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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes; Le Monde et la désinformation 1 », de M. Alexandre Baumann, déménage !

12 Décembre 2021 Publié dans #Divers

« Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes; Le Monde et la désinformation 1 », de M. Alexandre Baumann, déménage !

 

Quelles leçons pour la littérature scientifique ?

 

 

(Début du fil)

 

 

Nous vous avons entretenus de « Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes; Le Monde et la désinformation 1 », de M. Alexandre Baumann, dans deux billets, le premier pour en annoncer la pré-publication, et le second pour relater une menace de plainte en diffamation.

 

Notons que, selon M. Alexandre Baumann, la menace de poursuites avait été formulée par un chercheur au nom du CNRS et de l'ANSES (!). À notre connaissance, ni l'une ni l'autre de ces honorables institutions n'a pris l'initiative d'agir contre une démarche qui les met, au moins indirectement, en cause. Prenons-le comme la manifestation de leur intérêt à défendre leur honorabilité et leur réputation...

 

L'ouvrage de M. Alexandre Baumann, bien que ne traitant pas spécifiquement de ce sujet, est tout de même gênant pour le grand dessein d'une fine équipe de chercheurs qui se sont constitués en bande – oups ! en groupe de travail – pour faire interdire les néonicotinoïdes, et plus généralement les pesticides de synthèse (voir notre billet précédent pour la preuve de l'instrumentalisation de la science au service d'une cause socio-politique).

 

Le lien que nous avions donné dans le premier billet nous renvoie maintenant à la page d'accueil de Researchgate, qui a donc supprimé l'ouvrage de M. Alexandre Baumann de son site.

 

L'ouvrage reste accessible par le site Archive.org. M. Alexandre Baumann l'a aussi chargé sur Internet sur un site dédié. Il en a même produit une version anglaise.

 

Il va de soi que Researchgate n'a pas retiré l'ouvrage de sa propre initiative mais a répondu à des sollicitations plus ou moins pressantes (plutôt plus compte tenu des événements précédents).

 

M. Alexandre Baumann conclut son fil Twitter ainsi :

 

« Bref, au final, on peut un peu dire merci Jean-Marc.

 

C'était important de me rappeler à quel point la pseudo-écologie est toxique, à quel point l'éthique y est une notion marketing plus que morale, à quel point, en somme, votre imposture mérite d'être exposée. »

 

Quel que soit le rôle – réel ou imaginaire – de « Jean-Marc », la question principale posée est celle de la perméabilité des revues et des plate-formes (en principe) scientifiques aux discours et agissements in fine anti-scientifiques.

 

À supposer que la plate-forme Researchgate – qui n'a apparemment pas daigné répondre à M. Alexandre Baumann – ait reçu des menaces de poursuites, elle n'a sans doute pas cherché à en savoir davantage. En acceptant de supprimer un texte dérangeant une approche militante de la science, elle a sapé un des fondements de la démarche scientifique : l'acquisition de connaissances par les essais et les erreurs, les propositions et les réfutations.

 

Le problème est plus vaste.

 

D'un côté, Researchgate censure une analyse critique de la littérature journalistique de M. Stéphane Foucart, ayant des répercussions sur la science sous-jacente ; de l'autre, Current Opinion in Insect Science publie « Editorial overview: Halting the pollinator crisis requires entomologists to step up and assume their societal responsibilities » (aperçu éditorial : pour mettre fin à la crise des pollinisateurs, les entomologistes doivent assumer leurs responsabilités sociétales) de Jeroen P. van der Sluijs,... Stéphane Foucart et Jérôme Casas, et Nature en 2018, « Risks associated with glyphosate weedkiller resurface » (les risques liés au désherbant glyphosate refont surface) de... Stéphane Foucart et Stéphane Horel...

 

