Des variétés de pommes de terre biotechnologiques offrent une résistance totale au mildiou
Centre International de la Pomme de Terre (CIP)*
Le mémorial de la famine à Dublin
Le mildiou est la principale contrainte pour les producteurs de pommes de terre, et ce depuis qu'il a provoqué la famine en Irlande dans les années 1840. On estime qu'il coûte aux agriculteurs entre 3 et 10 milliards de dollars par an dans le monde en pertes de récoltes et en produits agrochimiques. L'agent pathogène est généralement combattu par des applications régulières de fongicides, mais comme leur coût peut représenter 10 à 25 % de la valeur totale de la récolte de pommes de terre d'un petit exploitant dans les pays en développement, leur utilisation réduit considérablement les revenus familiaux, tandis que leur application présente des risques pour les personnes et l'environnement. Au fil des décennies, les sélectionneurs ont croisé des pommes de terre avec des parents sauvages pour produire des variétés présentant une résistance modérée au mildiou, mais comme les populations de pathogènes finissent par trouver des moyens de surmonter leur résistance, les variétés largement cultivées deviennent moins résistantes avec le temps. Les variétés de pommes de terre populaires qui étaient résistantes au mildiou lorsqu'elles ont été commercialisées il y a plusieurs décennies sont aujourd'hui aussi sensibles à la maladie que n'importe quelle pomme de terre, ce qui signifie que les agriculteurs doivent appliquer de grandes quantités de fongicides pour les cultiver. Néanmoins, ils préfèrent payer un coût agrochimique élevé plutôt que de risquer une perte de récolte importante ou de cultiver une variété peu demandée par le marché.
Les scientifiques du Centre International de la Pomme de Terre (CIP) ont donc eu recours à la bio-ingénierie pour transférer 3 gènes de résistance (3R) de parents sauvages de la pomme de terre dans des variétés appréciées des agriculteurs et des consommateurs d'Afrique de l'Est. Au cours de cinq années d'essais restreints sur le terrain dans plusieurs endroits en Ouganda, ces variétés 3R ont montré une résistance totale au mildiou sans aucune application de fongicide. Alors que d'autres variétés populaires plantées dans des parcelles adjacentes ont été détruites par le mildiou, les variétés 3R ont donné de bonnes récoltes. Ces variétés de pommes de terre 3R, essentiellement exemptes de fongicides, peuvent augmenter le bénéfice des agriculteurs de 40 % et réduire l'utilisation de produits agrochimiques de plus de 90 %. Les experts ougandais de la pomme de terre ont estimé que le taux d'adoption, 15 ans après la commercialisation, sera de 40 à 50 %.
Le CIP et ses partenaires ont produit un dossier documentant les résultats de plusieurs années d'essais sur le terrain et une évaluation de la sécurité de la pomme de terre 3R dans le cadre d'une demande pour l'enregistrement et les essais de performance nationaux, la dernière condition préalable à la diffusion de la variété aux agriculteurs. Une fois cette demande approuvée, les partenaires du CIP commenceront la commercialisation de la nouvelle variété.
Fonds International de Développement Agricole (FIDA-IFAD) ; Union Européenne ; Centre Australien pour la Recherche Agricole Internationale (ACIAR) ; Fonds de l'OPEP pour le Développement International (OFID).
Programme de Recherche du CGRAI-CGIAR sur les Racines, Tubercules et Bananes ; Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI) ; Organisation de Recherche sur l'Agriculture et l'élevage du Kenya (KALRO) ; Organisation Nationale de Recherche Agricole (NARO) de l'Ouganda ; et Institut Éthiopien de Recherche Agricole (EIAR).
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Ma note : On peut s'insurger devant le fait que l'Union Européenne finance des travaux de génie génétique (le côté positif de son action) et, dans le même temps, alimente financièrement et par sa rhétorique, les opposants au génie génétique qui ont réussi, jusqu'à présent, à bloquer la diffusion de la variété Victoria 3R en Oudanda.
(Source)