« Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes; Le Monde et la désinformation 1 », de M. Alexandre Baumann, déménage !
Quelles leçons pour la littérature scientifique ?
Nous vous avons entretenus de « Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes; Le Monde et la désinformation 1 », de M. Alexandre Baumann, dans deux billets, le premier pour en annoncer la pré-publication, et le second pour relater une menace de plainte en diffamation.
Notons que, selon M. Alexandre Baumann, la menace de poursuites avait été formulée par un chercheur au nom du CNRS et de l'ANSES (!). À notre connaissance, ni l'une ni l'autre de ces honorables institutions n'a pris l'initiative d'agir contre une démarche qui les met, au moins indirectement, en cause. Prenons-le comme la manifestation de leur intérêt à défendre leur honorabilité et leur réputation...
L'ouvrage de M. Alexandre Baumann, bien que ne traitant pas spécifiquement de ce sujet, est tout de même gênant pour le grand dessein d'une fine équipe de chercheurs qui se sont constitués en bande – oups ! en groupe de travail – pour faire interdire les néonicotinoïdes, et plus généralement les pesticides de synthèse (voir notre billet précédent pour la preuve de l'instrumentalisation de la science au service d'une cause socio-politique).
Le lien que nous avions donné dans le premier billet nous renvoie maintenant à la page d'accueil de Researchgate, qui a donc supprimé l'ouvrage de M. Alexandre Baumann de son site.
L'ouvrage reste accessible par le site Archive.org. M. Alexandre Baumann l'a aussi chargé sur Internet sur un site dédié. Il en a même produit une version anglaise.
Il va de soi que Researchgate n'a pas retiré l'ouvrage de sa propre initiative mais a répondu à des sollicitations plus ou moins pressantes (plutôt plus compte tenu des événements précédents).
M. Alexandre Baumann conclut son fil Twitter ainsi :
« Bref, au final, on peut un peu dire merci Jean-Marc.
C'était important de me rappeler à quel point la pseudo-écologie est toxique, à quel point l'éthique y est une notion marketing plus que morale, à quel point, en somme, votre imposture mérite d'être exposée. »
Quel que soit le rôle – réel ou imaginaire – de « Jean-Marc », la question principale posée est celle de la perméabilité des revues et des plate-formes (en principe) scientifiques aux discours et agissements in fine anti-scientifiques.
À supposer que la plate-forme Researchgate – qui n'a apparemment pas daigné répondre à M. Alexandre Baumann – ait reçu des menaces de poursuites, elle n'a sans doute pas cherché à en savoir davantage. En acceptant de supprimer un texte dérangeant une approche militante de la science, elle a sapé un des fondements de la démarche scientifique : l'acquisition de connaissances par les essais et les erreurs, les propositions et les réfutations.
Le problème est plus vaste.
D'un côté, Researchgate censure une analyse critique de la littérature journalistique de M. Stéphane Foucart, ayant des répercussions sur la science sous-jacente ; de l'autre, Current Opinion in Insect Science publie « Editorial overview: Halting the pollinator crisis requires entomologists to step up and assume their societal responsibilities » (aperçu éditorial : pour mettre fin à la crise des pollinisateurs, les entomologistes doivent assumer leurs responsabilités sociétales) de Jeroen P. van der Sluijs,... Stéphane Foucart et Jérôme Casas, et Nature en 2018, « Risks associated with glyphosate weedkiller resurface » (les risques liés au désherbant glyphosate refont surface) de... Stéphane Foucart et Stéphane Horel...