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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Dix idées fausses sur l'alimentation et la nutrition à abandonner pour cette nouvelle année

1 Janvier 2022 Publié dans #Alimentation

Dix idées fausses sur l'alimentation et la nutrition à abandonner pour cette nouvelle année

 

Food Science Babe, AGDAILY*

 

 

Image : Michaelspb, Shutterstock

 

 

Cette année a été particulièrement difficile. Espérons que l'une des bonnes choses à en retirer est une meilleure compréhension de l'importance de la science et d'une communication scientifique précise, ainsi que de l'importance croissante de pouvoir repérer la mauvaise et la fausse sciences en ligne.

 

Si vos résolutions pour la nouvelle année incluent d'en apprendre encore plus sur la manière de repérer les pseudosciences et d'améliorer votre culture scientifique, je vous recommande vivement ces deux cours en ligne gratuits : ce cours de culture scientifique est fourni par l'Université d'Alberta, et ce cours, Truth Behind Food Headlines, est fourni par l'Université de Reading. J'ai suivi les deux cours et je les recommande vivement.

 

Dans l'esprit d'aller de l'avant dans la nouvelle année et d'aider à mettre fin à la propagation de la désinformation, voici dix idées fausses sur l'alimentation et la nutrition à laisser derrière vous cette nouvelle année :

 

 

 

 

1. « Évitez les produits alimentaires contenant plus de cinq ingrédients ! »

 

Quoi ? Pourquoi ? Qui a eu cette idée, et pourquoi l'entend-on encore comme conseil en nutrition ? Je suis presque sûre que l'origine de ce conseil vient de nul autre que Michael Pollan, vers 2008, lorsqu'il faisait la promotion de son nouveau livre. La seule chose qui me vient à l'esprit quand j'entends des gens donner ce conseil, c'est «Waouh ! votre nourriture doit être vraiment fade ! »

 

Il n'y a aucune base scientifique à cette règle et certainement aucune raison de continuer à la propager. Laissez-la de côté et, pour le bien de vos papilles, assaisonnez vos aliments !

 

 

 

 

2. « Si vous ne pouvez pas le prononcer, ne le mangez pas ! »

 

Ah oui, encore une absurdité certifiée par Michael Pollan. Non seulement cette affirmation n'a aucun fondement scientifique, mais elle est aussi incroyablement « raciste ». Le fait que vous puissiez ou non prononcer le nom d'un ingrédient n'a absolument aucune incidence sur sa sécurité ou son contenu nutritionnel.

 

Je suis sûre que la plupart des gens ne seraient pas capables de prononcer les noms chimiques de nombreuses substances qui entrent dans la composition des fruits et des légumes, mais cela ne signifie pas que vous ne devriez pas les manger. Cette règle alimentaire arbitraire aurait dû être abandonnée il y a longtemps.

 

 

 

 

3. « C'est interdit en Europe ! »

 

C'est l'une des idées fausses les plus répandues que j'ai abordées au cours de l'année écoulée. J'ai réalisé plusieurs vidéos à ce sujet, que vous pouvez retrouver dans ma série « Interdit en Europe ? » sur ma page Instagram. Dans de nombreux cas, ces affirmations « interdit en Europe » ne sont même pas vraies. C'est un peu déroutant, car les additifs alimentaires sont étiquetés différemment dans l'UE et aux États-Unis, par exemple, le FD&C Yellow 6 est étiqueté comme E110 dans l'UE.

 

Dans certains cas, il est vrai que certains ingrédients sont autorisés aux États-Unis et interdits dans l'UE, mais l'inverse est également vrai. Il y a en fait plus de colorants alimentaires autorisés dans l'UE qu'aux États-Unis, mais le fait qu'un ingrédient soit interdit dans un pays spécifique ne vous dit rien sur sa sécurité. Dans certains cas, l'interdiction d'un ingrédient est fondée sur des raisons politiques ou autres qui n'ont rien à voir avec la sécurité. Parfois, un ingrédient peut ne pas être approuvé dans certains pays parce qu'il n'est tout simplement pas nécessaire. La disponibilité et le coût des ingrédients ainsi que les préférences des consommateurs peuvent également jouer un rôle dans les différentes formulations.

