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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La sécurité alimentaire en question – les inquiétudes grandissent

5 Avril 2022 Publié dans #Ukraine

La sécurité alimentaire en question – les inquiétudes grandissent

 

Willi l'agriculteur*

 

 

 

 

J'ai passé beaucoup de temps au téléphone la semaine dernière. Surtout avec des personnes qui travaillent dans des domaines qui fournissent des produits à l'agriculture ou qui achètent ses produits. Une grande partie de ce que l'on m'a dit et dont je parle ici ne peut être lue nulle part. Je ne peux pas le vérifier, mais je dois me fier à ces informations pour savoir si on me dit la vérité. Pour tout le reste, il y a une indication de la source.

 

 

Pas seulement des céréales

 

Il devrait être désormais de notoriété publique que le manque d'exportations de blé et de tournesol de l'Ukraine entraînera des difficultés d'approvisionnement dans le monde entier. On parle moins de l'approvisionnement en maïs, qui a été exporté en grandes quantités vers l'UE. Certes, de grandes quantités se trouvent encore dans les silos ukrainiens, mais d'une part les entrepôts sont détruits ou endommagés, d'autre part l'exportation par les ports n'est pas possible et est plus difficile par le rail. Les prévisions pour la récolte de maïs 2022 s'élèvent à environ 50 % d'une récolte normale.

 

L'autre moitié de la récolte manque ! Ce qu'il faut toujours dire clairement : même avec beaucoup d'argent, on ne peut pas compenser une pénurie physique. Si je le dis aussi clairement, c'est parce que les aides financières n'aideront pas les plus démunis. Ils ont besoin du maïs, du blé, du fourrage. Sur place ! Et bientôt !

 

Mais il y aura aussi des pénuries ou des ruptures de stock pour d'autres produits. Ainsi, la lécithine est également produite à partir du tournesol. C'est un composant de nombreux produits transformés et il n'est pas facile de la remplacer. Il manquera également de grandes quantités de graines de moutarde, qui sont nécessaires à la fabrication de la moutarde**. Pour ceux qui pensent pouvoir se passer de moutarde à la maison, de nombreuses recettes de produits alimentaires transformés en ont un besoin urgent. Il en va de même, selon mes informations, pour le genièvre et le laurier. Ces ingrédients se retrouvent dans les conserves, mais aussi dans de nombreuses marinades ou sauces. Actuellement, les chefs de laboratoire de l'industrie de transformation ont des sueurs froides car il leur manque de plus en plus de composants dans leurs recettes.

 

 

« Produit sans OGM » au bord de la faillite

 

L'Ukraine a été jusqu'à présent un grand exportateur de matières premières, comme le maïs et le soja, qui pouvaient porter la mention « sans OGM ». Dans quelques semaines, les réserves encore disponibles seront taries et l'impression verte sur les emballages devrait alors normalement disparaître.

 

„Ohne Gentechnik“: Bauern geht gentechnikfreies Kuhfutter aus | NOZ (derrière un péage, mais accessible grâce à un mois d'essai)

 

Mais que faire s'il existe encore du matériel d'emballage avec l'impression ? Car les emballages sont aussi devenus plus chers.

 

 

Aliments pour animaux bio en provenance d'Ukraine

 

Ce que je ne savais pas jusqu'à présent : l'Ukraine était un exportateur important d'aliments bio pour animaux. Là aussi, les stocks seront bientôt épuisés. Les éleveurs bio les plus susceptibles d'être touchés sont ceux qui donnent de grandes quantités de céréales ou de maïs à leurs animaux, c'est-à-dire principalement les producteurs de volailles comme les poulets et les dindes. Les œufs bio risquent donc eux aussi d'être un jour difficiles à obtenir et de devenir nettement plus chers. Dans un communiqué de presse du Ministère Fédéral de l'Alimentation et de l'Agriculture (BMEL), on peut lire que « toutes les possibilités sont examinées de manière pragmatique et flexible pour continuer à permettre une alimentation respectueuse des animaux dans l'élevage biologique. L'agriculture biologique est particulièrement touchée par la disparition des aliments » Dois-je interpréter cela comme signifiant que des aliments conventionnels pourraient alors également être utilisés dans les exploitations biologiques ? Ce serait une tromperie du consommateur et une fraude en matière d'étiquetage.

 

https://www.bmel.de/SharedDocs/Pressemitteilungen/DE/2022/28-ukraine-krieg-massnahmen-landwirtschaft.html

 

 

Frites, chips, crêpes, escalopes...

 

Tout ce qui est cuit dans l'huile devra à l'avenir l'être avec des huiles autres que l'huile de tournesol. Je sais par un grand fabricant de chips de pommes de terre que là aussi, on travaille d'arrache-pied à de nouvelles recettes. Les chips de pommes de terre ne sont pas vitales pour tout le monde, mais pour certains, elles sont un plaisir culinaire le soir. Il ne faut pas s'attendre à des pénuries de pommes de terre en Allemagne, mais pour les produits mentionnés, il faudra se rabattre sur des alternatives.

