Pays-Bas : des milliards pour la transformation de l'agriculture
Norbert Lehmann, AGRARHEUTE*
Selon les plans du gouvernement Rutte, l'agriculture néerlandaise, qui est le plus souvent intensive, doit être profondément transformée au cours des prochaines années. Des milliards d'euros sont prévus à cet effet.
Le nouveau gouvernement néerlandais veut soutenir à coups de milliards la transformation de l'agriculture avec pour objectif le respect de l'environnement et du bien-être animal. L'association des agriculteurs doute que ces objectifs ambitieux soient réalistes.
Après les plus longues négociations de coalition de l'histoire du pays, les nouveaux et anciens partis au gouvernement aux Pays-Bas ont présenté leur programme pour les quatre prochaines années. Neuf mois ont été nécessaires au parti du Premier Ministre Mark Rutte, le VVD [Volkspartij voor Vrijheid en Democratie – Parti Populaire pour la Liberté et la Démocratie], et à ses trois partenaires, D66 [Democraten 66], CDA [Christen-Democratisch Appèl – Appel Chrétien-démocrate] et ChristenUnie, pour rédiger leur contrat de coalition.
L'agriculture et la protection du climat y sont des thèmes prioritaires. A moyen terme, le gouvernement prévoit une transformation en profondeur de l'agriculture, axée sur la protection du climat, de l'environnement et des animaux.
Le cabinet Rutte IV veut financer cette réorientation à l'aide d'un fonds de reconversion doté de 25 milliards d'euros au total sur la période allant jusqu'en 2035. Ce fonds doit permettre de soutenir un programme national pour l'espace rural qui s'attaque aux défis de l'agriculture et de la nature.
La réduction de la pollution par l'azote doit être considérablement accélérée. L'objectif de réduction de l'azote sera porté de 26 pour cent à 50 pour cent et avancé de cinq ans par rapport à 2035.
De nouveaux modèles commerciaux seront développés pour l'agriculture néerlandaise, comme les matériaux de construction biosourcés, les certificats de carbone et la séquestration de l'azote. En outre, un contrat de société est envisagé pour développer un élevage respectueux des animaux.
Le gouvernement attend du commerce de détail alimentaire qu'il fasse preuve de transparence en proposant un assortiment entièrement durable et respectueux des animaux. Cela implique un comportement d'achat durable et des prix équitables pour les agriculteurs.
Le président de l'association des agriculteurs néerlandais [LTO – Land- en Tuinbouworganisatie], Sjaak van der Tak, a constaté avec soulagement que l'accord de coalition ne prévoit pas de « zonage top-down » pour l'agriculture, ni d'expropriation massive, ni de réduction de moitié du cheptel.
Mais en même temps, la barre pour la réduction de l'azote est placée à une hauteur inatteignable, a critiqué M. van der Tak. La réduction de 50 pour cent proposée dans l'accord de coalition représente un doublement de l'objectif fixé au début de l'année.
Le président de la LTO estime qu'une réduction de 40 pour cent, en collaboration avec d'autres secteurs économiques, est réaliste pour un budget supplémentaire de 15,3 milliards d'euros. Dans l'ensemble, la composante économique manque à l'union des agriculteurs dans de nombreuses annonces.
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* Norbert Lehmann travaille depuis plus de 25 ans comme journaliste spécialisé. Après des études d'économie agricole à Bonn, le service de presse et d'information Agra-Europe a été sa première étape professionnelle. Il a fait de fréquents séjours à Bruxelles en tant que correspondant. Ensuite, activités au sein du groupe d'édition Handelsblatt, dans les relations publiques scientifiques ainsi qu'en tant qu'indépendant. Depuis 2012, il travaille au dlv, en dernier lieu en tant que chef de la rubrique Management & Markt à la rédaction d'AGRARHEUTE.
Source : Niederlande: Milliarden für den Umbau der Landwirtschaft | agrarheute.com
Ma note : Un commentateur a écrit :
« 1. La fable du contrat de société
Colportée par tous les politiciens, ce n'est rien d'autre qu'une idée à peine étayée. La « société » n'existe pas plus que le « peuple » et tous deux ne sont pas en mesure de conclure un contrat. En effet, seuls les individus, les entreprises organisées ou les États peuvent le faire. Mais « la société » n'est rien de tout cela et la politique n'est pas prête à conclure un contrat contraignant. Elle ne fait que des déclarations d'intention qui seront peut-être obsolètes demain – ou après un changement de gouvernement.