 

Le fait qu'un même produit ait une formulation légèrement différente d'un pays à l'autre (ce qui est assez courant) ou une liste d'ingrédients plus longue ne signifie pas que quelque chose de sinistre se passe, ou que l'un est plus sûr ou inférieur à l'autre.

 

 

 

 

4. Régimes détox

 

Préparez-vous à la frénésie des régimes et des détox pour la nouvelle année, mais n'y prêtez pas attention. Il y a de fortes chances que votre corps ne contienne pas une quantité toxique d'une quelconque substance, car vous seriez à l'hôpital si c'était le cas. Par conséquent, les affirmations selon lesquelles les « toxines » s'accumulent dans l'organisme au point d'atteindre un niveau toxique sont plutôt ridicules.

 

Une série de réactions chimiques est effectuée par le foie pour convertir les substances toxiques en substances qui peuvent être éliminées dans la bile, ou par les reins, et le rein excrète les déchets dans l'urine. « Affirmer que l'un ou l'autre organe a besoin d'un "nettoyage", c'est faire preuve d'une profonde ignorance de la physiologie humaine, du métabolisme et de la toxicologie. » En plus de cela, il n'y a aucune preuve crédible pour démontrer que les produits de désintoxication font quoi que ce soit. Il n'a pas été démontré qu'ils éliminent les « toxines » ou qu'ils offrent des avantages pour la santé. Il est également possible que ces produits et certains régimes détox puissent causer des dommages réels.

 

 

 

 

5. La culture du bien-être et les conseils des célébrités

 

Vous savez, la culture du bien-être, où tout ce qui n'est pas « naturel » est considéré comme « toxique » et où le but est d'éliminer ces « toxines » de votre vie afin de ressembler à Gwyneth Paltrow. Oui, c'est la culture du bien-être en un mot.

 

Voici le problème : elle n'est fondée sur rien d'autre que le sophisme de l'appel à la nature. « Naturel » n'est pas synonyme de « plus sûr ». La dose fait le poison s'applique à toutes les substances chimiques et le fait qu'une substance soit naturelle ou de synthèse ne vous dit absolument rien sur sa sécurité. C'est pourquoi l'expression « substances chimiques toxiques », qui ne fait référence qu'aux substances de synthèse, alors que les substances « naturelles » sont épargnées, n'a absolument aucun sens scientifique. Certaines des substances chimiques les plus toxiques connues sont d'origine naturelle, et Paltrow elle-même encourage l'injection de la substance la plus toxique connue : la toxine botulique, alias Botox, dans votre visage. Bien sûr, la version qu'elle promeut est « propre » (levez les yeux au ciel ici). Le Botox est sans danger, ce qui est un excellent exemple pour montrer que « la dose fait le poison » s'applique à tout, même à la substance la plus toxique connue !

 

N'oubliez pas que si quelqu'un prétend qu'un aliment ou un ingrédient est « toxique », mais qu'il ne fournit pas le nom d'une substance chimique spécifique, ni la dose, ni les preuves scientifiques montrant qu'elle est toxique pour les humains à cette dose et par cette voie d'exposition, alors soit il n'a aucune idée de ce dont il parle, soit il essaie de vous tromper et/ou de vous vendre quelque chose. Ce qui est réellement toxique, c'est la culture du bien-être. Si vous cherchez une bonne résolution pour la nouvelle année, je vous recommande de nettoyer votre flux de réseaux sociaux de toute personne promouvant cette pseudo-science.

 

 

 

 

6. Manger propre

 

Le terme « propre », lorsqu'il s'agit de nourriture, est un terme marketing dénué de sens, à moins que vous ne fassiez littéralement référence au nettoyage de la saleté sur les aliments. Lorsqu'il est question de nourriture, d'ingrédients ou d'alimentation, le terme « propre » n'est même pas défini. Les entreprises inventent leurs propres définitions arbitraires et commercialisent ensuite ces aliments comme étant plus sains et/ou plus sûrs, généralement avec un supplément de prix.

 

Panera est un excellent exemple. Ils ont créé leur propre définition de « nourriture propre », ce qui, pour eux, signifie que la nourriture ne contient aucun des ingrédients de leur « liste d'interdits ». Oui, ils ont sérieusement créé une « No-No List » parce qu'apparemment nous sommes des enfants à qui il faut dire « non, non » quand nous mangeons des « aliments sales » avec des ingrédients qui font peur. Vous savez que le terme est dénué de sens lorsque les sociétés d'alcool commencent à commercialiser tout, des alcools forts au vin, comme étant « propre ». La nourriture n'est ni « bonne » ni « mauvaise », ni « propre » ni « sale ». La nourriture est la nourriture. Laissez la dénonciation publique des aliments derrière vous cette année.

