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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La politique de l'ignominie, l'ignominie d'une certaine politique

14 Février 2022 Publié dans #Politique

La politique de l'ignominie, l'ignominie d'une certaine politique

 

 

(Source)

 

 

Je sors de ma bulle. Il ne sera pas question d'agriculture ou de santé publique.

 

 

Comparer Fabien Roussel à Jacques Doriot !

 

Mes pérégrinations sur Twitter m'ont amené à cette « chose » datée du 3 février 2022 :

 

« Roussel is the new Doriot…? En tout cas on s’en rapproche de plus en plus. Quand on tombe dans le populisme de bas étage en attaquant son camp alors même que le fascisme est à nos portes, les plus grandes craintes sont légitimes… »

 

« La volée de réponses en défense de Roussel issue de la droite la plus rance et de l’état-major du Printemps républicain est hélas une triste confirmation du confusionnisme ambiant… Roussel a choisi ses ennemis dans son camp. Il récolte les amis qu’il mérite. »

 

Elle a fini par être – quand même – supprimée, après bon nombre de protestations.

 

Non, son auteur n'est pas un de ces philosophes de comptoir de bar PMU (avec tout le respect que l'on doit aux bars PMU) diplômé de l'Université Facebook. Il a fait des études supérieures dans un domaine qui rend cette comparaison encore plus détestable. « Vieux routier » de la politique sous l'un ou l'autre des drapeaux Verts, il a sa fiche Wikipedia.

 

M. Fabien Roussel est le candidat du Parti communiste à l'élection à la présidence de la République. Il mène une campagne relativement discrète, à l'ancienne, c'est-à-dire en affichant des propositions pour la France de demain mesurées à l'aune des besoins et de l'intérêt public plutôt que du bénéfice électoral potentiel.

 

On peut, bien sûr, ne pas aimer son programme ou des éléments de son programme.

 

Il milite pour une meilleure alimentation des Français – des masses populaires – et il a évoqué à cet effet le bon vin (à consommer avec modération) et la bonne viande, en bref, la « gastronomie pour tous ». C'est en suscitant l'ire et le courroux dans la gauche (ou prétendue gauche) quinoa qu'il a pu s'attirer l'attention des médias.

 

Il promeut aussi l'énergie nucléaire, ce qui revient à attaquer « son camp » – celui qui ne saurait tolérer aucun écart de la ligne du parti... vert – et à verser dans le nazisme par la force des soutiens – non sollicités – qu'il a ou aurait reçu d'un bord politique traité de « rance », ce qui laisse une marge de progression dans l'outrance.

 

 

(Source)

 

 

Jacques Doriot, pour ceux qui n'ont que des connaissances rudimentaires de l'histoire, est un homme politique français qui, après son exclusion du Parti communiste, a fondé le Parti populaire français (PPF) en 1936 et a dérivé vers la collaboration la plus radicale avec l'Allemagne nazie. Un documentaire lui a été consacré sous le titre « Jacques Doriot, le petit führer français ».

 

Il n'est pas nécessaire d'en dire beaucoup plus pour dénoncer l'ignominie de ces deux tweets maintenant supprimés.

 

C'est devenu une constante d'une certaine gauche – ou soi-disant gauche – de qualifier toute opinion contraire à ses dogmes ou contrariante d'extrême droite, voire de fascisme.

 

Mais c'est, à notre connaissance, la première fois qu'un homme ayant un parcours et des responsabilités politiques – pour tout dire un nomenklaturiste – profère une telle ignominie. Dans le silence assourdissant des apparatchiks d'EÉLV.

 

Un silence et une absence de réaction qui sont sans doute bien plus inquiétants qu'une production twittérienne intempestive et outrancière.

 

Cette politique de l'abjection ne peut que mener à un dégoût pour la politique... qui nourrit particulièrement bien les discours et la popularité des droites extrêmes.

 

 

(Source)

 

 

La maire de Strasbourg refuse (ou oublie ?) de commémorer la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau...

 

Il peut y avoir de quoi s'indigner dans le « faire ». Il peut y en avoir aussi dans la décision de « ne pas faire ».

