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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Du nouveau sur les insectes

17 Décembre 2021 Publié dans #Article scientifique

Du nouveau sur les insectes

 

Willi l'agriculteur*

 

 

 

 

L'évolution des populations d'insectes est une affaire compliquée. D'une part parce qu'il s'agit d'animaux particulièrement petits, d'autre part parce qu'il y a relativement peu de spécialistes qui se sont penchés sur ce sujet. Il arrive donc souvent que des perceptions subjectives telles que « avant, je devais nettoyer plus souvent mon pare-brise » déterminent le cours de la discussion.

 

Il est donc très positif que le Ministère de l'Environnement et de l'Agriculture (MUNLV) de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie ait commandé une étude scientifique dans laquelle les connaissances existantes et les résultats solides (reviews) ont été rassemblés. J'ai résumé quelques-unes des conclusions que je considère comme remarquables. Cela vaut la peine de lire l'étude dans son intégralité.

 

Étude bibliographique sur le déclin des insectes

 

Au cours des dernières décennies, les terres agricoles ont connu des changements et une intensification de leur utilisation. Cela a eu des répercussions sur les communautés d'espèces végétales ; ce sont surtout les espèces végétales peu compétitives qui ont régressé. Les insectes spécialisés dans ces espèces végétales ont par conséquent diminué, mais certaines espèces d'insectes profitent de la modification des communautés d'espèces végétales et sortent gagnantes de cette évolution. L'étude écrit toutefois que « l'état actuel des connaissances ne permet pas encore de dresser un bilan solide des gagnants et des perdants ». L'étude fait également cette déclaration à propos de l'effet du changement climatique et « il est concevable que les effets positifs et négatifs puissent s'équilibrer plus ou moins ».

 

La déclaration concernant les produits phytosanitaires est très différente de ce qui est généralement attendu. Selon l'étude, « il n'est pas possible de tirer des conclusions précises sur l'importance relative des produits phytosanitaires dans le déclin des insectes sur les terres agricoles ».

 

Quels sont les facteurs, moins discutés, qui influencent les populations d'insectes ? Il est logique que le climat ait une influence. Ainsi, les hivers doux ont entraîné une mortalité plus élevée du moiré franconien [Erebia medusa], alors que d'autres espèces réagissent positivement avec un taux de reproduction plus élevé.

 

Le réchauffement climatique a un impact sur la phénologie. Au cours des dernières décennies, le printemps a été avancé et la période de végétation dure plus longtemps. Cela a des effets à la fois positifs et négatifs. D'une part, une génération supplémentaire prospérant dans la végétation prolongée peut favoriser la propagation d'une espèce, ce qui est facile à voir. Chez le papillon mégère ou satyre [Lasiommata megera], une troisième génération de chenilles apparaît, mais elle ne survit pas à l'hiver. On parle de « piège à développement », car cela entraîne une diminution globale de la population.

 

Un printemps précoce, sec et chaud favorise les larves de la decticelle bariolée [Roeseliana roeselii], qui peuvent alors mieux survivre. Elles forment également un grand nombre d'individus capables de voler, ce qui favorise leur propagation.

 

Les interactions biotiques sont par exemple l'interaction entre l'espèce animale et la base alimentaire nécessaire. Si l'alimentation d'une espèce d'insectes dépend fortement d'une seule espèce végétale, l'espèce régresse au même rythme que la base alimentaire diminue (espèces monophages). Mais le découplage peut également entraîner un recul des insectes. C'est le cas, par exemple, lorsque les chenilles éclosent plus tôt en raison du réchauffement, mais que les plantes hôtes ne sont pas encore disponibles. Un effet de cette désynchronisation a été démontré chez la phalène brumeuse [Operophtera brumata]. Le dessèchement des plantes alors que les températures sont élevées constitue également un découplage phénologique, ce qui prive les insectes de leur base alimentaire. Nous avons connu quelques-unes de ces situations météorologiques, particulièrement fortes dans les années 2018 à 2020.

 

Le changement climatique entraîne un déplacement de l'habitat. Les insectes qui aiment le froid migrent, ceux qui aiment le chaud s'installent, ce qui entraîne à la fois un recul et une augmentation des populations. L'étude écrit toutefois très clairement qu'il n'existe que très peu de résultats d'études solides à ce sujet.

 

Les changements climatiques entraînent une modification de la végétation. La propagation du solidage dans les prairies humides riches en espèces en est un exemple. Contrairement à ce qui était attendu, la propagation du solidage représente un « potentiel de menace considérable pour la diversité des insectes ». La diversité des espèces diminue au fur et à mesure que le solidage progresse.

 

Les espèces végétales invasives ont également un impact sur les espèces d'insectes. L'impatiente glanduleuse [Impatiens glandulifera], qui a migré en Allemagne, favorise certains pollinisateurs qui évincent ensuite les espèces indigènes. De plus, les plantes indigènes sont moins pollinisées en raison de la forte attractivité de l'impatiente. Les espèces spécialisées se voient ainsi privées de leur base alimentaire. Ces espèces disparaissent alors que l'impatiente continue à se répandre.

 

Les espèces animales invasives jouent également un rôle dans l'extinction des espèces d'insectes. Le frelon asiatique, par exemple, s'est spécialisé dans les abeilles mellifères pour se nourrir. On ne sait pas encore dans quelle mesure les abeilles sauvages font également partie de son menu.

 

Du point de vue des insectes des milieux ouverts, l'abandon de l'exploitation des surfaces agricoles entraîne à long terme une diminution de la qualité de l'habitat et finalement sa perte. Contrairement à ce qui était prévu, cela entraîne le déclin de nombreuses espèces d'insectes. Cela a été scientifiquement prouvé par de nombreuses études. Lorsque des surfaces auparavant agricoles sont finalement reboisées ou se transforment naturellement en forêt, ces surfaces sont définitivement perdues pour les insectes des milieux ouverts. L'abandon d'anciennes terres agricoles « à la nature » n'a donc pas nécessairement des effets positifs pour les insectes.

 

Une influence directe de la fertilisation sur les populations d'insectes n'a pas pu être démontrée. De même, l'étude n'a pas encore pu démontrer précisément comment l'éclairage artificiel influence les populations d'insectes. L'effet d'attraction et de confusion est connu, mais il n'existe pas de données et de faits concrets.

 

En lisant l'ensemble du document, le lecteur se rend compte que les changements dans le monde des insectes sont très complexes. Les raisons évoquées ci-dessus n'en décrivent qu'une petite partie. Cela vaut la peine de lire l'ensemble du texte.

 

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* Source : Neue Fakten zu Insekten - Bauer Willi

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