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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Des vaccins issus de plantes ? Le vaccin contre la Covid-19 de Medicago ouvre la voie

21 Mai 2022 Publié dans #Covid-19

Des vaccins issus de plantes ? Le vaccin contre la Covid-19 de Medicago ouvre la voie

 

Cameron English*

 

 

Image : GeFy via Wikipedia

 

 

Le Canada a approuvé le vaccin végétal contre la Covid-19 de Medicago. Le nouveau vaccin en lui-même est un développement impressionnant, mais la technologie sur laquelle il est construit suggère que nous pourrions cultiver davantage de médicaments dans des serres dans les années à venir.

 

 

Il y a un peu moins de deux ans, la société canadienne de biotechnologie Medicago a commencé à développer un vaccin végétal contre la Covid-19. Santé Canada, l'homologue de la FDA américaine, a approuvé jeudi dernier [le 24 février 2022] la série de deux doses de vaccin après avoir examiné les résultats d'un essai clinique en cours dans lequel les injections ont montré une « grande efficacité ».

 

Il reste à voir quelle sera l'efficacité du vaccin de Medicago par rapport à une douzaine d'autres déjà disponibles, mais la technologie utilisée pour produire le vaccin est assez impressionnante d'un point de vue technique et pourrait être utilisée pour développer rapidement de meilleurs vaccins et traitements à l'avenir.

 

 

Sûr et efficace contre la Covid-19 ?

 

Selon les résultats de l'essai clinique récemment publiés, le vaccin de Medicago, « Covifenz », était efficace à 71 % contre l'infection par n'importe quel variant du SARS-CoV-2 et à 75 % contre le variant delta. L'essai a débuté avant que l'omicron ne commence à se répandre dans le monde. Cependant, Santé Canada a annoncé que les « données préliminaires et exploratoires » de l'étude en cours montrent que le vaccin génère des anticorps contre l'omicron et ses sous-variants.

 

Le vaccin a jusqu'à présent été approuvé pour toute personne âgée de 18 à 64 ans. Les effets secondaires signalés étaient généralement légers et transitoires. Parmi les 11.933 participants ayant reçu le Covifenz, les effets indésirables les plus fréquents étaient les suivants :

 

« maux de tête (68,5 %), douleurs musculaires (67,8 %), fatigue (64,7 %), sensation de malaise général (63,8 %), frissons (46,7 %), douleurs articulaires (40,0 %), gonflement au site d'injection (38,0 %), gonflement du cou (22,2 %), érythème au site d'injection (20,1 %), gonflement de l'aisselle (15,1 %) et fièvre (9,7 %). »

 

Aucun cas d'anaphylaxie (réaction allergique grave) n'est survenu au cours de l'essai, mais Santé Canada a prévenu que les injections devaient être « administrées avec prudence » aux personnes allergiques aux matières végétales. Seulement 47 participants ayant reçu le Covifenz et 38 participants du groupe placebo ont connu un événement indésirable grave (EIG), soit 0,4 et 0,3 pour cent, respectivement. Santé Canada a ajouté :

 

« Il n’y avait pas de tendances notables ou de déséquilibres numériques importants entre les groupes de traitement pour certaines catégories d’effets indésirables graves qui indiqueraient une relation de causalité avec COVIFENZ.

 

Aucun décès ou autre effet indésirable grave associé à COVIFENZ n’a été signalé. »

 

 

Une nouvelle façon de fabriquer des vaccins ?

 

Plus de 80 % des Canadiens ont reçu deux doses d'un vaccin contre la Covid-19 approuvé ou autorisé, de sorte que le Covifenz ne change pas la donne à ce stade. Ce nouveau vaccin constitue néanmoins une étape importante, en grande partie parce que la production de vaccins est coûteuse et prend du temps. Cela fait 70 ans que nous fabriquons la plupart des vaccins contre la grippe de la même manière, en produisant en masse des virus candidats dans des œufs de poule parce que nous n'avions pas de meilleure solution jusqu'à récemment. Comme nous l'avons évoqué en décembre, les vaccins à base d'ARNm pourraient atténuer certains des problèmes de production actuels, et les vaccins à base de plantes pourraient faire de même.

 

Les plantes n'ont besoin que de lumière, d'eau, de terre et d'intrants tels que des engrais pour pousser, ce qui signifie qu'elles peuvent être utilisées comme bioréacteurs relativement peu coûteux pour produire les antigènes entrant dans la composition des vaccins. La mise à l'échelle de ce processus de production est plus facile, car elle ne nécessite que des zones de culture supplémentaires, des serres ou des champs, au lieu de milieux de culture cellulaire spécialisés et de bioréacteurs réels.

 

L'approche de Medicago en matière de développement de vaccins en est un excellent exemple. Les scientifiques synthétisent le matériel génétique d'un virus, disons le SARS-CoV-2, et l'insèrent dans une bactérie du sol (Agrobacterium tumefaciens) qui infecte efficacement les cellules végétales. Les plantes transformées produisent des particules de type viral (VLP – virus-like particles) au cours de leur croissance. Les VLP sont ensuite récoltées, purifiées et utilisées pour fabriquer des vaccins qui stimulent les anticorps neutralisants et les réponses immunitaires cellulaires contre l'antigène spiculaire dans le cas du SARS-CoV-2. Le plus intéressant est peut-être que cela peut être fait rapidement. Medicago avait un candidat vaccin contre la Covid prêt en mars 2020, moins d'un mois après que l'entreprise a eu accès au génome du virus.


 

 

D'autres produits à venir ?

 

Personne ne connaît l'avenir, mais il est possible que d'autres produits pharmaceutiques d'origine végétale voient le jour. Des chercheurs britanniques ont récemment mis au point une tomate qui produit de la L-Dopa, un précurseur de la dopamine largement utilisé pour traiter les symptômes de la maladie de Parkinson. En avril 2020, des chercheurs de l'Université de Pennsylvanie ont mis au point une variété de laitue qui exprime le facteur de croissance humain analogue à l'insuline (IGF-1), déjà utilisé pour traiter les troubles musculaires et qui pourrait aider à guérir les fractures osseuses. Un certain nombre d'études portant sur les vaccins comestibles ont également été publiées.

 

La commercialisation de ces produits dépendra probablement de leur acceptation par le public. Comme le généticien des plantes Kevin Folta et moi-même en avons discuté dans un récent épisode de notre podcast, tous ces médicaments à base de plantes sont transgéniques (« OGM » dans le jargon), ce qui en fait potentiellement des cibles pour les groupes d'activistes qui s'opposent à la biotechnologie des cultures. Les consommateurs ont tendance à être moins craintifs à l'égard des applications biotechnologiques en médecine, alors peut-être que cette idiosyncrasie améliore les chances de succès des vaccins et des médicaments comestibles. Seul le temps nous le dira.

 

_____________

 

Cameron English, directeur de Bioscience

 

Cameron English est auteur, éditeur et co-animateur du podcast Science Facts and Fallacies. Avant de rejoindre l'ACSH, il était rédacteur en chef du Genetic Literacy Project.

 

Source : Plant-Based Vaccines? Medicago's COVID Shot Leads the Way | American Council on Science and Health (acsh.org)

 

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