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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

2021 – Adieu à l'année de la peur

31 Décembre 2021 Publié dans #Divers

2021 – Adieu à l'année de la peur

 

David Zaruk (Risk-monger)*

 

 

 

 

Si 2021 nous a appris quelque chose, c'est qu'il n'y a aucune limite au pouvoir et à l'emprise de la peur. Elle peut étouffer l'espoir aussi rapidement qu'un vice-président de la Commission Européenne peut imposer le principe de précaution à un vaccin AstraZeneca ; elle peut réimposer des mesures de confinement sévères à l'émergence d'un variant présentant des symptômes très légers ; elle peut inciter les fonctionnaires de la Commission à forcer le secteur agricole européen à adopter des pratiques religieuses d'agriculture biologique (ou proposer la suppression de tous les produits chimiques « toxiques ») ; elle a créé une maladie appelée « éco-anxiété » – un tourment que les adolescents ont partagé lors de la COP-26 à Glasgow (pendant que les dirigeants mondiaux piquaient un roupillon). La peur des virus, la peur des produits chimiques, la peur d'un changement climatique catastrophique imminent, la peur des entreprises maléfiques – les affaires n'ont jamais été aussi florissantes pour l'industrie de la peur depuis la guerre froide (et, il faut bien l'admettre, nous nous sommes comportés de manière incroyablement stupide).

 

La peur est également relative. Avec le grand-père qui roupille dans sa Maison Blanche, nous ne semblons plus avoir peur des tensions géopolitiques. Les troupes russes se massent à la frontière ukrainienne, les avions à réaction chinois menacent les avant-postes taïwanais ; ces événements ne provoquent même pas un battement de cœur, mais si une ville côtière de l'Alaska connaît un après-midi chaud, nous sommes pris de panique. Selon la dernière comédie noire de Leonardo DiCaprio, nous n'avons pas assez peur. Voyez l'effrayante adolescente suédoise pour nous grogner dessus une fois de plus.

 

La peur empêche les gens de penser rationnellement et d'agir au mieux de leurs intérêts. La peur pousse les gens à former un troupeau, plus facilement géré par des opportunistes qui se font passer pour des fournisseurs de solutions. La peur crée une population moutonnière qui aspire à ce que quelqu'un d'autre la garde en sécurité et à l'abri de tout risque. Après près de deux ans de peur liée à la pandémie et de restrictions étouffantes, la plupart des gens ont perdu la capacité de penser à plus long terme ou de prendre soin d'eux-mêmes. Et, malheureusement, la peur permet aux opportunistes de s'en tirer avec des solutions terriblement intolérables (oserais-je dire : goebbelsiennes ?) : retrait de contenus, bannissement, imposition de règles et de changements de comportement, destruction délibérée des économies et restrictions des libertés individuelles.

 

 

La création à partir du chaos

 

C'est en 2021 que le Risk-Monger s'est montré le plus créatif, inventant des termes tels que precautionaria (la précautionnite, une maladie mortelle) ou organish (biologic – lorsque les aliments biologiques ne sont plus qu'une étiquette à prix élevé) pour tenter de maintenir l'esprit contre-intuitif. Il a beaucoup insisté sur la façon dont deux des plate-formes européennes du Pacte Vert (Green Deal) ont ridiculisé (ici et ici) Bruxelles et l'ont rendue excessivement alarmiste. Il s'est insurgé contre ce qu'il a appelé les « impositionnistes » – des activistes qui ont tenté d'imposer un changement de comportement – et a expliqué comment l'approche de l'assemblée des citoyens de la Conférence sur l'avenir de l'Europe n'était qu'un stratagème d'activistes pour légitimer leurs campagnes. Il s'en est pris à sa propre communauté de communication scientifique pour avoir encouragé la suppression de la liberté d'expression et alimenté la propagation des anti-vax. Il a même publié son propre opus qui cherche une alternative positive à la distinction destructrice et fondée sur la peur entre l'agriculture biologique et l'agriculture conventionnelle.

 

Mais quel était l'objectif ? Le Risk-monger a écrit ces articles pour lui-même et a si peu pris la peine de les organiser ou d'en faire des mèmes pour amplifier l'engagement. Pourquoi ? L'évolution de la culture d'annulation (cancel culture) dans les réseaux sociaux a rendu les communautés idéologiques hermétiques, de sorte que seuls ses fan clubs avaient accès à ses idées (et même eux devenaient de plus en plus acariâtres). Les algorithmes et les barrières d'interdiction régies par le contenu restreignaient la liberté d'expression, les tribus érigeaient des murs d'ignorance, les principaux groupes de médias étaient séduits par des campagnes de peur bien ficelées lancées par des groupes d'activistes rompus aux relations publiques, et rares étaient ceux qui avaient le temps de lire ou de faire l'effort de penser au-delà du récit qui leur était imposé. Nous avons créé trop d'obstacles à la pensée critique.

