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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Encore une autre étude bidon sur le BPA : cette fois dans le JAMA

7 Février 2022 Publié dans #Article scientifique, #Santé publique

Encore une autre étude bidon sur le BPA : cette fois dans le JAMA

 

Josh Bloom*

 

 

Image : Public Domain Vectors

 

Il est impossible d'estimer combien de temps, d'argent et d'efforts ont été gaspillés pour tenter de trouver un véritable problème de santé lié au bisphénol A (BPA). Pourtant, le JAMA a publié une étude dont l'amateurisme est si évident qu'on se demande si les pairs réviseurs étaient comateux. Bien sûr, « le BPA augmente le nombre de décès » a fait de grands titres, même s'il ne fait rien de tel (augmenter...).

 

 

Selon notre nouvel outil de recherche (qui fonctionne), j'ai écrit 113 fois sur le bisphénol A (BPA), l'une des substances chimiques utilisées pour fabriquer des plastiques polycarbonates [1]. Selon ma calculatrice scientifique, c'est environ 112 fois de trop. Mais vos amis de l'ACSH se sont chargés de la tâche peu enviable de trier les déchets de la vraie science, et il y a tellement de déchets dans la littérature sur le BPA, y compris un article relativement récent du JAMA, que je dois à regret tenter le coup numéro 114. Heureusement, ce ne sera pas long.

 

 

La réaction chimique utilisée pour synthétiser le plastique polycarbonate au BPA.

 

 

Le BPA est utilisé depuis 60 ans, principalement pour fabriquer le plastique qui scelle correctement les boîtes de conserve, empêchant l'oxygène d'entrer, ce qui peut entraîner la formation de bactéries pathogènes. L'une d'entre elles est Clostridium botulinum, qui est responsable du botulisme. C'est peut-être de là que vient l'expression « kick the can » [remettre à plus tard]. Pendant environ 70 de ces 60 ans, un énorme groupe de scientifiques et de faux groupes environnementaux ont travaillé sans relâche pour trouver quelque chose qui cloche. Le fait que cet exercice se soit avéré infructueux n'a pas empêché les « anti-beepers » purs et durs d'essayer de lui trouver quelque chose de nocif, malgré une étude exhaustive de deux ans sur des rats menée par la FDA. L'agence a conclu :

 

« Le point de vue actuel de la FDA, basé sur son évaluation de sécurité la plus récente, est que le BPA est sûr aux niveaux actuels présents dans les aliments. Sur la base de l'examen continu des preuves scientifiques par la FDA, les informations disponibles continuent de soutenir la sécurité du BPA pour les utilisations actuellement approuvées dans les récipients et emballages alimentaires. »

 

FDA : Bisphénol A (BPA) : Utilisation dans les applications en contact avec les aliments, juin 2018.

 

Le « problème », selon les alarmistes, les anti-beepers, est qu'une partie du plastique polycarbonate au BPA se décompose (réaction inverse de la réaction ci-dessus) pour donner du BPA libre, qui s'infiltre ensuite dans le contenu de la boîte de conserve. Cela est vrai. De plus, le BPA est utilisé à d'autres fins, comme les tickets de caisse enregistreuse et les bouteilles en plastique. Ainsi, si vous testez l'urine de tous les habitants de la planète, il y a de fortes chances pour qu'il y ait au moins un peu de BPA détectable dans leur urine. Mais il est bien connu que la présence d'une substance chimique n'est pas synonyme de nocivité, et le fait que le BPA soit présent dans l'urine est un signe que notre foie remplit sa fonction de métabolisation et d'élimination des substances xénochimiques du sang.

 

L'article du JAMA en question peut être jeté à la poubelle ; il suffit pour s'en convaincre de consulter le tableau de données de l'auteur (tel qu'il est).

