La fille du fermier : parfois, nous oublions de prendre soin de nous-mêmes
Amanda Zaluckyj, AGDAILY*
Image : Khaoniewping, Shutterstock
Il y a peu de temps, j'ai fait quelque chose que je n'aurais jamais pensé faire : j'ai publiquement admis que j'avais besoin de prendre du recul par rapport à The Farmer's Daughter USA pour me concentrer sur ma santé mentale et mon bien-être. Il m'a fallu des semaines de tergiversations pour savoir si je devais le faire avant de me sentir enfin à l'aise (euh, à peu près à l'aise) pour appuyer sur l'onglet « publier ». C'était un peu surréaliste, car je voyais tout s'écrouler autour de moi – je ne répondais pas aux courriels, j'ignorais les commentaires, je perdais mon intérêt et ma passion – mais je ne pouvais pas m'avouer que j'étais épuisée.
Comme beaucoup de mes lecteurs le savent, j'ai subi une opération et une chimiothérapie en 2020. Lorsque j'ai terminé mon dernier cycle de chimiothérapie en novembre, j'étais physiquement épuisée. Mon corps avait besoin de temps pour se remettre, et tout le monde m'a dit de lui donner ce temps. Bien sûr, je ne l'ai pas fait. J'en ai honte aujourd'hui, mais je n'étais pas si gentille avec moi-même.
Toute l'année suivante a ressemblé à une série d'échecs ; je ne faisais pas assez, je n'étais pas assez, je ne créais pas assez, je ne travaillais pas assez, je ne vivais pas assez. Ce n'est que maintenant que je me sens enfin moi-même que je réalise à quel point j'étais malade.
Connaissant beaucoup d'agriculteurs, je sais que je ne suis pas la seule dans cette communauté à avoir besoin qu'on lui rappelle d'être gentil avec soi-même. J'ai entendu un jour quelqu'un parler de « capitalisme intériorisé ». C'est un état d'esprit dans lequel vous vous sentez coupable de vous reposer. Vous placez la productivité avant la santé. Vous croyez que travailler dur est synonyme de bonheur. Vous vous sentez paresseux lorsque vous réagissez à un traumatisme, à la douleur ou à l'adversité. Et, en fin de compte, votre valeur personnelle est évaluée par votre succès, votre travail acharné et votre productivité.
Cela vous semble familier ?
Je me souviens très bien avoir levé les yeux au ciel la première fois que j'ai entendu cela. C'était une nouvelle occasion de se plaindre d'un système économique qui a permis une prospérité sans précédent. Mais l'idée a un certain mérite. Nous ne sommes pas obligés de travailler sans relâche. Nous devons prendre le temps de nous détendre et de profiter de notre vie. Et parfois, nous avons besoin d'une pause. Plus important encore, notre valeur personnelle n'est pas uniquement déterminée par la durée et l'intensité de notre travail, par ce que nous accomplissons ou par ce que nous réalisons.
L'agriculture est le terreau idéal pour cette façon de penser. Lorsque votre style de vie, votre famille et votre carrière sont réunis dans un même ensemble, il peut être difficile de ralentir et de prende de la hauteur. Mais c'est tellement important pour notre santé mentale, notre santé physique et notre bien-être général.
Je vous encourage à profiter des fêtes de fin d'année pour vous entraîner à faire taire les voix qui vous disent que vous devez travailler davantage. Concentrez-vous plutôt sur les choses qui vous apportent de la joie, qui vous inspirent et qui vous permettent de vous éloigner de la folie de ce monde. Je vous promets que l'inflation, les faibles prix des denrées de base et les intrants coûteux seront toujours là lorsque vous reprendrez le travail. Il y aura toujours plus à faire, plus de soucis et plus de choses qui requièrent votre attention.
Pour ma part, j'ai apprécié ces dernières semaines. J'ai consacré mon temps libre à être une mémère à chien, à voir ma famille et à me reposer. Je commence à me sentir mieux et j'ai même dépoussiéré mes habitudes. Bien sûr, la santé mentale n'est pas quelque chose que l'on obtient par magie du jour au lendemain et dont on n'a plus jamais à se soucier. Mais je me laisse aller, je travaille à mon rythme et je m'efforce de faire preuve de bienveillance envers moi-même.
The Farmer's Daughter USA va revenir. J'ai hâte de m'y remettre, de créer de nouveaux contenus et de laisser libre cours à ma créativité. Je veux m'exprimer sur les politiques et les questions qui comptent pour les agriculteurs. Je veux demander des comptes aux entreprises. Et je veux partager les réalités de l'agriculture américaine.
Plus important encore, je veux trouver un moyen de le faire tout en prenant soin de moi. J'espère que vous envisagerez de faire de même. Croyez-moi, cela en vaut la peine.
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* Amanda Zaluckyj tient un blog sous le nom The Farmer's Daughter USA. Son objectif est de promouvoir les agriculteurs et de lutter contre la désinformation qui tourbillonne autour de l'industrie agroalimentaire américaine.
Source : Perspective: Sometimes farmers forget to take care of themselves | AGDAILY