 

Bald keine Pommes? Fast-Food-Kette reagiert auf Öl-Mangel - Änderung angekündigt (come-on.de)

 

 

Pourquoi la viande se raréfie et devient plus chère

 

« Nous devrions manger moins de viande. » Oui, ce sera de plus en plus le cas à l'avenir. La raison : on ne pourra tout simplement plus se permettre de consommer les quantités de viande et de charcuterie actuelles, car elles se feront plus rares. Un collègue me disait que dans les hauts lieux de l'élevage porcin, on abat actuellement des porcs de 70 kg au lieu de 110. La raison : les éleveurs ne peuvent ou ne veulent plus payer la nourriture ou ne se la font plus livrer, faute de liquidités. Beaucoup abandonnent également définitivement l'élevage de porcs, car il faut 2,50 €/kg pour couvrir l'intégralité des coûts, alors qu'ils ne sont payés que 1,95 €/kg. Pour rappel, le prix était de 1,20 €/kg au début de l'année. Les producteurs de porcelets amènent également leurs truies reproductrices à l'abattoir, de sorte que les porcelets deviennent eux aussi rares et chers.

 

schweine.net - Schweine- und Ferkelpreise müssen weiter steigen – auch wenn das Fleisch in der Ladentheke teurer wird!

 

Les engraisseurs de poulets et de dindes élèvent également moins d'animaux, voire plus aucun, car ils ne sont pas sûrs de revoir un jour l'argent de l'alimentation. De décembre à aujourd'hui, le prix de l'aliment a presque doublé !

 

 

Lait

 

Les éleveurs laitiers reçoivent actuellement des prix du lait de plus de 45 centimes/litre. Pour couvrir l'intégralité des coûts, il faut actuellement environ 55 centimes. Les exploitations qui payaient la paille à 120 €/t en 2021 devront payer 250 €/t et plus cette année. C'est du moins la situation actuelle, car tout évolue et peut être différent demain.

 

 

Œufs

 

Œufs de poule : pour les « élevages en liberté », le calcul devient facile : 50 centimes pour un œuf, un euro pour deux œufs. Le paquet de six, trois euros. Reste à savoir combien de temps ces prix « bas » pourront être maintenus. D'ailleurs, les vitamines et les oligo-éléments pour l'alimentation des poules sont également devenus rares et chers.

 

 

Ce qui me fait peur : les troubles sociaux

 

Je me suis efforcé de rendre compte le plus factuellement possible de la situation actuelle sur le plan technique. Maintenant, cela devient émotionnel.

 

Ce qui me fait peur, ce sont les conséquences que peuvent avoir les conditions à venir. Si les prix des denrées alimentaires continuent d'évoluer à la hausse à ce rythme, le bénéficiaire d'un bas salaire ou de l'aide sociale ne pourra plus s'offrir de nombreux produits. Comment l'État réagira-t-il alors ? Pour moi, il est incompréhensible que les énergies fossiles comme l'essence et le diesel soient subventionnées par le gouvernement des « feux tricolores ». Comment procédera-t-on lorsqu'il s'agira de l'alimentation ? Les banques alimentaires reçoivent de moins en moins de dons, mais la demande augmente, notamment en raison des réfugiés d'Ukraine.

 

Tafeln in Bedrängnis: Mehr Abnehmer, weniger Spenden | MDR.DE

 

Y aura-t-il à l'avenir des subventions pour la nourriture ? Ou même à nouveau des tickets de rationnement ? Ces questions ne concernent que l'Allemagne, car personne ne mourra de faim ici. Mais que se passera-t-il là où la nourriture n'arrive vraiment plus ? Là où les gens ont vraiment faim ?

 

Cette peur d'une famine mondiale est la raison pour laquelle j'ai installé le « quatre vert » (#grueneVier) dans mon champ. Je trouve irresponsable de la part de tous les ministres verts de l'agriculture des Länder et du BMEL d'imposer à tout prix un gel des terres de 4 % pour l'année de culture 2023. Ce n'est pas seulement irresponsable, c'est aussi méprisant et profondément antichrétien. Oui, la protection du climat et des espèces est importante, mais pas au détriment de la vie humaine.

 

Mon espoir : que les ministres-présidents, sur la table desquels se trouve maintenant la décision, prennent la bonne décision et fassent tout pour que les agriculteurs puissent produire des denrées alimentaires sans restrictions. Si cet espoir meurt, d'autres personnes mourront.

 

______________

 

 

Source : Bedingte Ernährungssicherheit – die Sorgen werden größer – Bauer Willi

 

** L'Express du 31 mars 2022 évoque aussi la moutarde. La crainte est que les producteurs canadiens ne la délaissent au profit du blé de printemps.

 

 

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