L'agriculture de demain – Modèle 2 : Faites-le vous-même

27 Février 2022 Publié dans #Willi l'Agriculteur

L'agriculture de demain – Modèle 2 : Faites-le vous-même

Willi l'agriculteur*

Voici maintenant le modèle 2 de la série « L'agriculture du futur » : louer à des autoproducteurs alimentaires. Pour tous ceux qui ont lu le modèle 1 et l'ont éventuellement mal compris : ce qui m'intéresse dans les modèles, c'est de développer une idée de manière conséquente jusqu'au bout, sans tenir compte des chances de réalisation. Cette exagération permet de prendre conscience des conséquences réelles en réfléchissant soi-même.

Nous, les agriculteurs, recevons de nombreux conseils de personnes qui pensent manifestement savoir comment nous, les agriculteurs, devrions faire les choses correctement. La plupart du temps, il s'agit de personnes qui n'ont rien à voir avec l'agriculture pratique. Ces conseils nous sont également donnés en permanence par des rédacteurs, des hommes et femmes politiques et des représentants d'organisations spécialisées. Nous sommes constamment présentés dans des talk-shows par de soi-disant « experts » comme si nous étions incapables de traiter correctement notre sol, nos plantes et nos animaux. Notre formation de plusieurs années était-elle donc superflue ? Suffit-il aujourd'hui d'avoir une idée sur des choses que l'on n'a pas apprises ? Suffit-il de regarder Galileo et Quarks & Co pour avoir son mot à dire ? Alors je me suis dit : faites-le vous-même ! Et j'ai rédigé l'annonce suivante :

Terres arables, pâturages et étables à louer

En raison de notre sortie de l'agriculture, nous, les agriculteurs allemands, louons nos terres arables et nos pâturages, ainsi que les étables correspondantes, aux consommateurs allemands. Une occasion unique vous est offerte de produire vos aliments comme vous l'entendez. Si nous avons éveillé votre intérêt, veuillez vous adresser à : Vos agriculteurs allemands.

D'un point de vue purement mathématique, chacun d'entre vous reçoit maintenant 1.454 m² de champs et 616 m² de prairies. (Au fait : un terrain de football fait 7.140 m².) Sur les quelque 2.000 mètres carrés, vous pourrez ensuite exploiter comme bon vous semble. Mais vous devrez respecter toutes les prescriptions, ordonnances, directives, décrets et autres réglementations nationales que nous, les agriculteurs, devons respecter. Vous enregistrerez tout ce que vous avez fait, quand, où et pourquoi (on appelle cela un enregistrement parcellaire) et vous le conserverez pour les contrôles de l'État. C'est un peu de travail, mais il existe des formulaires pour cela. Où les trouver ? Demandez à l'agriculteur ! Vous respecterez la rotation des cultures et utiliserez 4 % de vos terres pour la jachère. (Vous payez bien sûr le prix du fermage pour cela.) Ensuite, vous établirez un plan de fertilisation pour l'année suivante, ce que vous voulez fertiliser, quand, où et en quelle quantité, et vous le conserverez. Notez, perforez et classez ! Si vous avez besoin d'aide : demandez à l'agriculteur !

Qu'est-ce qui doit pousser sur votre terrain ? Les prairies doivent rester, vous ne pouvez pas les retourner, c'est interdit. Avec 600 mètres carrés, vous ne pourrez pas nourrir une vache. Peut-être encore un mouton, mais seulement en été. Le fourrage pour l'hiver ne pousse que dans les champs. De quelle quantité de fourrage aurez-vous besoin ? Demandez à l'agriculteur ! Et comment tondre les moutons, vous le savez bien. Et comment garder les sabots en bonne santé aussi. Mais n'oubliez pas la boucle auriculaire et l'enregistrement dans la banque de données HIT, sinon vous risquez des ennuis.

Les brebis produisent certes du lait, mais généralement uniquement pour les agneaux. Dans ce cas, il n'y a pas de lait, de fromage, de yaourt ou de kéfir. Vous voulez de la viande de porc ? C'est possible si vous utilisez des restes de la transformation des aliments. Même ceux de votre cuisine. Que faire si le cochon tombe malade ? Que peut-on faire ? Demandez au vétérinaire ! D'ailleurs, si vous avez fini de manger un cochon, c'est la fin de la viande de porc. Ou alors vous avez un cochon mâle et un cochon femelle, vous aurez alors des porcelets (c'est la progéniture des cochons). Mais deux cochons ont besoin d'encore plus de nourriture. Et si vous voulez les laisser en liberté, avez-vous fait une demande auprès du vétérinaire officiel ? Avez-vous installé une clôture à l'épreuve des loups avec une protection souterraine ? Et ici aussi : n'oubliez pas la boucle auriculaire, la base de données HIT et le registre des animaux.

