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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La technologie des serres peut aider a nourrir l'Afrique

15 Mai 2022 Publié dans #Afrique, #Agronomie

La technologie des serres peut aider à nourrir l'Afrique

 

Amadou Sidibe*

 

 

 

 

Aujourd'hui, un kilo de melon coûte 20 dollars au Congo Brazzaville, un pays où le salaire journalier d'un travailleur typique n'est que de quatre (4) dollars.

 

Cet aliment de base est bien au-delà de la portée financière d'une personne ordinaire dans le deuxième pays le plus pauvre du monde.

 

Je travaille avec des partenaires pour résoudre ce problème croissant grâce à la technologie.

 

En tant qu'architecte de métier et agriculteur malien axé sur la technologie, je cultive des fruits et légumes hors saison dans des serres. Nous avons commencé par les tomates, puis nous sommes passés aux concombres, aux poivrons, aux haricots verts, aux melons, aux pastèques et même aux roses.

 

Nos efforts ont si bien réussi que les agriculteurs et les entrepreneurs de toute l'Afrique l'ont remarqué. Ils voient comment la technologie des serres peut créer de nouvelles opportunités pour produire de la nourriture et employer des gens.

 

Mes projets comprennent désormais huit hectares de serres à Bamako, la capitale du Mali, ainsi qu'un hectare de serres au Burkina Faso et au Tchad. J'ai également des partenariats en Guinée, en Côte d'Ivoire et au Niger.

 

Le mois dernier, je me suis rendu au Congo pour rencontrer un investisseur potentiel qui m'a contacté par le biais de la page Facebook de mon entreprise. Il aimerait construire 15 serres et rendre les melons et autres fruits et légumes plus abordables pour les habitants du Congo Brazzaville.

 

Les serres sont des structures à climat contrôlé dotées de parois et de toits transparents qui permettent aux agriculteurs de cultiver des plantes dans des endroits où elles ne peuvent survivre à l'extérieur. La majeure partie du Mali, par exemple, se trouve dans une région appelée le Sahel, qui sépare le désert du Sahara des zones côtières de l'Afrique de l'Ouest. C'est un endroit sec et chaud. Ces conditions rendent impossible la plupart des cultures.

 

Les serres changent l'équation. Elles protègent les fruits et légumes des intempéries, tout en laissant passer la lumière du soleil dont les cultures ont besoin pour la photosynthèse. Les agriculteurs qui les utilisent peuvent fournir de l'eau et des engrais si nécessaire, puis voir les cultures s'épanouir dans des endroits où elles se flétriraient et mourraient autrement.

 

On trouve des serres dans presque toutes les formes et toutes les tailles. La plus grande du monde se trouve au Royaume-Uni et s'appelle le projet Eden. Elle contient une forêt tropicale entière.

 

Les miennes sont bien différentes et plus pratiques. Elles sont petites et peu coûteuses, et parfaitement adaptés aux limites et aux opportunités du marché africain. Mon partenaire est Netafim, une entreprise de fabrication basée en Israël, qui doit également faire pousser des aliments dans un environnement aride. Cette collaboration est un bon exemple de la coopération internationale qui se cache souvent derrière la meilleure agriculture.

 

Nos serres sont des opérations clé en main, faites sur mesure, qui tiennent compte des besoins spécifiques et des défis que le propriétaire doit relever. Les agriculteurs qui montent les cadres métalliques, puis fixent le toit en plastique transparent et les parois en filets anti-insectes peuvent commencer immédiatement. Mon entreprise aide à l'installation et à la formation. Ce modèle de coopération permet de réduire les coûts et de gagner du temps.

 

Le Congo est un endroit prometteur pour les serres. C'est le plus grand pays d'Afrique subsaharienne, et il possède plus de terres arables que toute autre Nation du continent. Selon une estimation, il a le potentiel de nourrir 2 milliards de personnes. Pourtant, seuls 10 % environ de ces terres sont cultivées et la population congolaise dépend des importations pour 90 % de sa nourriture.

 

La pauvreté est une grande partie du problème car l'agriculture nécessite des investissements. L'autre défi est le climat : au Congo, il pleut constamment. Les cultures ont besoin d'eau, mais trop d'eau peut être aussi mortel que trop peu d'eau. Beaucoup de plantes se noient tout simplement dans ces conditions humides.

 

C'est le contraire de ce que je dois affronter en tant qu'agriculteur au Mali, où la principale menace est la sécheresse. Pourtant, dans mon pays comme au Congo, les serres offrent une alternative. Elles sont remarquablement polyvalentes.

 

Les précipitations massives au Congo représentent même une opportunité. Toute cette eau doit aller quelque part, et une grande partie se déverse dans le fleuve Congo, le deuxième fleuve le plus puissant du monde. Seul le fleuve Amazone, en Amérique du Sud, déverse plus d'eau dans l'océan.

 

Cela signifie que les serristes du Congo auront un accès facile à un ingrédient clé pour les cultures ainsi qu'à une source possible d'énergie propre.

 

Bientôt, nos serres pourraient faire pousser des melons, mais aussi des tomates, des concombres, des courgettes et des laitues, et améliorer la sécurité alimentaire des Congolais.

 

_____________

 

Amadou Sidibe, agriculteur, Mali

 

Amadou est un architecte de métier qui a investi dans la création d'une serre de haute technologie afin de stabiliser les prix des légumes hors-saison au Mali. Les serres utilisent la production hors sol, la climatisation, la brumisation, l'ombrage en aluminium et le recyclage de l'eau.

 

Source : Greenhouse Technology Can Help Feed Africa – Global Farmer Network®

 

 

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H
En serres on fait son climat ! Nécessité parfois de poser un plastique à plat au sol à un mètre de profondeur afin de limiter les déperditions d'eau, car en serres il faut arroser ! Arroser et arroser ! Bien-sûr il y a l'auto-arrosage puisqu'en serres fermées l'eau de s'échappe pas mais il y a l'eau qui s'infiltre dans le sol ! et là...<br /> Pour les températures, il peut y avoir 65°C (!!) en serre sans que ne soit constaté la perte d'un seul plant de tomate ou de bananier. La serre c'est 'la Guyane' tant il y a de l'humidité ! LE bain-turc. L'endroit où TOUT pousse !<br /> Par contre l'Afrique à la chance pour la première fois de son histoire d'être aidée par un pays extérieur. Les chinois y sont très présents dans l'agriculture, les machines, les tracteurs, les systèmes d'irrigation, etc, espérons pour les africains que le prix du plastique de serre est moins cher qu'en Europe !
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