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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Consultation sur la législation « OGM-NGT » : la contribution de M. Kevin Folta

7 Novembre 2021 Publié dans #OGM, #CRISPR, #NGT, #Union européenne

Consultation sur la législation « OGM-NGT » : la contribution de M. Kevin Folta

 

 

La Commission Européenne a organisé une consultation sur la « législation applicable aux végétaux produits à l’aide de certaines nouvelles techniques génomiques » qui s'est close le 22 octobre 2021.

 

Voici le résumé des propositions ou intentions de la Commission :

 

« Cette initiative vise à proposer un cadre juridique applicable aux plantes obtenues par mutagénèse ciblée et par cisgénèse ainsi qu’aux produits destinés à l’alimentation humaine et animale qui contiennent de telles plantes. Elle se fonde sur les conclusions d’une étude de la Commission concernant les nouvelles techniques génomiques.

 

L’objectif est de maintenir un niveau élevé de protection de la santé humaine et animale ainsi que de l’environnement, de permettre l’innovation dans le système agroalimentaire et de contribuer aux objectifs du pacte vert pour l’Europe et de la stratégie "De la ferme à la table". »

 

Un lecteur m'a signalé qu'il y avait eu des contributions intéressantes au début de la consultation (elles se trouvent dans les dernières pages du site de la Commission) avant qu'elle ne fût inondée par des messages stéréotypes.

 

Voici donc la contribution de M. Kevin Folta, professeur d'horticulture à l'Université de Floride et grand vulgarisateur devant l'Éternel.

 

 

L'agriculture durable est essentielle dans l'UE : durabilité économique pour les agriculteurs européens et durabilité environnementale pour les terres agricoles limitées de la région. Il est également important de maintenir les coûts à un niveau raisonnable pour les citoyens de l'UE, de soutenir potentiellement les exportations agricoles ou de favoriser une moindre dépendance vis-à-vis des importations. Pour relever ces défis, les scientifiques de l'UE devraient avoir un accès total à toutes les technologies permettant de produire des cultures sûres et durables.

 

En tant que scientifique aux États-Unis, j'ai accueilli des dizaines de scientifiques de l'UE qui sont frustrés par la politique qui restreint leurs recherches et leur capacité à produire des solutions pour leurs pays d'origine. Les restrictions actuelles sont arbitraires, non fondées sur la science, et reflètent les caprices d'opinions politiques/idéologiques plutôt qu'un consensus scientifique.

 

Mon diplôme de fin d'études est en biologie moléculaire et j'ai suivi le génie génétique depuis que l'insuline humaine a été créée dans des microbes au début des années 1980. L'édition de gènes, le processus utilisant des nucléases dirigées par des séquences, est une technologie révolutionnaire qui a déjà eu des impacts positifs considérables dans l'agriculture et la médecine.

 

En bref, les points les plus importants à prendre en compte dans l'élaboration d'une future politique européenne sont les suivants :

 

1. La rapidité. L'édition de gènes permet souvent d'apporter les mêmes modifications génétiques que l'amélioration des plantes (en effectuant des croisements), mais en quelques mois plutôt qu'en quelques années ou décennies.

 

2. La précision. L'édition génétique permet de mettre en place des modifications génétiques qui sous-tendent des caractéristiques importantes (par exemple, la résistance à des maladies) qui sont connues chez les plantes en général, mais qui ne sont peut-être pas présentes dans cette espèce. Il serait impossible de les incorporer avec les techniques de sélection traditionnelles.

 

3. Des effets responsables. Bien que l'édition de gènes soit très précise, elle est sujette à des erreurs et à des effets hors cible. Cependant, notre capacité à séquencer les génomes nous permet d'inventorier les changements associés et d'évaluer les risques, s'ils se produisent.

 

4. Souveraineté. La technologie est simple et peut stimuler une nouvelle industrie autour des cultures régionales, en donnant du pouvoir aux petites entreprises de l'UE et en étendant l'invention/production de semences au-delà d'une petite poignée consolidée de sociétés multinationales.

 

5. L'adaptabilité. Les associations gènes-traits sont connues pour aider les plantes à atténuer les effets du stress thermique, de la salinité, des inondations, etc. La possibilité d'installer ces traits dans des variétés de cultures régionales établies fournira probablement un moyen rapide d'aborder les problèmes causés par le changement climatique.

 

6. Réponse rapide. L'émergence de nouveaux ravageurs et pathogènes nécessite un moyen rapide de s'adapter aux nouvelles menaces, ce qui ne peut être réalisé par la sélection végétale traditionnelle.

 

7. Un risque minimal. Les techniques d'édition de gènes sont beaucoup plus précises que les techniques de mutagenèse bien acceptées actuellement et autorisées par l'UE, et elles peuvent être mises en œuvre sans introduction d'ADN étranger, comme dans la production de plantes transgéniques.

 

L'UE est confrontée à des défis uniques qui exigent que tous les outils soient pris en compte pour répondre aux besoins futurs en matière de sécurité alimentaire. Entraver les efforts des meilleurs scientifiques de l'UE par une politique arbitraire, émotionnelle et non fondée sur des preuves est une parodie, et affectera la durabilité de l'UE et le choix des semences dans un avenir proche.

 

Il est essentiel de permettre aux scientifiques européens d'accéder aux mêmes outils d'amélioration génétique des cultures que ceux dont disposent les autres pays.

 

Je serai très heureux de répondre à vos questions.

 

Kevin M. Folta Ph.D.

Professeur

Université de Floride

 

 

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