Si vous êtes végétarien, deux questions se posent : 1. Que faites-vous de l'herbe des prairies ? 2. Où obtenez-vous maintenant l'engrais organique ? Sinon, l'agriculture sera bientôt terminée, sans engrais. Comment vous y prendre malgré tout ? Demandez à l'agriculteur !

Vous voulez des œufs ? Pas de problème. On peut faire courir les poules ou les oies avec le mouton sur les herbages, il faut juste faire attention au renard. (« Renard, as-tu volé l'oie ? ») Mais là aussi, il y a une « ordonnance sur la protection des animaux » et les poules ont aussi besoin de nourriture et d'un poulailler en hiver. Voilà, la question de la détention d'animaux est réglée. Si vous avez encore des questions, demandez à l'agriculteur.

Venons-en aux plantes. Qu'est-ce qu'on prévoit de faire ? Bon, des céréales pour le pain. Le mieux est de choisir du blé, car le pain d'orge... ça n'existe pas vraiment. Avec l'orge, on fait par exemple de la bière, ou du fourrage pour les animaux, voir ci-dessus. Le blé peut aussi tomber malade, attraper l'oïdium, la rouille ou des champignons toxiques, le fusarium. Il peut aussi attraper des parasites comme les pucerons ou les criocères (vous ne connaissez pas ?). Que pouvez-vous faire ? Demander à l'agriculteur. Et n'oubliez pas de faire contrôler vos pulvérisateurs !

Si vous voulez faire des gâteaux, vous avez besoin de sucre. Pour cela, il y a la betterave sucrière. Mais vous ne pouvez pas fabriquer le sucre vous-même, c'est la sucrerie qui le fait. Où se trouve-t-elle ? Demandez à l'agriculteur ! Vous y échangerez les betteraves contre du sucre. Mais l'usine ne le fait pas gratuitement, elle veut de l'argent pour cela...

Pour de nombreux plats, on a besoin d'huile. Vous pouvez la faire à partir de colza. Comment pousse-t-il le mieux chez vous ? Demandez à l'agriculteur ! Vous voulez aussi des pommes de terre ? Parfait, car nous avons déjà un bel assolement de blé, d'orge, de betteraves sucrières, de colza et de pommes de terre. Mais attention : pour éviter la faillite, il faut les cultiver dans le bon ordre. Comment faire ? Demandez à l'agriculteur !

Mais il manque encore des vitamines. Des fruits ne seraient pas de trop, le mieux est de planter les arbres dans le pré. Mais attention : le mouton, les poules et les oies y courent déjà ! Comment bien tailler les arbres fruitiers en hiver ? Demandez à l'agriculteur ! Et pourquoi pas des légumes ? Malheureusement, ils ne poussent qu'en été et en hiver, les vitamines seraient un peu maigres. Il suffit de cultiver du chou cabus et d'en faire de la choucroute. Comment ça marche ? Demandez à l'agriculteur ! Vous pouvez aussi manger la choucroute en hiver. On peut aussi manger des choux de Bruxelles. En hiver, ça fait un peu trop de choux et ça fait péter. Mais vous êtes souvent dehors... Il y aurait aussi d'autres belles cultures, comme la chicorée par exemple. Mais c'est quelque chose de très spécial et là, j'aurais un très bon conseil : demandez à l'agriculteur !

Voilà, on pourrait continuer cette histoire à l'infini, mais je ne veux pas. Qu'en pensez-vous ? Est-ce que vous y arriverez ? Ou est-ce que nous, les agriculteurs, ne devrions pas le faire à votre place ? Nous savons comment faire, car nous avons appris tout cela dans notre formation. Et nous nous formons en permanence. Et nous y mettons tout notre cœur, parce que nous vivons et travaillons chaque jour avec et dans la nature. Vous pouvez bien sûr aussi demander aux rédacteurs, aux hommes et femmes politiques et aux représentants d'organisations spécialisées. Réfléchissez-y un peu...

D'ailleurs, il y a déjà une offre sur l'annonce de location : de la part des Chinois... (Attention : satire !)

Ce texte est une modification d'un article précédent. Vous êtes libre de le copier et de le diffuser. Avec mention de la source...

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