 

Le Risk-monger a assumé un rôle de simple conservateur de l'effondrement de la raison dans cet Âge de la Stupidité animé par la peur. L'année 2021 a atteint de nouveaux sommets avec la captation des médias, l'abandon par les fonctionnaires européens de leur responsabilité de gouverner en tant que gestionnaires des risques et la prise du leadership par des groupes d'intérêt via leurs « assemblées de citoyens ». Les conseillers experts ont été écartés, les journaux ont adopté l'alarmisme putaclic et Gary Ruskin est devenu rédacteur en chef par intérim de Scientific American [c'est de l'ironie]. Depuis le sous-sol poussiéreux et perpétuellement confiné du Risk-monger, tout cela est devenu assez déprimant, alors qu'il levait les bras en signe de frustration et réduisait ses propres efforts.

 

Je veux dire, sérieusement, quel est l'intérêt désormais ? Le Risk-monger dispose actuellement de deux pistes concernant deux graves scandales d'abus de recherche, mais il ne trouve pas l'énergie nécessaire pour terminer les exposés. Que va-t-il changer ? Après avoir exposé 30 cas de corruption au sein du CIRC, après avoir montré comment les dirigeants occidentaux n'ont pratiquement aucune capacité de gestion des risques face à une pandémie, s'appuyant plutôt sur le principe de précaution, et ne montrant aucun sens des responsabilité pour les conséquences de leurs décisions lâches ; après avoir montré les conséquences dévastatrices du fait que le lobby de l'agriculture biologique et de l'agro-écologie dicte la politique à Bruxelles et à Rome ; après avoir vu comment il est devenu une victime de l'infection par la politique identitaire débile de la communauté de la communication scientifique, il ne peut que conclure qu'il reste peu d'espoir pour les politiques fondées sur des preuves et des faits dans ce déclin vers un nouvel Âge des Ténèbres. Dans les années à venir, la lumière de la raison ne fera que s'affaiblir.

 

 

Abandonner le navire

 

Pire encore, sur le plan personnel, le Risk-monger a connu une année difficile. Il s'est battu contre un Covid long et une légère dépression, puis en juin, après son deuxième vaccin contre la Covid-19, il s'est retrouvé le dos emballé dans la glace pendant trois semaines (merci Dieu pour l'oxycodone). Il s'avère que le vaccin a provoqué une poussée d'arthrite inflammatoire. La réponse immédiate à l'hôpital a été : « Bien sûr que non – le vaccin n'a pas causé la poussée ! » Mais son rhumatologue, avec un sourire penaud, a confirmé que presque tous ses patients atteints de cette forme agressive avaient des réactions similaires. En décembre, il doit maintenant faire face aux risques d'un décollement de la rétine. Ayant déjà perdu l'usage effectif de quatre doigts, des morceaux du Monger tombent et il continue à se demander s'il n'est pas temps de tout arrêter.

 

J'ai décidé de me retirer lentement de mes fonctions universitaires (cela me rend malade de voir comment mes étudiants ont souffert d'une administration qui se contente d'acquiescer tout en gérant un campus vide). Devrais-je également me retirer de l'écriture et de l'engagement avec une communauté qui s'amenuise, se divise et devient hargneuse ? Les algorithmes se resserrent autour des gagnants du consensus approuvé par les médias tout en isolant les contre-intuitifs. Deux fois cette année, j'ai dû faire face à des modérateurs de contenu capricieux qui ne considéraient pas qu'il était de la responsabilité de leur entreprise de défendre la liberté d'expression. Je ne fais pas cela pour l'argent et je n'ai pas signé pour de telles nuisances. Comme la scène des conférences semble devoir rester en sommeil jusqu'en 2023 peut-être, la retraite anticipée semble très attrayante pour mon corps brisé.

 

On m'a dit de ne jamais terminer un discours ou laisser un public dans le désespoir le plus complet, alors peut-être que cet annus horribilis a besoin d'une fin heureuse. Laissez-moi changer de vitesse et faire apparaître un deus ex machina.

 

Mais ensuite, j'ai reçu un message personnel d'un follower.

