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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Avec la guerre en Ukraine, les prix flambent et la faim menace » de Mme Marie-Noëlle Bertrand dans l'Humanité

21 Mars 2022 Publié dans #Ukraine, #critique de l'information

« Avec la guerre en Ukraine, les prix flambent et la faim menace » de Mme Marie-Noëlle Bertrand dans l'Humanité

 

Glané sur la toile 922

 

 

(Source)

 

 

Cet excellent article – « Avec la guerre en Ukraine, les prix flambent et la faim menace » de Mme Marie-Noëlle Bertrand – a été publié le 15 mars 2022 par l'Humanité. Il est partiellement accessible sur la toile.

 

En chapô :

 

« La hausse des cours des céréales et autres graines, provoquée par le conflit russo-ukrainien menace la sécurité alimentaire mondiale. Elle réveille aussi les débats sur les modes de production définis par les politiques agricoles. »

 

C'est un résumé incomplet pour un article très complet : ce qui menace en premier lieu, c'est l'insuffisance des disponibilités – de l'offre – laquelle se traduit par une hausse des cours.

 

Nous avons une description très juste des défis qui se posent pour les grandes cultures, l'élevage et les productions maraîchères du fait de la hausse des cours des produits agricoles et de l'énergie. Notamment :

 

« Ce même vendredi 11 mars, l’Organisation des Nations unie pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a pour sa part tiré un signal d’alarme bien plus effrayant : le conflit engagé à l’est de l’Europe pourrait faire plonger dans la faim 8 millions à 13 millions de personnes supplémentaires.

 

[…]

 

En France, l’alerte résonne aussi, lancée, cette fois, par le secteur agroalimentaire. La hausse des prix des matières premières dans leur globalité aura un impact rapide sur les consommateurs. Il n’en va pas uniquement du prix du grain. La hausse des prix du gaz et du pétrole est elle aussi en jeu.

 

"C’est du grand délire", assure Éric Thirouin, président de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB). "Le prix du carburant agricole est passé de 0,70 euro le litre à 1,80 euro", illustre-t-il. À 300 litres le réservoir, faire le plein d’un tracteur frise, en ce moment, les 550 euros. Le cours du blé a beau grimper sur les marchés, pas sûr que cela compense le manque à gagner pour les céréaliers. "Les récoltes de la dernière campagne sont déjà vendues à plus de 80 %, voire 85 % ", poursuit Éric Thirouin. Celles attendues cet été ne seront pas sur les marchés avant l’hiver prochain. "D’ici là, les prix peuvent redescendre." Impossible de deviner aujourd’hui si, à terme, ils tireront leur épingle du jeu. D’autant que le conflit a aussi un impact sur le prix des engrais, prévient encore le président de l’AGPB. 43 % de ceux utilisés en France sont importés d’Ukraine [ma note : c'est plutôt de la Russie]. La hausse du prix du gaz, quoi qu’il en soit, fait grimper celui de l’azote : l’hydrocarbure est un élément nécessaire à la fabrication de cet élément essentiel aux fertilisants de synthèse. »

 

On poursuit :

 

« Comment parer à cette flambée ? Les réponses se disputent la primeur. Côté agro-industrie et grands céréaliers, on plaide pour augmenter la production en France et en Europe. Non que le blé y fasse défaut – loin de risquer la pénurie, la France en produit 35 millions de tonnes par an et n’en consomme que 9 millions –, "mais sur l’échiquier mondial, les productions russes et ukrainiennes vont manquer", reprend Éric Thirouin. "Soit on se dit tant pis, des gens vont avoir faim. Soit on agit." Les acteurs du secteur exigent le champ libre pour mener à bien cette "mission nourricière". Et attaquent, depuis le début du conflit, l’Europe et sa stratégie dite de la ferme à la fourchette – Farm to Fork en anglais (F2F). »

 

Notons à ce stade que les choses auraient été beaucoup plus claires si le syndicalisme majoritaire avait attaqué frontalement Farm to Fork au lieu de louvoyer et de faire du « oui, mais », lequel s'est durci quand les conséquences désastreuses de la stratégie, exposées par le Centre Commun de Recherche, ont été dévoilées en catimini par la Commission Européenne.

 

Les positions du « camp d'en face » sont aussi décrites. Nous nous contenterons ici d'un paragraphe :

 

« "S’il est nécessaire de prendre des mesures immédiates, cela ne doit pas être au détriment des autres enjeux auxquels l’humanité fait face, comme la souveraineté alimentaire des peuples, la pollution généralisée ou encore l’urgence climatique", écrivent quinze organisations dans une lettre ouverte adressée, jeudi 10 mars, à Emmanuel Macron. "La guerre en Ukraine et ses conséquences nous forcent à réfléchir aux choix fondamentaux de l’agriculture européenne", poursuivent-elles, exigeant "une véritable transition agroécologique, seule compatible avec l’autonomie de nos agriculteurs et agricultrices et donc avec notre souveraineté alimentaire". »

 

Bien résumé ! Comment expliquer la référence grandiloquente à la « souveraineté alimentaire des peuples » qui se réduit in fine à « notre souveraineté alimentaire » ? Le télescopage entre « autonomie... » et « souveraineté alimentaire » ? Bêtise ? Cynisme ? Les deux sans doute.

 

 

° o 0 o °

 

 

Dans un article de la veille – « Afrique. "Avec la guerre, on ne peut exclure un retour des émeutes de la faim" », l'Humanité donnait la parole à M. Macky Sall.

 

En chapô :

 

« Président en exercice de l’Union africaine, le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, revient sur les conséquences dévastatrices pour les économies d’un continent déjà affaibli par la pandémie. Il constate que le conflit en Ukraine provoque une inflation des produits de première nécessité et une pénurie alimentaire. Il propose sa médiation pour influer sur le conflit. »

 

C'est très instructif. Extrait :

 

« Cette situation, comme du reste celle née de la pandémie, nous rappelle la nécessité de gagner au plus vite la bataille de notre souveraineté alimentaire en investissant massivement dans l’agriculture et la transformation de nos produits agricoles.

 

[…]

 

Craignez-vous le retour des émeutes de la faim qui avaient secoué l’Afrique en 2007 et 2008 ?

 

Devant tant d’incertitudes et de facteurs aggravants d’une crise qui s’ajoute à une autre, on ne peut rien exclure a priori. C’est pourquoi il faut tout faire pour arrêter au plus vite ce conflit et s’asseoir autour de la table pour trouver une issue négociée à la crise. La guerre, c’est la faillite de l’humanité. »

 

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F
« La guerre, c’est la faillite de l’humanité »<br /> Jolie formule.<br /> Les écolos-bobos affameurs seront ils un jour jugés pour leur dogmatisme criminel? Entraver l’agriculture productive pour satisfaire leurs lubies au détriment d’autres êtres humains… comment peut on qualifier ça ?
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