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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Néonicotinoïdes et menaces de plainte en diffamation : un air de déjà vu

18 Novembre 2021 Publié dans #Néonicotinoïdes, #Activisme

Néonicotinoïdes et menaces de plainte en diffamation : un air de déjà vu

 

Ou « Couvrez ce dessein, que je vous ne sauriez voir » ?

 

 

(Source)

 

 

Nous avons rapporté dans « "Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes; Le Monde et la désinformation 1" de M. Alexandre Baumann », que le prénommé a mis en ligne une version préliminaire de son ouvrage sur un site de pré-publication.

 

Voici, pour rappel, le résumé sur le site :

 

« Stéphane Foucart est un journaliste ayant reçu plusieurs distinctions, auteur de nombreux ouvrages publiés par des éditions reconnues. Dans ce livre, nous montrons que son traitement du sujet des néonicotinoides induit lourdement et volontairement le lecteur en erreur. Il ne s'agit pas de simples approximations journalistiques, mais d'une stratégie de désinformation réfléchie, dont nous décortiquons les ressorts. Ce livre vous présente : - L'argumentaire globalement développé par les 71 articles du journaliste. - Plusieurs des failles l'invalidant définitivement. - Les stratégies de manipulation de l'information que S.Foucart utilise pour rendre, malgré cela, son argumentaire crédible. - L'analyse de 4 articles, pour étudier comment ces stratégies interagissent entre elles. »

 

Quelle ne fut pas la surprise de M. Alexandre Baumann de se trouver confronté à… des menaces de plainte, sans nul doute en diffamation. Il a écrit sur Twitter :

 

« Face aux menaces de poursuites de Jean-Marc Bonmatin, prétendant pouvoir m'attaquer au nom du @CNRS et de @Anses_fr je fais le choix de dépublier mon livre "Stéphane Foucart et les néonicotinoïdes; Le Monde et la désinformation 1. »

 

En ménageant le suspense :

 

« Ou pas.

 

Je pourrais céder hein: même bidon, un procès est toujours une épreuve difficile.

 

Je m'attendais un peu à subir ce genre de pressions, qu'ont d'ailleurs aussi eu à subir @GeWoessner sur Séralini et @GregoirePerra avec l'anthroposophie. »

 

 

(Source)

 

 

On tiendra pour acquis que la menace est réelle : il faut être fou pour balancer un nom à la légère sur Twitter ou toute autre plate-forme de réseau dit social.

 

On pourrait se taper sur les cuisses : comment quelqu'un qui, dans cette affaire, n'est qu'un simple quidam, tout docteur et chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) qu'il soit, peut-il prétendre agir au nom du CNRS, et même de l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'Alimentation, de l'Environnement et du Travail (ANSES) ?

 

De telles menaces nous dispensent en principe de vérifier s'il y a dans l'œuvre de M. Alexandre Baumann des éléments qui seraient susceptibles de fonder une plainte à titre personnel. À notre avis, la réponse est négative.

 

Toutefois, cette démarche étonnante et téméraire – probablement répréhensible pénalement sur plainte – mérite quelques commentaires.

 

En premier lieu, interpellés, le CNRS et l'ANSES n'ont pas daigné répondre. Cela interroge...

 

En second lieu, le personnage n'en est pas à son premier essai (voir notamment ici et ici et, pour l'article incriminé de M. David Zaruk, aka Risk-monger, ici).

 

Enfin, et surtout, ce qui semble planer sur cette affaire est la révélation, grâce à un document (original ici) qui s'est retrouvé sur la toile, d'une opération de grande envergure réalisée dans le cadre d'une Task Force on Systemic Pesticides autoproclaméee (groupe de travail sur les pesticides systémiques) et destinée à discréditer les néonicotinoïdes dans le but de les faire interdire (ce qui a été obtenu au niveau européen).

 

Nous avons souvent évoqué ce document, à commencer dans « "La condamnation d'abord ! La motivation ensuite !"... Malice au Pays des Abeilles, par Wackes Seppi » sur le site de notre ami Anton Suwalki, Imposteurs. C'est le compte rendu d'un « atelier international » tenu du 28 au 30 juin [2010 ?] à l'Université de Paris-Sud, à Orsay, auquel était joint un additif relatant une rencontre à l'Union Internationale pour la Protection de la Nature (UICN) le 14 juin [juillet?] 2010.

 

Voici le texte complet de cet additif :

 

« Le 14 juin 2010, le Pr Goeldlin et le Dr Bijleveld ont rencontré en Suisse le Dr Simon Stuart, Président de la Commission de l'UICN de la sauvegarde des espèces et M. Piet Wit, président de la Commission de l'UICN de la gestion des écosystèmes.

 

Il a été convenu que, sur la base des résultats de la réunion de Paris, les quatre études [research papers] clés seront publiées dans des revues à comité de lecture. Sur la base de ces documents, une étude sera soumise à Science (premier choix) ou Nature (deuxième choix) ; elle présentera de nouvelles analyses et conclusions dans toutes les disciplines scientifiques pour démontrer de façon aussi convaincante que possible l'impact des néonicotionoides sur les insectes, les oiseaux, les autres espèces, les fonctions des écosystèmes, et les moyens de subsistance de l'Homme. Ce papier à fort impact aura un premier auteur soigneusement choisi, un noyau d'auteurs composé de sept personnes ou moins (y compris les auteurs des quatre premiers documents), et un ensemble d'auteurs plus large pour obtenir une couverture globale et interdisciplinaire. Une quantité importante de preuves à l'appui figureront en ligne dans la partie "Supporting Online Material". Un papier parallèle, "frère" (ce serait un document plus court de forum des politiques) pourrait être soumis simultanément à Science pour attirer l'attention sur les implications politiques de l'autre papier et appeler à un moratoire sur l'utilisation et la vente de pesticides néonicotinoïdes. Nous essaieront de rassembler quelques grands noms du monde scientifique comme auteurs de ce document. Si nous réussissons à faire publier ces deux documents, il y aura un impact énorme, et une campagne menée par le WWF, etc. pourra être lancée immédiatement. Il sera beaucoup plus difficile pour les politiciens d'ignorer un document de recherche et un document de forum des politiques publiés dans Science. La chose la plus urgente est d'obtenir le changement de politique nécessaire et de faire interdire ces pesticides, pas de lancer une campagne. Une base scientifique plus solide devrait se traduire par une campagne plus courte. En tout cas, cela va prendre du temps, car l'industrie chimique va jeter des millions dans un exercice de lobbying.

 

Afin de préparer le document qui sera soumis à Science, il faut le planifier simultanément avec les quatre premiers documents plus détaillés (pour être sûr que les quatre premiers documents ne sapent pas involontairement le document à fort impact proposé). Une petite réunion est donc nécessaire pour faire la planification nécessaire, y compris avec les auteurs des quatre premiers documents, David Gibbons/Mark Avery, Maarten Bijleveld, Pierre Goeldlin, les présidents des commissions SSC et CEM de l'UICN (ou leurs représentants) et une ou deux personnes expérimentées dans les publications à fort impact (comme Ana Rodriguez). »

 

 

 

 

Les menaces nous semblent avoir un but précis : « Couvrez ce dessein que nous ne saurions voir ». Il ne faut pas permettre à quelqu'un qui semble avoir des cartouches plus efficaces que de « simples » blogueurs de fouiller trop profondément dans les manœuvres de « science » à but socio-politique.

 

Et, malheureusement, ce genre de menaces peut avoir un effet dissuasif sur les éventuels éditeurs.

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