Bien-être animal : le canal A et le canal B de l'information
Nous avons assisté ce début décembre à un phénoménal événement médiatique au sujet du bien-être animal et de L214 – une association dont on rappellera qu'elle milite en réalité pour l'abolition de l'élevage et qui bénéficie de généreuses subventions d'origine étrangère.
Dans l'ordre...
Le 1er décembre 2021, l'Opinion publie sous la plume de l'excellente Emmanuelle Ducros « L214 condamnée pour une intrusion dans un élevage, une première ».
C'est du lourd, voire du super-lourd. Tout d'abord, il s'agit d'une décision en appel. En résumé :
« Mardi 30 novembre, la Cour d’appel de Rennes a condamné l’association L214 en deuxième instance, pour une intrusion dans un élevage de lapins du Morbihan, qui avait donné lieu à une vidéo publiée le 30 septembre 2020. La reconnaissance par la justice du fait que cette vidéo-choc de l’association anti-élevage constitue une violation de propriété et de domicile peut faire jurisprudence dans de nombreux dossiers. »
Il y a déjà eu des précédents en première instance, s'agissant de l'association DXE-Redpill, moins connue et moins courtisée par les médias (voir sur ce site « Intrusion dans les élevages : DxE-Red Pill condamné en appel » et « Intrusions dans les élevages : Konbini et DxE (Red Pill) condamnés à retirer un " reportage volé" de M. Hugo Clément » – il y a appel dans ce dernier cas).
Sous réserve d'un examen plus détaillé de la décision, on n'est plus simplement dans les limites de la violation de propriété, de la violation de domicile et du non-respect des règles sanitaires :
« Cette fois, la Cour d’appel de Rennes estime qu’il n’y a pas lieu d'évoquer la liberté de la presse dans la mesure où la vidéo a été obtenue au moyen d’une violation de domicile. "Elle a suivi ce que je plaidais, continue Maître Depasse. C’est-à-dire le fait que les enregistrements résultent d’un trouble manifestement illicite. Ce qui est intéressant, c’est qu’il n’y a pas besoin qu’il y ait une effraction ou une intrusion pour que l’on puisse avancer cette violation de domicile. Le fait que cela se fasse chez l'éleveur, à son insu, caractérise l’infraction. L214, en diffusant une vidéo ainsi obtenu serait complice d’une intrusion illicite." »
Mme Emmanuelle Ducros enfonce le clou :
« En clair, même si la vidéo était fournie à L214 par un salarié présent sur les lieux pour des raisons professionnelles, il s’agit tout de même d’une violation de propriété. [...] »
Ce n'est sans doute pas la fin de l'histoire. L214 se pourvoira sans nul doute en cassation.
Le Figaro semble être le seul autre journal généraliste à s'être intéressé à cet événement. Il note en conclusion :
« Jusqu'à présent, chaque fois qu'elle avait été condamnée, L214 avait fini par remporter ses procès en cassation. »
Le lendemain, 2 décembre 2021, le Monde – « avec AFP », ce qui signale la diffusion d'une dépêche – a publié « L214 dénonce les mauvais traitements réservés aux porcs dans un élevage d’Herta ». En chapô :
« L’association de défense des animaux a diffusé, mercredi, une vidéo tournée dans une exploitation de l’Aube qui montre notamment des bêtes recevant des coups. »
On peut émettre de sérieux doutes sur le titre. Un élevage qui livre sa production à Herta n'est pas « un élevage d'Herta ».
Mais, surtout, ce qui interroge c'est que l'AFP diffuse – et le Monde répercute – les allégations de L214 malgré les précédents où les accusations ont fini par se dégonfler :
« L214 a déjà ciblé un élevage "filière Préférence" Herta de l’Allier dans deux vidéos publiées fin 2020 et début 2021. Le groupe avait suspendu "par précaution" ses approvisionnements à la suite de la première vidéo avant de les reprendre après un audit interne et après que les autorités sanitaires locales eurent conclu à la "bonne tenue de l’élevage et à l’absence de non-conformité majeure". »
L'article détaille des accusations. C'est beaucoup plus – pour ainsi dire – soft que par exemple France 3 Régions et son « Aube : un élevage de cochons fournisseur d’Herta épinglé par l’association L 214, la préfecture ordonne un contrôle » qui sonne comme un début de mise en cause et d'accusation.
Nous en saurons peut-être un peu plus dans quelques mois... ou pas.
Comme dans le cas de l'élevage l'Allier, on peut craindre que, les allégations de maltraitance étant une « information », le dégonflement des allégations n'en soit pas une.
Mais l'essentiel n'est-il pas – au-delà de l'alimentation d'un fond de commerce – de mettre le groupe Herta sous pression... avec le concours complaisant de l'AFP et des médias ?
Et, la présidentielle approchant...