 

Il y eut les extravagances de la 5G outil de visionnage de pornos dans les ascenseurs, les propos déplacés sur le Tour de France, les sapins victimes de Noël, les oukases anti-foie gras... Voici maintenant la décision – au moins implicite – de ne pas commémorer la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste ou Journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l'humanité.

 

On n'est plus dans le domaine du risible, des matières premières pour sarcasmes. Et pas dans le constat disculpatoire que de nombreuses autorités n'ont pas pris d'initiative (ce fut le cas, semble-t-il pendant un certain temps à Strasbourg).

 

M. Pierre Jakubowicz, conseiller municipal d'opposition, a écrit dans un tweet :

 

« La Maire EELV de Strasbourg n’a pas commémoré la journée de l’Holocauste rompant l’engagement moral collectif pris de n’être jamais complices ni du silence, ni de l’indifférence. L’oubli est mortifère et abîme le pacte républicain. Elle ne peut "oublier" cette responsabilité. »

 

L'« engagement moral collectif », c'est une délibération du Conseil municipal adoptée à l'unanimité le 20 septembre 2021, précisément pour mettre fin à l'inaction.

 

On peut deviner le motif de ce silence de la Ville et de sa première représentante : le clientélisme. Quoique... Le rasoir de Hanlon...

 

Un clientélisme par principe intolérable mais qui, en l'espèce, relève du déshonneur.

 

Dans sa lettre à la Maire Jeanne Barseghian, M. Pierre Jakubowicz a cité Mme Simone Veil :

 

« Là-bas, dans les plaines allemandes et polonaises, s’étendent désormais des espaces dénudés sur lesquels règne le silence : c’est le poids effrayant du vide que l’oubli n’a pas le droit de combler et que la mémoire des vivants habitera toujours. »

 

Là-bas, dans une plaine de l'Est de la France, s’étend une ville, capitale européenne et à ce titre soumise à un devoir d'exemplarité, dans laquelle a régné le silence ce 27 janvier 2022 : c’est le poids effrayant du vide éthique et moral que, à notre sens, le vote en démocratie n’a pas le droit de maintenir et laisser prospérer.

 

 

...et tente de se justifier par un mille-feuille argumentatif dérisoire

 

Mme Jeanne Barseghian a répondu le 4 février 2022 par un courrier dont les éléments essentiels ont été publiés par ActuStrasbourg dans « La maire de Strasbourg a-t-elle snobé la commémoration de la journée de l'Holocauste ? Elle répond ».

 

Elle réfute évidemment les allégation et dénonce une volonté de polémiquer en faisant vibrer en introduction l'ironie et le sarcasme.

 

Mais la défense ne convainc pas ou, plutôt, nous convainc de l'incroyable légèreté, pour ne pas dire plus, de la municipalité. En voici le point essentiel :

 

« Le 27 janvier dernier, notre Ville a accueilli une cérémonie d’hommage aux victimes de l’Holocauste, à l’initiative du Conseil de l’Europe, en comité restreint du fait de la crise sanitaire. Ce geste et ce symbole s’inscrivent en complémentarité des multiples facettes de notre politique mémorielle, résolument tournée vers l’action, en particulier envers la jeunesse. »

 

La délibération – adoptée à l'unanimité, rappelons-le – était intitulée « Raviver la flamme de la mémoire et de la citoyenneté ». Elle ne prévoyait certes pas explicitement une action pour le 27 janvier 2022. Mais on ne saurait considérer que la Maire de Strasbourg a répondu au devoir « de ne jamais laisser le terrain libre à l’oubli et à l’amnésie » par une cérémonie organisée par le Conseil de l'Europe, qui a son siège à Strasbourg.

 

La deuxième phrase est en quelque sorte un aveu de la carence, complété par une petite liste d'actions entreprises : une « exposition au palais universitaire en octobre dernier, "Des lumières dans la nuit" », des rencontres régulières avec le Consistoire israélite du Bas-Rhin et des associations, ainsi que des « Stolpersteine ».