 

 

 

Une flamme de bougie vacillante

 

« Hé David, tu as vu ce qui s'est passé au CIRC ? La cabale Ramazzini a été éliminée de leur programme de monographies. »

 

Je ne pouvais pas en croire mes yeux – c'était vrai. Même la méchante sorcière de l'Ouest a été renvoyée chez elle pour prendre la poussière dans un rôle sans avenir au sein des Académies Nationales. Je suis toujours banni de la page Twitter du CIRC, mais après tous ces articles, toutes ces preuves « claires comme de l'eau de roche » de corruption et de manque d'intégrité scientifique, je ne peux m'empêcher de me demander si le message n'est pas finalement passé : le CIRC doit faire le ménage. Le programme de monographies du CIRC semble avoir été mis de côté et il semble que l'agence n'aura pas la force de conviction nécessaire pour aller jusqu'au bout de la condamnation des OGM comme cancérigènes qu'elle avait prévue. La machine américaine du droit de la responsabilité civile a perdu un outil précieux dans son art de la tromperie et de nombreux scientifiques militants ne peuvent plus compter sur un complément de salaire sûr en tant que consultants en litiges. Je pleure pour leurs pertes.

 

Puis, un autre message est arrivé (bénie soit ma communauté, beaucoup d'entre eux savent que je n'ai pas le temps de me tenir au courant de toute la folie ambiante).

 

« David, tu as entendu la nouvelle ? Bayer vient de gagner son deuxième procès consécutif sur le glyphosate aux États-Unis ! »

 

Peut-être que même les jurés américains ne peuvent pas être effrayés par des affirmations sans fondement faites par des requins et des ombres. Se pourrait-il que les gens commencent à voir clair dans cette tentative visqueuse et frauduleuse d'escroquer les consommateurs et de détruire l'agriculture durable ? Encore quelques cas comme celui-ci et je peux m'attendre à ce que le puits de financement des litiges non réglementé se tarisse et que plusieurs des prédateurs les plus méchants fassent faillite (j'ai une bouteille de champagne sur la glace en attendant le jour où ces affreux scientologues de Baum Hedlund seront contraints de retourner dans une boutique au centre commercial). Lorsque le vent tourne et que la puanteur arrive à votre nez, même les idiots utiles comme Carey Gillam perdent leur tribune (elle a quitté discrètement US Right to Know) et ne peuvent plus obtenir que des spots dans des podcasts anti-vax déments.

 

« Hé, M. Monger – il semble que la Commission Européenne ait ouvert une fenêtre pour reconsidérer les réglementations sur certaines nouvelles techniques de sélection végétale (NGT). »

 

Il faudra peut-être se battre un peu plus pour y parvenir, car la DG Santé de la Commission Européenne compte encore un certain nombre de précautionnistes dans la poche de la clique des activistes de l'environnement et de la santé. Et bien qu'elle soit proposée comme un moyen d'atténuer l'impact prévu de leur stratégie destructrice « de la ferme à la table » (farm2Fork), même un entrebâillement de cette fenêtre pourrait permettre à un peu d'air frais d'entrer à Bruxelles. Et si cette chasse aux sorcières de 25 ans contre les OGM peut enfin être mise en veilleuse, il y a peut-être de l'espoir pour les agriculteurs, car la Commission Européenne pourrait commencer à débusquer les chimiophobes et les anti-progressistes qui se sont cachés derrière le voile de la précaution pendant bien trop longtemps.

 

° o 0 o °

 

La peur a peut-être atteint son zénith en 2021. Peut-être que mes opinions ne sont plus aussi éloignées du discours commun. Peut-être y a-t-il une place pour la pensée rationnelle en Occident (sans que nous ayons à renoncer à toute notre richesse). Peut-être que tout cela n'a pas été fait pour rien. Peut-être ai-je joué un petit rôle dans l'arrêt d'une partie de cette folie. Peut-être vais-je me donner une autre année et essayer de soulever un peu plus de poussière.

 

Bonne Année et faisons de 2022 une année de célébration du progrès scientifique et de l'innovation !

 

David

 

______________

 

David pense que la faim, le SIDA et des maladies comme le paludisme sont les vraies menaces pour l'humanité – et non les matières plastiques, les OGM et les pesticides. Vous pouvez le suivre à plus petites doses (moins de poison) sur Twitter ou la page Facebook de Risk-monger.

 

Source : 2021 – Farewell to the Year of Fear – The Risk-Monger

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U
Souhaitons une bonne année à M. Zaruk et à la Raison.<br /> Et aussi à notre hôte Seppi.<br /> PS Où trouver les 30 cas de corruption au sein du CIRC ?
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R
Lâche pas David , tu tiens le bon bout !
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