Mme Smith ; ses propos sont entre guillemets, suivis de mon commentaire.

 

« De tous les pesticides présents dans notre approvisionnement alimentaire aujourd'hui, le plus préoccupant pour les consommateurs est probablement le glyphosate, le principal ingrédient actif de l'herbicide Roundup. »

 

C'est faux. Comme l'a récemment concédé l'activiste anti-pesticides Carey Gillam, le grand public ne se préoccupe guère de l'exposition au glyphosate. Je soupçonne que c'est parce que nous n'avons aucune preuve que l'herbicide est la cause d'une quelconque maladie grave. Dans un monde en proie aux guerres, à l'inflation et aux maladies infectieuses, les gens doivent faire face à de réelles menaces sanitaires et économiques. Ils n'ont tout simplement pas le temps de s'inquiéter de craintes chimiques fictives inventées par des avocats et des groupes d'activistes.

 

« Des résidus du célèbre désherbant ont été découverts dans un large éventail de produits alimentaires de base vendus dans les principales épiceries, ce qui signifie que nous risquons tous d'être exposés par inadvertance à partir des aliments que nous consommons. »

 

Des traces de glyphosate n'ont pas été « découvertes » dans les aliments de base ; les scientifiques savent que de minuscules quantités du désherbant se retrouvent dans les articles que nous achetons dans les épiceries.

 

Ils le savent parce que des études mandatées par l'EPA ont identifié la dose à laquelle un pesticide enregistré peut causer des dommages. L'agence utilise ces études pour fixer une dose de référence (RfD) très prudente qui ne peut en aucun cas nuire à la santé humaine. Elle promulgue ensuite des règlements qui garantissent que les agriculteurs utilisent le pesticide dans des quantités qui finiront par être inférieures à la RfD. Consultez cette analyse détaillée du Dr Carl Winter, toxicologue retraité de l'UC Davis, si vous souhaitez mieux comprendre le processus d'enregistrement des pesticides.

 

Nous pouvons confirmer que ce processus réglementaire fonctionne car les enquêtes en cours sur les résidus de glyphosate dans l'approvisionnement alimentaire montrent régulièrement que les consommateurs sont exposés à de très faibles niveaux de l'herbicide. N'oubliez pas ce fait ; il vous sera utile pour la suite.

 

 

Le sophisme de l'« interdit en Europe »

 

« Certaines villes et certains pays sont suffisamment inquiets des effets sur la santé pour prendre des mesures visant à interdire ou à restreindre l'utilisation du glyphosate sur les terrains de jeu, les pelouses et dans les aménagements paysagers. »

 

Il s'agit d'un exemple classique du sophisme de l'« interdit en Europe », largement employé par les groupes anti-vaccins et anti-pesticides. Si la juridiction X interdit le produit chimique Y, l'argument est le suivant : toutes les autres villes, tous les autres États et tous les autres pays devraient suivre leur exemple, car le produit chimique doit être nocif. Cet argument est absurde, et il est facile de voir pourquoi. [1]

 

Pourquoi devrions-nous nous soucier du fait que, par exemple, le Sri Lanka a interdit le glyphosate ? Le pays a suivi les conseils insensés du gourou anti-OGM Vandana Shiva et a interdit les importations de pesticides et d'engrais « de synthèse », décimant ainsi son secteur agricole. Les contribuables sont maintenant confrontés à des pénuries alimentaires (exacerbées par la guerre en Ukraine) et ont été contraints de subventionner les agriculteurs à hauteur de 200 millions de dollars. Pourquoi Mme Smith cite-t-elle une situation aussi tragique (et évitable) comme exemple à l'appui ?