 

 

 

 

7. L'alarmisme sur les OGM

 

J'ai écrit assez longuement sur les OGM, donc je ne vais pas entrer dans trop de détails ici, mais la peur des OGM est due à un manque de compréhension de ce que « OGM » signifie vraiment. Une étude de 2019 a révélé que les opposants extrêmes aux aliments génétiquement modifiés sont ceux qui en savent le moins, mais qui pensent en savoir le plus.

 

Si les OGM sont quelque chose que vous évitez parce que vous ne comprenez pas vraiment ce que cela signifie, profitez-en pour en apprendre davantage sur les différentes techniques de modification génétique et sur le fait que le terme « OGM » ne désigne que quelques-unes des nombreuses techniques utilisées pour modifier génétiquement les cultures. Le graphique ci-dessous est une excellente référence, de même que l'article qui l'accompagne. J'ai également publié de nombreux articles sur les OGM et j'ai organisé les ressources dans une rubrique Instagram ici.

 

 

 

 

En résumé, les OGM sont tout aussi sûrs et au moins aussi nutritifs que leurs homologues non GM. Ils peuvent être bénéfiques pour l'agriculteur, l'environnement et le consommateur, mais la technologie utilisée pour créer des OGM n'est qu'un outil parmi d'autres. Ce dont nous avons désespérément besoin, c'est de moins d'étiquettes marketing fondées sur la peur et de plus de connaissances scientifiques.

 

 

 

 

8. Les « vrais » aliments moisissent

 

Je sais que vous l'avez déjà vue. C'est celle où quelqu'un déterre dans son sous-sol un hamburger et des frites de fast-food vieux de 10 ans qui ont été essentiellement momifiés et où tout le monde devient fou en pensant que la nourriture doit être impropre à la consommation si elle n'a pas moisi. Burger King a même utilisé cette idée fausse comme campagne publicitaire pour ses « vrais » hamburgers qui moisissent.

 

La bonne réponse à cette question est bien sûr de demander si les raisins secs sont eux aussi impropres à la consommation ; après tout, ils ne moisissent pas non plus, mais pour une raison quelconque, le raisonnement n'est pas le même pour des aliments comme les fruits secs.

 

Voyez-vous, cela est dû à un concept simple appelé activité de l'eau. L'humidité migre des zones à forte activité hydrique vers les zones à faible activité hydrique jusqu'à ce qu'un équilibre soit établi. Ainsi, si l'activité de l'eau de l'aliment est supérieure à celle de l'air ambiant, l'humidité migre de l'aliment vers l'air, diminuant ainsi l'activité de l'eau de l'aliment. Si l'activité de l'eau à l'équilibre est inférieure à ce qui est nécessaire pour la croissance des moisissures et des bactéries et qu'elle est atteinte avant que les micro-organismes aient eu la possibilité de se développer, les moisissures et les bactéries ne seront tout simplement pas présentes sur l'aliment desséché.

 

Le séchage, ou déshydratation, est utilisé pour conserver des aliments tels que les fruits, la viande et le pain depuis des milliers d'années. En fait, le hamburger et les frites ont séché et se sont transformés en bœuf séché, en deux gros croûtons et en chips. Avez-vous déjà eu peur d'ouvrir un paquet de chips et de voir de la moisissure ? Non, parce que, la science.

 

 

 

 

9. Diaboliser les aliments sûrs et accessibles

 

L'insécurité alimentaire et les déserts alimentaires sont des problèmes réels ici aux États-Unis. Je vois souvent des régimes spécifiques et des modes d'alimentation coûteux être présentés comme la seule façon d'être en bonne santé ; ce faisant, des aliments moins chers et plus accessibles sont diabolisés. Les affirmations générales selon lesquelles les aliments « transformés » et les « conservateurs » sont mauvais ou malsains sont tout simplement inexactes.

