L'Union africaine cherche des milliards de dollars de financement pour préserver la biodiversité
Nkechi Isaac*
Image : Une autruche passe devant un groupe d'animaux divers rassemblés à un point d'eau dans le parc national d'Etosha, en Namibie. Photo : Shutterstock/Toni Aules
L'Union africaine (UA) a appelé les dirigeants mondiaux à injecter des milliards de dollars dans un Fonds Mondial pour la Biodiversité (FBM) afin de renforcer la conservation de la biodiversité en Afrique et dans d'autres pays en développement.
L'Afrique et d'autres pays en développement demandent aux pays développés de s'engager à verser au moins 100 milliards de dollars par an dans un premier temps, puis 700 milliards de dollars par an d'ici à 2030 et au-delà, pour aider les Nations émergentes à mettre en œuvre une stratégie cohérente de protection de la biodiversité.
La riche biodiversité de l'Afrique est confrontée à un risque imminent si un fonds n'est pas créé pour améliorer sa conservation, a déclaré la Nigériane Sikemi Egbuwalo, qui s'est exprimée au nom de l'Afrique lors de la récente conférence de l'Organe Subsidiaire Chargé de Fournir des Avis Scientifiques, Techniques et Technologiques (SBSTTA) qui s'est tenue à Genève, en Suisse.
Mme Egbuwalo, représentante du Ministère Fédéral de l'Environnement du Nigeria et point de contact du pays pour la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), a déclaré que les 55 États membres de l'UA et d'autres pays en développement accueillent favorablement l'idée d'un nouveau mécanisme de financement pour atteindre les objectifs mondiaux en matière de biodiversité.
Ce financement soutiendrait la mobilisation des ressources nationales et aurait un effet de levier sur le financement du secteur privé, a-t-elle ajouté. « Depuis l'adoption de la Convention, le monde a mis au point de nouveaux outils de financement pour renforcer les financements publics et privés, tels que les financements mixtes, les mécanismes de rehaussement de crédit, les banques vertes et les obligations vertes, ainsi que des pratiques émergentes en matière de signalement des risques liés à la nature et des outils de dé-risque soutenus par des financements publics pour tirer parti des financements du secteur privé », a relevé Mme Egbuwalo.
« Nous avons assisté à l'émergence de nouveaux instruments publics et publics-privés tels que le Fonds Vert pour le Climat et le Fonds pour la Neutralité en Matière de Dégradation des Sols », a-t-elle ajouté.
Soutenant l'appel, M. Daniel Mukubi, du Ministère de l'Environnement et du Développement Durable de la République Démocratique du Congo (RDC), a réaffirmé l'importance d'un mécanisme de financement dédié à la conservation de la biodiversité pour lutter contre le changement climatique et éviter de nouvelles pertes de biodiversité.
La conservation de la biodiversité est actuellement financée par l'intermédiaire du Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM), ce qui n'est ni durable ni efficace car le FEM finance également d'autres projets de la Convention et ne s'occupe pas exclusivement de la conservation de la biodiversité, a-t-il déclaré.
« Le financement disponible actuellement est celui du FEM et il n'est pas en mesure d'aborder toutes les questions de conservation de la biodiversité », a-t-il déclaré. « Le FBM a pour vocation de relever nos ambitions en matière de conservation. C'est pourquoi les pays en développement demandent la possibilité de présenter un autre mécanisme de financement qui sera plus accessible, plus simple et qui renforcera nos capacités à conserver notre biodiversité. »
Il a fait remarquer qu'en Afrique et dans d'autres pays en développement, « les populations autochtones et les communautés locales travaillent dur pour assurer la conservation grâce à leurs connaissances traditionnelles. Ces efforts de conservation nous permettent de disposer de certaines zones très importantes pour la biodiversité et notre bien-être. »
M. Mukubi a prévu que le financement dédié proviendrait des mécanismes existants et des incitations des gouvernements et d'autres donateurs, des informations sur les séquences numériques (DSI) sur les ressources génétiques, des mécanismes de partage des avantages et d'autres sources.
« Certains donateurs ont annoncé qu'ils seraient en mesure de faire des efforts », a-t-il déclaré. « Par exemple, la Chine, dans la déclaration de Kunming, a annoncé qu'elle serait en mesure de mettre 40 millions de dollars sur la table. Je pense que nous sommes en train de négocier pour que d'autres pays développés aient d'autres mécanismes simples et opérationnels dont nous pourrons discuter pour rendre ce fonds efficace. »
Jetant plus de lumière sur la façon dont le fonds sera déployé, M. Mukubi a appelé à la constitution de comités pour accéder aux besoins sur une base pays par pays, en vue d'identifier leurs besoins particuliers de conservation.
« Tout ce que nous essayons de faire, c'est de faire en sorte que d'ici 2030, les pays puissent être en mesure de conserver 30 % de la Terre et 30 % des mers », a-t-il déclaré. « Nous pensons que nous pouvons être en mesure de proposer un mécanisme qui identifiera pour chaque pays quels sont les besoins en matière de conservation de la biodiversité, comme les initiatives des populations autochtones et des communautés locales. »
M. Kasse Ousseynou, directeur exécutif et chef de la direction de l'Autorité Nationale de Biosécurité du Sénégal, a souligné l'importance d'augmenter le financement de la conservation de la biodiversité, affirmant qu'il ne peut y avoir de planète sûre ou de climat hospitalier si la biodiversité n'est pas conservée.
« Un fonds dédié à la biodiversité est nécessaire », a-t-il déclaré. « Si nous ne prenons pas soin de la biodiversité, comment pouvons-nous avoir un bon climat ? Nous devons avoir des synergies, différents mécanismes de financement. Mais si nous n'écrivons pas clairement ces objectifs, au bout du compte, nous n'aurons rien à montrer. C'est pourquoi le groupe africain a déclaré que nous félicitions le Nigeria, qui est l'un des chefs de file dans ce domaine, pour s'être exprimé au nom des 55 États membres de l'UA. »
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