 

 

Des perturbateurs endocriniens partout

 

Aucune histoire alarmiste sur les pesticides ne serait complète sans une référence à la perturbation endocrinienne, l'article de Mme Smith en fait partie :

 

« Un article de synthèse publié en octobre 2020 dans la revue Chemosphere a révélé que le glyphosate présente huit des dix caractéristiques clés d'un perturbateur endocrinien, ou hormonal. On a constaté qu'il perturbe la régulation des hormones thyroïdiennes, supprime la synthèse de la testostérone et inhibe une enzyme essentielle à la conversion de la testostérone en œstrogène. »

 

Non, ce n'est pas le cas. Le glyphosate n'interagit pas avec les voies nécessaires pour endommager le système endocrinien. Vous pouvez trouver des études et des revues comme l'article de Chemosphere qui remettent en question cette conclusion, mais il s'agit principalement d'études sur des cultures cellulaires et des animaux qui impliquent des doses littéralement des milliers de fois supérieures à celles auxquelles les consommateurs, ou même les agriculteurs, sont exposés. À titre de comparaison, si vous preniez 600 multi-vitamines le matin, au lieu d'une ou deux comme le recommande le fabricant, vous passeriez une très mauvaise journée. Cela signifie-t-il que votre multi-vitamine est « toxique » dans les quantités que vous êtes censé consommer ? Vous connaissez la réponse.

 

Mais ne me croyez pas sur parole. Vérifiez auprès de l'EPA et du National Toxicology Program ; ils vous diront la même chose, tout comme les auteurs d'une autre revue de littérature de 2020 sur le glyphosate et la perturbation endocrinienne :

 

Sur la base d'une analyse de la base de données toxicologiques complète pour le glyphosate et de la littérature, cette revue a conclu que le glyphosate n'a pas de propriétés de perturbation endocrinienne par les modes d'action œstrogène, androgène, thyroïdien et stéroïdogène.

 

 

Le glyphosate provoque des malformations congénitales ?

 

Retour à Mme Smith :

 

« L'exposition au glyphosate est liée à des troubles de la reproduction, notamment des malformations congénitales chez les enfants et des problèmes de fertilité chez les adultes. Une étude de 2018 dans Environmental Health suggère que le glyphosate pourrait être associé à des grossesses plus courtes... »

 

L'étude a simplement trouvé une association entre les niveaux urinaires de glyphosate et la durée de la grossesse chez 71 femmes du centre de l'Indiana. Les auteurs ont reconnu que leur échantillon était trop petit et trop homogène (il s'agissait de femmes blanches ou asiatiques) pour pouvoir généraliser les résultats. De toute façon, l'étude « n'a pas examiné » les résultats qui nous intéressent – malformations congénitales, fausses couches, naissances prématurées, faible poids à la naissance et petite taille pour l'âge gestationnel. L'article résume également l'état de la recherche sur l'exposition au glyphosate et les anomalies congénitales :

 

Les preuves actuelles d'une association entre l'exposition au GLY et le risque élevé d'effets indésirables sur la reproduction et le développement sont limitées et incohérentes. Les études qui se sont appuyées sur des estimations indirectes de l'exposition au GLY pour étudier les risques de malformations congénitales ou d'autres problèmes de développement n'ont pas pu estimer de manière fiable le moment ou la dose de l'exposition pendant la grossesse. [C'est nous qui graissons.]

 

Dire que l'exposition au glyphosate « est liée à des troubles de la reproduction » sur la base de cette littérature est un mensonge pure et simple. Les consommateurs devraient être informés d'un tel risque – si et quand les preuves le confirment. Mais il n'y a pas de données crédibles pour justifier cette crainte à l'heure actuelle. En attendant que cela change, elle et les autres Smith devraient cesser d'effrayer inutilement les parents.

 

______________

 

[1] Voir également cet excellent article de mon collègue, le Dr Josh Bloom : « NYC Pol Uses Phony Cancer Scare & 'Children' to Ban Glyphosate in Parks » (NYC Pol utilise une fausse peur du cancer et des « enfants » pour faire interdire le glyphosate dans les parcs).

 

Cameron English, directeur de Bioscience

 

Cameron English est auteur, éditeur et co-animateur du podcast Science Facts and Fallacies. Avant de rejoindre l'ACSH, il était rédacteur en chef du Genetic Literacy Project.

 

Source : Reader Request: The Epoch Times' Glyphosate Hysteria Debunked | American Council on Science and Health (acsh.org)

 

 

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Info importante qui manque à votre article : Epoch Times est le journal de la secte du Falun Gong, réputé pour la diffusion de fausses informations ainsi que son soutien à D. Trump et à divers mouvements d'extrême droite en Europe.
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