 

 

 

 

Les problèmes

 

1) Les auteurs expliquent de manière très détaillée les informations sur les variables – « âge, sexe, race/ethnicité, niveau d'éducation, revenu familial, statut tabagique, consommation d'alcool, activité physique et apport alimentaire... »

 

Alors que ces informations sont normalement importantes pour s'assurer que les meilleurs ensembles de données comparatives sont utilisés – particulièrement important pour éliminer les biais associés aux études rétrospectives (dragage des données) qui pourraient tenir compte des facteurs de confusion, rien de tout cela ne compte ici (voir ci-dessous).

 

2) « ...a été collecté à l'aide de questionnaires... »

 

L'autodéclaration des informations dans les enquêtes, en particulier celles qui durent cinq ans (2003-2008), est un moyen notoirement inexact de collecter des données. Elle repose sur la mémoire, l'honnêteté et l'exactitude des participants.

 

3) La mesure du BPA se fait dans l'urine, ce qui est censé être le cas. Cela ne nous dit rien, ou presque, sur la concentration dans le sang, où la substance chimique pourrait vraisemblablement faire des dégâts.

 

4) Rien de ce qui précède n'a d'importance. Ignorez. Au lieu de cela, regardez les faits saillants que j'ai ajoutés au tableau des données de l'article. Cela frise l'hilarité.

 

  • La mortalité toutes causes confondues (traitillé vert) est signalée comme étant de 1,49 – une augmentation de 49 % (encadré vert) dans le tertile le plus élevé uniquement. L'éventail des valeurs se situe dans une fourchette relativement étroite (flèche jaune), ce qui suggère que les données sont statistiquement significatives. Même si cela est vrai, ce chiffre constitue la base ENTIÈRE de l'article.

 

  • La mortalité cardiovasculaire (traitillé rouge) serait supérieure de 46 % (encadré rouge) dans le tertile le plus élevé, mais cette donnée n'est pas statistiquement significative. Loin s'en faut. Cela devient flagrant lorsque l'on regarde la fourchette de valeurs - 0,67-3,15. On pourrait très bien lancer des fléchettes et obtenir un tel ensemble de données.

 

  • La mortalité par cancer (traitillé bleu) n'est pas affectée par le BPA, quelle que soit la concentration urinaire. ET ces résultats sont également dépourvus de signification statistique ; notez la fourchette 0,4,-2,4. Plus de fléchettes.

 

 

Je ne veux pas insister sur l'évidence...

 

Mais, si le groupe de personnes ayant la plus forte concentration de BPA dans leur urine meurt 49 % plus souvent, mais pas de maladies cardiaques ou de cancer, alors qu'est-ce qui les tue ? Les crabes ? Les antennes de téléphonie mobile ? La réponse est qu'il n'y a pas de réponse. Il s'agit d'un article de plus où un seul chiffre, supposé légitime, constitue la base de l'histoire, mais non seulement il n'est pas soutenu par d'autres données, mais il semble même les contredire.

 

 

Le verdict ?

 

Mon collègue Cameron English résume bien la situation :

 

« Donc, après toutes les années et l'argent gaspillés dans ces études épidémiologiques minables, personne n'a compris comment le BPA pourrait augmenter le risque de mortalité. »

 

Désolé, les gars. Classez l'article ici.

 

_______________

 

[1] La plupart du reste du BPA est utilisé pour fabriquer des résines époxy, qui sont plus stables que les plastiques polycarbonates.

 

Le Dr Josh Bloom, directeur des sciences chimiques et pharmaceutiques, vient du monde de la découverte de médicaments, où il a fait de la recherche pendant plus de 20 ans. Il est titulaire d'un doctorat en chimie.

 

Source : Yet Another Garbage Study on BPA: This Time in JAMA. | American Council on Science and Health (acsh.org)

 

Ma note : Les risques relatifs sont totalement contre-intuitifs si l'on considère les lignes « décès par personne/année ». Si j'ai bien compris les ajustements pour éliminer les facteurs de confusion produisent/produirait ces résultats extraordinaires.

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