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H
J'ai lu Le Monde étant jeune parce "qu'on" nous apprenait cela à l'université (marrant comment on formate les gens !) et j'ai du être abonnée pas loin d'une dizaine d'années ! Et puis entrée dans la vie professionnelle, au fur et à mesure que je découvrais un certain nombre de réalités, j'ai été dégoûtée par ce journal qui racontait n'importe quoi sur des sujets dans lesquels je travaillais et que je connaissais de "l'intérieur". J'ai cessé de le lire milieu des années 1990. <br /> J'estimais que si sur des sujets que je connaissais parfaitement, Le Monde faisait de la désinformation, il n'y avait aucune raison pour que sur les autres sujets, il soit plus objectif.<br /> <br /> Je n'ai appris qu'assez récemment ce qu'était l’effet d’Amnésie « Gell-Mann » que j'appliquais sans le connaitre.<br /> Il s'agit d'un concept développé par Michael Crichton (1942-2008), qui fit des études de médecine, avant de devenir écrivain et scénariste de film de science-fiction (Jurassic Park). Murray Gell-Mann (1929-2019) était un grand scientifique, prix Nobel de physique en 1969 avec qui Michael Crichton discuta de ce concept.<br /> C’est assez simple. Vous ouvrez un journal et vous tombez sur un article sur un sujet que vous connaissez parfaitement bien, par exemple parce que c’est ou cela a été votre domaine professionnel. Vous lisez l’article et vous vous rendez compte que le journaliste n’a absolument aucune compréhension de son sujet. Souvent l’article est tellement mauvais qu’il inverse causes et effets. Michael Crichton appelait cela des histoires de rues mouillées qui parce qu’elles étaient mouillées ont (soi disant) fait pleuvoir…<br /> Michael Crichton disait qu’après avoir lu avec exaspération ou amusement les multiples erreurs de l’article, on tourne la page vers des affaires nationales et internationales et on lit le reste des articles comme s’ils étaient forcément plus crédibles que les balivernes que l’on vient de lire.<br /> Oublier presque immédiatement qu’un article est affreusement biaisé ou lamentablement ignorant jette un soupçon sur la crédibilité de tous les autres articles du journal, c’est cela l’Amnésie « Gell-Mann ».<br /> <br /> J'avoue que dans la presse française, il ne me reste pas grand chose à lire, mais je ne m'en porte pas plus mal. Je lis davantage de livres de fond, des articles de recherche dans des revues spécialisées, et je consulte des sites qui fournissent des données brutes comme le site satellitaire Copernic pour la pollution. <br /> Et il y a d'excellents blogs de ré-information comme celui-ci.
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U
à Xris<br /> Je ne connaissais pas ce texte, mais l'estimation de 5 à 8% ressort clairement de l'étude Karuprostate elle même dont les résultats ont été publiés. Ce qui est navrant, c'est que cette exagération de l'effet du chlordécone est en partie à l'origine de la psychose anti vaccin aux Antilles qui a fait des centaines de morts.
H
@ un physicien, tout à fait d'accord avec vous, il faut croiser et recroiser les informations. Mais en règle générale, les journaux grand public sont des tissus d'âneries. <br /> Il y a quelques mois j'ai commencé à vouloir en savoir plus sur la chlordécone et le cancer de la prostate. (Je ne parle pas de l'accumulation de la molécule dans les sols qui pose indéniablement problème). <br /> Jusque là, je pensais vraiment que la chlordécone était à l'origine d'une grave épidémie de cancer de la prostate aux Antilles. En fait, c'est un article affirmant que le glyphosate aggravait les effets du chlordécone qui m'a fait creuser la question. Lorsque j'ai été sur l'étude dont était tiré cet article totalement "poubelle", je me suis rendu compte que ce n'était pas une association de molécules qui posait problème, mais tout simplement le fait que le glyphosate permettait un bon désherbage et que ce désherbage favorisait l'érosion, entrainant des sols chargés de chlordécone. Bref, une armée de femmes et d'enfants désherbant à l'ancienne, à la binette aurait eu le même résultat. Ou pire, car un sol qui s'érode, mieux vaux éviter de le "gratter". <br /> Du coup, je me suis posée des questions sur la chlordécone...<br /> En prenant successivement les différentes études, je suis quand même tombée de l'armoire car c'est loin d'être aussi clair qu'on nous l'affirme, les populations d'origine africaine ayant un taux de cancer de la prostate supérieur à celui des caucasiens. Lisez avec attention cette audition à l'Assemblée Nationale du spécialiste de la question M. Luc Multigner en 2019, qui amène plus d'interrogations que de réponses. On en parle peu mais certains pays de l'est bloc soviétique ont abondamment utilisé la chlordécone, dommage qu'aucune comparaison n'ait été faite.
U
Je me souviens de Jacques Fauvet encensant les Khmers Rouges quand les autres média rapportaient leurs exactions.<br /> Comme il serait confortable de disposer de références vraiment fiables !<br /> Hélas même les revues scienifiques les plus "prestigieuses" ne sont pas fiables. On a vu le Lancetgate.<br /> Même ces revues, relues par les pairs, doivent être considérées avec un oeil critique.