 

Les Stolpersteine, écrit ActuStrasbourg, « sont des pavés de béton ou de métal dont la face supérieure est recouverte d’une plaque en laiton qui honore la mémoire d’une victime du nazisme. »

 

L'initiative en revient à l'artiste Gunter Demning, qui a entamé une vaste entreprise de mémoire à Cologne en 1992 pour commémorer les cinquante ans du Décret Auschwitz du 16 décembre 1942, d’abord de façon illégale avant que son projet ne fût officiellement reconnu à partir de 2000. Des pierres ont été posées dans de nombreuses villes en Europe (et même en Argentine – mais pas à Paris pour un motif allégué choquant).

 

Les premiers Stolpersteine ont été posés à Strasbourg le 1er mai 2019, lors d'une cérémonie officielle, avant l'arrivée de la majorité verte au pouvoir municipal (en juillet 2020). Mme Jeanne Barseghian se prévaut donc dans sa réponse d'une simple poursuite d'une action que la pandémie de Covid avait mise en sommeil ou ralentie.

 

 

(Source)

 

 

Les Stolpersteine sont, étymologiquement, des pierres sur lesquelles on trébuche, ici sur la mémoire. Il y a une certain ironie dans leur évocation par une Maire de Strasbourg qui a lourdement trébuché...

 

 

Marquer la première abolition de l'esclavage, c'est bon pour le décompte des votes

 

 

(Source)

 

 

Nous entrons là dans le domaine de la petite manœuvre électoraliste, du marketing de racolage. Vu le niveau des campagnes, c'est presque anodin. Mais il faut comparer cette petite action avec l'inaction évoquée précédemment, qui n'en devient que plus choquante.

 

Aucune fraction de la population française, personne ne sera offusqué par le tweet du candidat Yannick Jadot. Il ne risque pas de perdre des voix :

 

« La première abolition de l'esclavage se commémore aujourd'hui ! Les femmes et les hommes se sont levés pour leur propre libération. C'est cette Histoire, son importance majeure, qu'on doit enseigner à toutes et tous. »

 

Personne ? Peut-être ceux qui sont attachés à une vérité historique un peu beaucoup malmenée.

 

 

Post scriptum : la candidat Yannick Jadot aussi...

 

Ce n'est certes pas aussi virulent que la comparaison de M. Fabien Roussel à Jacques Doriot... RTL rapporte dans « Présidentielle 2022 : "Il n'y a que l'extrême droite qui soutient le nucléaire", répond Jadot à Macron » :

 

« Dans la course électorale, le candidat Europe Écologie - Les Verts, prône une sortie totale du nucléaire d'ici à une vingtaine d'années. "Les grandes entreprises, comme les petites et les grandes démocraties investissent dans les énergies renouvelables. Il n'y a malheureusement que les dictateurs, et en France l'extrême droite, qui soutiennent encore le nucléaire", a-t-il lancé ce jeudi, au micro de RTL lors d'un déplacement. »

 

Europe 1 a une version plus élaborée dans « Emmanuel Macron "condamne la France à un siècle de nucléaire" accuse Yannick Jadot » :

 

« Qui soutient le nucléaire dans cette campagne électorale ? Toute l'extrême droite. Qui soutient le développement du nucléaire dans le monde ? Les dictateurs de la Chine et de la Russie […] Emmanuel Macron est parfaitement aligné avec Zemmour, avec Le Pen, avec Poutine, avec Xi Jinping... Chacun son camp, nous on préfère le camp des démocraties. »

 

 

(Source)

 

 

Post scriptum de 10 heures

 

Je serai moins cruel que nombre de commentateurs sur l'allusion à la religion. C'est l'ensemble du propos qui est désespérant.

 

 

Aller sur Twitter pour entendre l'ensemble du propos (Source)

 

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U
Le vernis craque. Avec le débat sur le nucléaire, les français se rendent compte que l'écologie politique mène au déclin. Dans la débâcle, ils se raccrochent à n'importe quoi.
Répondre
Y
oui vous avez raison ! Là , la facture (éléctricité, carburant,...) est vite "intégré" par les "électeurs qui commence à constater le résultat des politiques extrémistes des écoloreligieux qui souhaitent la décroissance avec toutes les conséquences que cela représente !<br /> Si ils pouvaient aussi bien comprendre les inepties et catastrophes en préparation au niveau alimentation et agriculture que ces écoloverdatre veulent mettre en place.....