Commission Européenne : M. Özdemir doit rectifier la politique agricole allemande
Norbert Lehmann, AGRARHEUTE*
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Doit passer à la vitesse supérieure : le Ministre Fédéral de l'Agriculture Cem Özdemir. La Commission Européenne demande à M. Özdemir de mettre en œuvre la politique agricole commune (PAC) de manière plus stricte en Allemagne.
Ma note : Il n'y a pas que la France qui doit revoir sa copie selon une Commission Européenne décidément imperturbable et insensible à l'obligation de changer de paradigme agricole résultant de l'agression de l'Ukraine par la Russie et de la redistribution des cartes dans le domaine de l'agriculture et de l'alimentation au niveau mondial.
La politique agricole allemande doit devenir plus respectueuse de l'environnement. C'est ce que demande la Commission Européenne. Elle ne donne pas une bonne note au plan stratégique allemand de mise en œuvre de la réforme agricole de l'UE. Les règlements de la PAC devront probablement être affinés.
Vendredi dernier [20 mai 2022], le Ministre Fédéral de l'Agriculture Cem Özdemir a reçu le courrier attendu de Bruxelles dans la Wilhelmstrasse à Berlin : sur 50 pages, la Commission Européenne décrit avec précision les points sur lesquels le plan stratégique allemand de mise en œuvre de la réforme agricole de l'UE doit, selon elle, être amélioré. Elle constate des « lacunes évidentes » dans sa « lettre d'observation ».
Il s'agit en substance de fixer des objectifs environnementaux et climatiques plus ambitieux pour l'« architecture verte » prévue de la politique agricole, des objectifs qui soient concrètement mesurables. La Commission l'a déjà demandé à d'autres États membres.
Dans une première réaction, le ministre de l'Agriculture Özdemir a écrit dimanche (22 mai) sur le service de messages courts Twitter : « Nous aussi, nous voyons des possibilités d'amélioration dans la planification de la PAC 23, conçue par le gouvernement précédent. »
M. Özdemir veut discuter soigneusement des suggestions de la Commission Européenne avec les Länder. Les premiers entretiens avec les Länder ainsi qu'avec différentes associations d'intérêts devraient commencer à très court terme.
Nous voyons également des possibilités d'amélioration dans le plan de la PAC 23, conçu par le gouvernement précédent. Nous discuterons soigneusement des suggestions de la Commission avec les Länder : la sécurité alimentaire et l'avenir de nos exploitations nécessitent une protection ambitieuse du climat et de la biodiversité. (Source)
Cela sera également nécessaire. Le gouvernement fédéral est pressé par le temps. Les agriculteurs doivent tenir compte des directives de la politique agricole européenne réformée dès l'été en planifiant les cultures pour la prochaine campagne.
Mais il semble maintenant que les deux règlements essentiels, le règlement sur les paiements directs de la PAC et le règlement sur les conditionnalités de la PAC, devront être renforcés à la dernière minute par le biais du Conseil Fédéral. Même dans le domaine du deuxième pilier, des adaptations relativement surprenantes pourraient être nécessaires. Pourtant, les règlements n'ont été élaborés qu'après de très longues négociations entre l'État Fédéral et les Länder.
Dans sa lettre d'évaluation, la Commission Européenne ne demande pas seulement des objectifs environnementaux et climatiques plus concrets qui intègrent le Green Deal dans le plan stratégique. Elle demande également de vérifier si l'invasion russe en Ukraine nécessite une adaptation du plan stratégique, notamment pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles, aux engrais minéraux et aux protéagineux importés.
Sur la base de la mise en demeure de Bruxelles, le Ministère Fédéral de l'Agriculture devra probablement revoir la définition de certaines normes BCAE (bonnes conditions agricoles et environnementales). Les BCAE 2 doivent par exemple être complétées par des exigences supplémentaires afin d'éviter un drainage supplémentaire des zones humides et des tourbières. Des dispositions plus strictes doivent être adoptées pour le retournement des terres.
La Commission n'est pas non plus satisfaite des exceptions à la bande tampon le long des cours d'eau, qui est en principe fixée à 5 mètres de large. Elle demande également une prolongation de la période de couverture minimale des sols. Dans la BCAE 8, la période de jachère doit être prolongée et la notion de couverture végétale spontanée doit être clarifiée.
Il est probable que l'État Fédéral et les Länder devront également réviser les régimes écologiques prévus (« Eco-Schemes »). La Commission critique par exemple le fait que les moyens prévus par l'Allemagne pour les régimes écologiques ne suffiraient pas pour atteindre le minimum prescrit de 25 pour cent des paiements directs.
La Commission souhaite également que des améliorations soient apportées au soutien prévu pour les jeunes agriculteurs dans le deuxième pilier. En outre, le gouvernement fédéral doit fixer des objectifs quantitatifs pour la réduction de l'utilisation de produits phytosanitaires et la protection des éléments du paysage. Comme on le sait, c'est à cela que visent la stratégie « Farm-to-Fork » et la stratégie de biodiversité de Bruxelles.
L'État Fédéral et les Länder sont désormais contraints de mettre en œuvre à toute vitesse les améliorations du plan stratégique de la PAC exigées par la Commission Européenne.
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* Norbert Lehmann travaille depuis plus de 25 ans comme journaliste spécialisé. Après des études d'économie agricole à Bonn, le service de presse et d'information Agra-Europe a été sa première étape professionnelle. Il a fait de fréquents séjours à Bruxelles en tant que correspondant. Ensuite, activités au sein du groupe d'édition Handelsblatt, dans les relations publiques scientifiques ainsi qu'en tant qu'indépendant. Depuis 2012, il travaille au dlv, en dernier lieu en tant que chef de la rubrique Management & Markt à la rédaction d'AGRARHEUTE.
Source : EU-Kommission: Özdemir soll deutsche Agrarpolitik nachschärfen | agrarheute.com