Le pouvoir des solutions locales pour relever les défis mondiaux
Knud Bay-Smidt*
Les dirigeants du monde entier passent beaucoup de temps ensemble ces derniers temps.
Lors de la réunion du Groupe des 20 (G20) à Rome le week-end dernier [30 et 31 octobre 2021], les responsables des pays les plus riches ont parlé de fiscalité internationale et de vaccins contre la Covid-19. Et maintenant, tout se déplace à Glasgow pour un sommet de 12 jours sur le changement climatique, organisé par les Nations Unies.
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Dans ces deux endroits, les conversations sont entièrement axées sur les défis mondiaux. C'est une bonne chose, car le monde est confronté à une longue liste de défis communs, parmi lesquels le climat, l'insécurité alimentaire, la nécessité de protéger la biodiversité et le désir commun d'assurer un revenu décent à tous, y compris à ceux qui produisent les aliments dont le monde a besoin.
Au milieu de ces discussions de haut niveau, nous ne devons jamais perdre de vue le pouvoir des solutions locales. Elles sont la véritable clé de l'innovation et de l'amélioration.
Nous avons entendu cette sagesse dans un slogan qui est devenu un cliché : « Pensez globalement, agissez localement ».
Nous devrions donc agir localement, en commençant par la maison – et pour un agriculteur comme moi, cela signifie se concentrer sur ma ferme.
Comme je cultive du blé, de l'orge et d'autres espèces ici au Danemark, je ne peux pas faire grand-chose pour relever les défis mondiaux. Je peux à peine influencer les politiques de mon propre pays, sans parler du comportement des Nations à l'autre bout du monde lorsqu'elles discutent et déterminent des politiques qui auront un impact sur la façon dont les agriculteurs peuvent faire ce qu'ils doivent faire pour s'adapter et s'améliorer continuellement.
Pourtant, je peux contrôler ce qui se passe dans ma ferme. Cela commence par l'adaptation : la nécessité de répondre aux circonstances dans lesquelles je me trouve chaque année. Chaque saison est différente, et aucune année ne se ressemble. Les choses changent constamment, qu'il s'agisse de la météo quotidienne ou du climat au fil du temps.
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Donc, nous adaptons constamment notre façon de travailler. Comme les grands requins blancs, nous nageons pour rester en vie. Nous suivons le principe selon lequel la stagnation est synonyme de déclin.
La plus grande adaptation de ces dernières années dans mon exploitation a consisté à améliorer la santé des sols. Nous sommes passés à un concept de semis direct qui inclut l'utilisation de cultures de couverture et de compost. Ces pratiques contribuent à la biodiversité, tout comme d'autres mesures telles que le fait de laisser les branches après la taille des haies plutôt que de les enlever. La faune et la flore s'épanouissent dans notre ferme, des animaux qui traversent nos champs aux vers de terre qui enrichissent son sol.
Certains qualifient ces activités de « climato-intelligentes ». D'autres les qualifient d'agriculture « durable ».
Les termes n'ont guère d'importance. Ils ont du sens pour moi et ma ferme. Ce sont également des solutions locales qui commencent, à leur petite mais importante échelle, à relever les défis mondiaux.
L'inverse de penser mondialement et d'agir localement est de penser localement et d'agir mondialement. Les fonctionnaires tombent souvent dans ce piège. Lorsqu'ils croient avoir identifié une crise, ils essaient souvent de la résoudre avec une règle gigantesque, sans reconnaître que leur approche unique risque d'aggraver les problèmes existants, voire d'en créer de nouveaux. Ils perdent de vue les solutions locales.
Si je veux pratiquer une agriculture « climato-intelligente » et « durable », la chose dont j'ai le plus besoin est l'accès aux nouvelles technologies qui peuvent m'aider à m'adapter aux défis qui se présentent à moi.
Dans l'UE, malheureusement, les régulateurs ont empêché les agriculteurs d'utiliser les meilleures semences, développées à l'aide de technologies génétiques scientifiques, qui permettent aux producteurs d'autres pays de produire plus de nourriture sur moins de terres que jamais auparavant.
Ces semences du XXIe siècle offrent des avantages incroyables, qu'il s'agisse de la résistance à la sécheresse ou de la capacité à répondre aux exigences des consommateurs en matière d'aliments sans gluten. Pourtant, je ne peux pas les utiliser.
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Nous améliorons sans cesse nos technologies personnelles, des téléviseurs dans nos maisons aux téléphones dans nos poches. Dans l'Union Européenne, en revanche, nous les dégradons souvent, du moins dans les exploitations agricoles. Au lieu de nous élancer avec audace vers l'avenir, nous restons bloqués dans le passé, comme un requin qui ne peut pas respirer parce qu'on lui dit de ne pas nager.
Cela signifie que l'une des solutions locales les plus prometteuses à un défi mondial se trouve hors de ma portée, non pas en raison de ma propre ignorance ou de mes mauvaises décisions, mais en raison d'une question formelle de politique publique.
Lorsque les dirigeants du monde discuteront des défis mondiaux à Rome, à Glasgow ou ailleurs, je les encourage à examiner de près l'incroyable éventail de solutions uniques et novatrices utilisées pour s'adapter, survivre et prospérer dans les exploitations agricoles du monde entier. La possibilité qu'ils ont de donner des moyens aux agriculteurs et aux autres personnes au niveau local, aujourd'hui et à long terme, en soutenant des politiques et des priorités fondées sur la science et le bon sens, nous donnera la liberté nécessaire pour pratiquer l'agriculture d'une manière climato-intelligente et pour soutenir un objectif commun mondial.
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* Knud a grandi dans une ferme familiale de quatrième génération. Après l'université, il a démarré sa propre ferme en 1987. Il s'agit d'une ferme sans bétail, basée sur un système sans labour (no-till). Il cultive du blé, de l'orge, de l'avoine et du colza. De 1990 à 2010, il a acheté et exporté des machines agricoles dans 12 pays d'Europe, d'Afrique, d'Asie du Sud et du Sud-Est et du Moyen-Orient. Aujourd'hui, il est agent commercial indépendant pour les machines No-Till. Actuellement, il étudie également l'impact de l'agriculture sur l'environnement proche dans une école de sciences appliquées.
Source : The Power of Local Solutions to Address Global Challenges – Global Farmer Network