« Élevages bovins jugés polluants: "La Commission européenne condamne nos campagnes à un équilibre fragile" » de Mme Anne-Cécile Suzanne dans le Figaro
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Encore un superbe texte que ce « Élevages bovins jugés polluants: "La Commission européenne condamne nos campagnes à un équilibre fragile" » de Mme Anne-Cécile Suzanne, agricultrice en polyculture élevage dans l'Orne et diplômée de Sciences Po Paris. Il a été publié le 7 avril 2022 par le Figaro (en accès libre).
Le chapô explique le contexte :
« La Commission européenne a proposé de classer les élevages bovins de plus de 150 unités de gros bétail en activité industrielle polluante. Selon l'agricultrice Anne-Cécile Suzanne, cette proposition est injuste et porterait atteinte à l'identité des campagnes françaises. »
Le début :
« Ah qu'il ne fait pas bon être vache aujourd'hui ! Vache des prés qui pâture au printemps, vache des hangars l'hiver, sur la douce paille qui sent l'été. Vache qui élève son veau, vache qui donne son lait, vache qui mange du foin, vache qui mange du blé. Beaucoup de blé, celui de l'éleveur, qui vend à perte depuis vingt ans. Vaches de France, vaches d'Allemagne, vaches de Pologne, où qu'elles soient en Europe, on est vraiment très vache, avec les vaches.
Il ne fait pas bon être vache, car elles ruminent et font caca. On ne leur pardonne pas, dans un monde où il fait de moins en moins bon respirer.
Il ne fait pas bon être vache non plus, quand on se brade, avec un prix du lait et un prix de la viande, qui promettent la famine aux éleveurs. Plutôt paradoxal, quand on produit à manger. Il ne fait pas bon être vache donc, ni éleveur, mais ce qui devrait nous préoccuper, c'est que de ce fait, il ne fait pas non plus
bon être un pré.
La prairie, le labour l'attend. Fini, en général, le sol pérenne qu'aiment tant les vers de terre et qui, par la photosynthèse, fait tant pour le climat. Finie la fertilisation organique, alors que le fumier bovin n'est plus considéré que comme un déchet à méthaniser et la vache un sous-produit à liquider. Finie la prairie en montagne, bonjour la forêt, qu'on adore alors qu'en réalité elle étouffe tout dans les estives, où elle est un scandale pour la biodiversité. »
(Source)
Le journal a mis en pavé :
« La commission européenne les classe en activité industrielle polluante, tous les coups sont permis, pour désigner un ennemi facile à briser. »
On peut ne pas souscrire entièrement à ce propos : l'« ennemi » ne sera peut-être pas facile à briser car il reste des défenseurs, et du bon sens, et de l'agriculture dans les autres instances de l'Union Européenne qui ont voix au chapitre.
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Nous souscrirons, en revanche, sans réserve à ceci (la fin est trop franco-française) :
« Mais n'est-ce pas injuste ? Injuste, de condamner ainsi dans un même paquet tout l'équilibre fragile de nos campagnes, au nom de la méconnaissance coupable des décideurs publics et de leur populisme, au nom de l'éloignement des citoyens des enjeux propres aux campagnes [...] »
On peut sans doute ajouter, parmi les motivations « de la ferme à la table », la « stratégie » dont on a compris qu'elle doit impliquer une modification de nos habitudes alimentaires au détriment des produits de l'élevage.
Dans « Bruxelles voit des élevages "agro-industriels" partout », la France Agricole explique que la proposition concerne les élevages de bovins, porcins et volailles comptant plus de 150 unités gros bétail (UGB), – par exemple une exploitation avec plus de 500 porcs ou un élevage de volailles comportant deux poulaillers de 1 200 mètres carrés. Cela toucherait 185.000 exploitations dans l’UE – par exemple plus de 90 % de la production de poulets de chair en Allemagne et en Finlande.
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Dans son communiqué de presse, la Commission Européenne écrit :
« Les nouvelles règles couvriront également un plus grand nombre d'installations, notamment:
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les exploitations d'élevage intensif à grande échelle. Selon les nouvelles règles, les plus grandes exploitations d'élevage de bovins, porcins et de volaille seraient progressivement couvertes: environ 13 % des exploitations agricoles commerciales européennes sont responsables de 60 % des émissions d'élevage d'ammoniac et de 43 % de celles de méthane dans l'UE. Les bénéfices pour la santé de cette couverture élargie sont estimés à plus de 5,5 milliards d'euros par an. Étant donné que les exploitations agricoles ont des activités plus simples que les installations industrielles, toutes les exploitations couvertes bénéficieront d'un régime d'autorisation allégé. Les obligations découlant de la proposition tiendront compte de la taille des exploitations et de la densité du cheptel grâce à des exigences adaptées. La politique agricole commune reste une source essentielle de soutien à la transition; [...] »
C'est bien connu : deux troupeaux de 75 vaches « polluent » moins qu'un troupeau de 150 vaches...
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