 

De nombreux procédés et conservateurs sont utilisés pour rendre les aliments plus sûrs, plus nutritifs et plus durables, ce qui permet d'accroître l'accessibilité et de réduire le gaspillage alimentaire ainsi que les taux de maladies d'origine alimentaire. Ce ne sont pas de mauvaises choses, et il est donc inexact d'utiliser les termes « transformés » ou « conservateurs » pour impliquer quelque chose de négatif à propos d'un aliment. La cuisson, la mise en conserve, la congélation et la pasteurisation sont autant d'exemples de procédés utilisés pour rendre les aliments plus sûrs et plus durables. Certains conservateurs peuvent également ajouter des nutriments essentiels au produit. Par exemple, l'acide ascorbique (vitamine C) et les tocophérols (vitamine E) peuvent être ajoutés comme conservateurs et contribuer à satisfaire les besoins en nutriments.

 

Inversons le scénario et commençons à parler de l'importance de ces technologies qui permettent de produire des aliments plus sûrs, plus abordables et plus accessibles !

 

 

 

 

10. Les douze salopards

 

Je l'ai déjà dit et je le répète, les « Dirty Dozen » , les douze salopards, doivent être jetés à la poubelle.

 

Malgré les données qui montrent constamment à quel point nos aliments sont sûrs, l'Environmental Working Group (EWG) manipule ces mêmes données pour effrayer les consommateurs au sujet d'aliments conventionnels parfaitement sûrs. Il publie sa liste chaque printemps et recommande aux gens d'acheter des versions bio de ces fruits et légumes parce qu'il prétend qu'ils sont « plus propres » et contiennent moins de résidus de pesticides. Cependant, ce qu'ils font dans leur « analyse », c'est prendre les résultats du programme de données sur les pesticides (PDP) du Département Américain de l'Agriculture et compter simplement le nombre de résidus de pesticides sur chaque type d'aliment. Et c'est tout. La liste est établie sur la base du nombre total de pesticides différents détectés sur chaque aliment. Ils ne tiennent absolument pas compte de la nature du produit chimique, de sa concentration dans l'aliment et de sa comparaison avec les niveaux de tolérance de l'Agence de Protection de l'Environnement (EPA) propres à chaque combinaison culture-substance.

 

Ils ne mentionnent jamais non plus le fait que l'agriculture biologique utilise également des pesticides et que les versions bio de ces aliments contiennent également des résidus de pesticides. En outre, ils omettent le fait que le PDP de l'USDA n'est pas conçu pour pouvoir détecter la plupart des pesticides approuvés pour l'agriculture biologique, car cela nécessiterait des analyses coûteuses et spécifiques. Les résumés annuels du PDP montrent systématiquement que 99 % des produits échantillonnés présentent des niveaux de résidus bien inférieurs aux tolérances de l'EPA, qui sont fixées sur la base d'une évaluation des risques exhaustive et rigoureuse reflétant toutes les informations toxicologiques disponibles. L'EWG prend ensuite ces données et classe les aliments sur la base d'une mesure qui n'a absolument rien à voir avec la sécurité de l'aliment.

 

En fin de compte, notre approvisionnement alimentaire est incroyablement sûr du point de vue des résidus de pesticides. Étant donné qu'un Américain sur dix seulement mange suffisamment de fruits et de légumes chaque jour, nous devrions en promouvoir la consommation, et non la décourager. Malheureusement, les Dirty Dozen sont les plus nuisibles. Une étude récente a montré que les messages fondés sur la peur des résidus de pesticides ont amené les consommateurs à faibles revenus à déclarer qu'ils étaient moins enclins à acheter des fruits et légumes, qu'ils soient bio ou conventionnels. Alors, je le dis encore une fois, la liste des Dirty Dozen doit être jetée à la poubelle.

 

 

 

 

Meilleurs vœux pour la nouvelle année et trinquons à notre contribution pour que la désinformation anti-scientifique sur l'alimentation fasse partie du passé !

 

___________

 

Food Science Babe est le pseudonyme d'une militante et d'une auteure qui s'intéresse spécifiquement à la science qui se cache derrière notre alimentation. Elle est diplômée en génie chimique et travaille dans l'industrie alimentaire depuis plus de dix ans, tant dans le secteur conventionnel que dans le secteur naturel et biologique.

 

Source : 10 food and nutrition misconceptions to leave behind | AGDAILY

 

 

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