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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Quand Ducros se décarcasse... l'intolérance, le sectarisme et la haine se déchaînent...

30 Novembre 2021 Publié dans #Activisme

Quand Ducros se décarcasse... l'intolérance, le sectarisme et la haine se déchaînent...

 

 

 

 

Une conférence à Sciences Po

 

L'Institut Sapiens, un laboratoire d’idées indépendant, autrement dit un think tank, a organisé à Sciences Po Paris, en partenariat avec Sciences Po Alumni, une conférence réunissant scientifiques, universitaires, représentants d’entreprises du secteur de l’énergie et journalistes, afin de discuter des façons de « Rapprocher la science et la société : l’opportunité de la transition énergétique ».

 

On peut voir un enregistrement – malheureusement coupé avant la fin – ici.

 

Le panel final se composait de Mme Géraldine Woessner, en Madame Loyal, de M. Olivier Babeau, de Mme Emmanuelle Ducros et de M. Olivier Lesgourgues, alias Mac Lesggy.

 

Compte tenu des domaines d'activité de trois intervenants, la question du rapprochement de la science et de la société a évidemment porté sur les domaines « controversés » de l'activité agricole et alimentaire, notamment les OGM et les pesticides.

 

Mme Emmanuelle Ducros a rapidement planté le décor :

 

 

(Source)

 

 

Petit aparté qui n'en est pas vraiment un

 

Avant d'entrer dans le vif du sujet, Mac Lesggy a repris sur Twitter un extrait de « Histoire de l’INRA. Entre science et politique » (Cornu, Maeght et Valceschini, 2018, p. 355 – cité dans «A l’origine du blé tendre Renan : une obtention sans mystère » qui tente d'expliquer, laborieusement, que Renan n'est pas un OGM ) :

 

« Ainsi, pour l’Inra, dès 1999, l’essentiel est joué : il n’y aura plus d’engagement massif de la puissance publique dans la recherche sur la transgenèse à des fins agricoles et alimentaires. Il faut donc en tirer toutes les conséquences pour l’institut. La plus immédiate, c’est la conscience de ce que, désormais, la crise et la controverse sont devenues le mode "normal" des relations entre science et société, et qu’il n’est plus possible de demander la caution de l’État pour des recherches qui ne trouveraient pas l’assentiment, éclairé ou non, de l’opinion publique. Pour les chercheurs, eux-mêmes confrontés à une crise de la scientificité, caractérisée par la montée des problématiques de la complexité, des signaux faibles et des évolutions chaotiques, dans un contexte social et culturel de contestation sans cesse plus radicale du rationalisme, c’est à une profonde remise en cause de leur manière de vivre la science qu’ils doivent s’atteler. »

 

 

Une déclaration met le feu aux poudres

 

L'Institut Sapiens a relayé sur Twitter une citation de, sans conteste Mme Emmanuelle Ducros :

 

« Il y a 1 milliard de personnes qui meurent encore de faim dans le monde. Si on décide, par pure idéologie, de se priver des pesticides et des OGM, alors il faudra choisir qui n'aura plus le droit de manger. »

 

 

(Source)

 

 

Les experts diplômés Twitter 1.0 ou Facebook pour les Nuls en agriculture et alimentation s'en sont donné à cœur joie sur ce fil ainsi que sur ceux des retweets.

 

Certains ont pris la déclaration à la lettre, au tout premier degré, pour s'en prendre à l'auteure.

 

 

Une figure de rhétorique et un constat pas vraiment contestable

 

Mais il convient de relever, d'une part, que le « meurent encore de faim » est une figure de rhétorique, du reste largement employée et ne choquant personne dans des circonstances ordinaires : l'hyperbole.

 

D'autre part, le nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition dans le monde n'est pas un objet de statistiques nominatives. Dans leur rapport sur « L'État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde » de 2021, les organisations du système des Nations Unies coordonnées par l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) ont estimé qu'entre 720 et 811 millions de personnes ont fait face à la faim en 2020 et que 928 millions de personnes – 148 millions de plus qu'en 2019 – étaient dans une situation d'insécurité alimentaire grave. Le milliard de personnes évoqué par Mme Emmanuelle Ducros n'a donc rien d'extravagant.

 

 

Ne soumettez pas les étudiants de Science Po à des faits et opinions inconvenants !

 

C'est sur un autre plan que la polémique est intéressante – et inquiétante :

 

« Que font ces gens à Sciences Po ?

Comment voulez-vous qu'on enseigne des chose sérieuses aux étudiants si des clowns pareils y sont invités ? »

 

 

(Source)

 

 

L'auteur est chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et... professeur à Science Po (et auteur, entre autres, de : « Mon principal espoir est que le zadiste, le jacobin écolo et le technocrate radicalisé pactisent).

 

Ce qu'il nous est offert en lecture – de surcroît sur le mode de l'insulte – est que Sciences Po devrait faire passer les intervenants extérieurs sous les fourches caudines d'un Politburo et « protéger » les étudiants de la confrontation avec des opinions non conformes à la bien-pensance.

 

Notons ceci dans les réactions :

 

 

(Source)

 

 

Nous n'avons pas le souvenir de protestations contre la venue de cette personne que d'aucuns qualifient en angalis de « fraud » – d'escroc. Ni contre la déclaration que le communicant de Sciences Po a cru bon de répercuter Pourtant, elle est au mieux grotesque, au pire ignoble (mangez bio et les maladies chroniques disparaîtront...).

 

 

(Source)

 

 

Le débat d'idées selon EÉLV...

 

Il s'est trouvé un eurodéputé EÉLV pour acquiescer bruyamment :

 

« Symptomatique du moment de confusion que nous traversons. Tout vaut tout. La vérité étant une opinion comme une autre, ces gens peuvent se revendiquer de la "science" ou des "faits" pour leurs actions de lobbying et de fabrique du doute…

C’est l’âge du nouvel obscurantisme. »

 

Une leçon de rigueur scientifique venant d'un parti qui héberge par exemple une adepte des sorcières plutôt que des ingénieurs et une antivax complotiste...

 

 

(Source)

 

 

Un problème, et un autre problème

 

Cette intolérance, ce sectarisme et cette haine ont de quoi inquiéter. Ce n'est pas tant qu'ils ont été exprimés sur un réseau social, réceptacle de grand format pour ce genre de propos. Ce sont les sources des propos, qui ont des parcelles de pouvoir pour décider de notre avenir.

 

Cela s'ajoute à un problème tout aussi fondamental.

 

 

(Source)

 

 

On peut ajouter à titre d'illustration cette autre « réponse » :

 

 

(Source)

 

 

Un directeur adjoint de France Stratégie pense-t-il vraiment qu'on peut se passer de pesticides (dans le monde, et même dans la France des enfants gâtés et bien nourris – enfin pas tous, en témoigne la collecte de cesjours pour les restos du cœur) ? Quels conseils et préconisations sont donnés au gouvernement ?

 

Et, pour en revenir à l'angle général de ce billet, ce « Sans surprise » fleure bon l'animosité et la condescendance, voire le mépris et, tout compte fait l'intolérance et le sectarisme. Dans l'appareil d'État.

 

 

Avant de nous quitter

 

 

(Source et source)

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M
Quand je lis le gazouillis de M. Charbonnier et certains des commentaires qu'il a suscités il me vient à l'esprit certaines répliques d'Audiard.
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U
Il se trouve donc au moins un enseignant à Sciences Po pour écrire que la faim dans le monde n'est pas une chose sérieuse.
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